HEGEL: l'histoire comme réalisation de la liberté de l'esprit
— L'histoire commence avec la formation des États
Pour Hegel, le temps qui s'est écoulé avant l'apparition de l'histoire écrite fut « sans histoire objective » parce qu'il n'a laissé « aucune histoire subjective », aucun récit historique. Autrement dit, il n'y a pas d'histoire à proprement parler sans récit historique. Mais il ne peut pas non plus y avoir de récit historique sans des actes et des événements historiques. Or un peuple « qui ne forme pas un État » n'a pour ainsi dire pas d'histoire. Ainsi, par exemple, les « souvenirs de famille », les « traditions patriarcales » des communautés primitives présentent sans doute « un intérêt à l'intérieur de la famille, de la tribu », mais ils ne sont pas « objet de mémoire » et ne peuvent pas en conséquence être susceptibles d'une narration historique. Pour Hegel, seule une communauté « qui se consolide et s'élève à l'État » requiert « au lieu d'ordres subjectifs, suffisants pour les besoins du moment, des commandements, des lois, des déterminations générales et universellement valables » qui produisent à leur tour « une conscience capable de les saisir clairement » et de les conserver durablement. L'État est donc l'universel qui produit l'histoire à la fois comme récit et comme ensemble d'événements.
— La rationalité cachée de l'histoire
Pour Hegel, l'histoire est en apparence chaos. Elle offre le spectacle affligeant du déchaînement des passions, de la déraison. Mais derrière « l'apparence bariolée des événements » se dévoile une finalité rationnelle : l'histoire est la marche graduelle par laquelle l'Esprit parvient à sa vérité et prend conscience de soi. De ce fait, les acteurs de l'histoire ne sont pas des « personnes singulières, réduites à leurs individualités particulières », mais les différents peuples historiques avec leur esprit, leur constitution, leur art, leur religion, leur science. De plus, ces peuples ne maîtrisent pas le sens de ce qu'ils font. Ils ne sont que « les moyens et les instruments d'une chose plus élevée, plus vaste qu'ils ignorent et accomplissent inconsciemment ».
[…] à une certaine nécessité interne, elle n’est cependant pas inéluctable. Contrairement à Hegel pour lequel l’histoire s’explique sans l’homme réel, en tant que mouvement […]
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