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Hegel : L’histoire peut-elle libérer l’homme ?

Hegel : L’histoire peut-elle libérer l’homme ?

La Raison dans l'Histoire (1822), trad. K. Papaïoannou, « 10/18 », © Éditions Plon, 1965.

Lorsque nous considérons ce spectacle des passions et les conséquences de leur déchaînement, lorsque nous voyons la déraison s'associer non seulement aux passions, mais aussi et surtout aux bonnes intentions et aux fins légitimes, lorsque l'histoire nous met devant les yeux le mal, l'iniquité, la ruine des empires les plus florissants qu'ait produits le génie humain, lorsque nous entendons avec pitié les lamentations sans nom des individus, nous ne pouvons qu'être remplis de tristesse à la pensée de la caducité en général. Et étant donné que ces ruines ne sont pas seulement l'œuvre de la nature, mais encore de la volonté humaine, le spectacle de l'histoire risque à la fin de provoquer une affliction morale et une révolte de l'esprit du bien, si tant est qu'un tel esprit existe en nous. On peut transformer ce bilan en un tableau des plus terrifiants, sans aucune exagération oratoire, rien qu'en relatant avec exactitude les malheurs infligés à la vertu, l'innocence, aux peuples et aux États et à leurs plus beaux échantillons. On en arrive à une douleur profonde, inconsolable que rien ne saurait apaiser. Pour la rendre supportable ou pour nous arracher à son emprise, nous nous disons : il en a été ainsi ; c'est le destin ; on n'y peut rien changer ; et fuyant la tristesse de cette douloureuse réflexion, nous nous retirons dans nos affaires, nos buts et nos intérêts présents, bref, dans l'égoïsme qui, sur la rive tranquille, jouit en sûreté du spectacle lointain de la masse confuse des ruines.

Avez-vous compris l’essentiel ?

1 Les malheurs dont l’histoire est remplie sont-ils le fait de la fatalité ? 2 Au cours de l’histoire, que deviennent les valeurs morales : l'amour, le bien, la justice ou autre ? 3 Pouvons-nous agir pour changer le cours de l'histoire ?

1 - Non, il ne s’agit nullement d’une fatalité, ni d'une nécessité naturelle ; c'est l’action des hommes qui en est responsable. 2 - Elles sont perpétuellement transgressées, bafouées, ce qui suscite l’indignation. 3-Sans doute, puisque ce sont bien les hommes qui agissent dans l’histoire. Cependant, la réaction la plus courante consiste à se désintéresser de ces questions en se repliant sur une pratique purement privée.

 

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