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HAMANN Johann Georg. Philosophe allemand

HAMANN Johann Georg. Philosophe allemand. Né à Königsberg (Prusse Orientale) le 27 août 1730, mort à Munster (Westphalie) le 21 juin 1785. Issu d'une famille de bourgeoisie assez aisée, il reçut une sévère éducation piétiste, puis, à partir de 1746, commença à l'université de sa ville natale des études de philosophie, de théologie, de droit et de langues vivantes. D'un tempérament fantasque, au bord du déséquilibre nerveux, il mena ensuite pendant plusieurs années une vie dissipée, errant d'un endroit à un autre, incapable de se maintenir longtemps dans les postes de précepteur qu'il sollicitait. En 1756, les Berens, des négociants de Riga qui le protégeaient, le chargèrent d'une mission commerciale à travers l'Europe. Hamann visita Berlin (où il se lia avec Moses Mendels-sohn), Hambourg, Lübeck et, à travers l'Allemagne de l'Ouest et la Hollande, il gagna Londres où il arriva le 18 avril 1757. Il y échoua complètement dans ses affaires de négoce, connut la misère, se remit à étudier la Bible et le 31 mars 1758, en lisant un chapitre du livre de Moïse, eut une sorte d'extase mystique qui le ramena au piétisme de son enfance et lui révéla sa vocation de réformateur religieux — avec laquelle il continua cependant de prendre d'assez grandes libertés morales. De retour à Riga, il séjourna pendant quelques mois dans la famille Berens en qualité de précepteur, puis son père le rappela à Königsberg. Il y suivit des cours de littérature ancienne et orientale mais ne se souciait toujours pas de trouver une situation fixe, en dépit des exhortations de Kant, auxquelles il répliquait en se justifiant au nom d'un vague anarchisme évangélique. Il avait d'ailleurs conclu un « mariage de conscience » avec une servante de son père qui lui donna deux fils. S'étant enfin résigné à prendre un emploi, il fut successivement copiste chez un magistrat de la ville, greffier à la Chambre des Domaines, rédacteur à la Königsberger Zeitung, précepteur à Mitau, enfin, à partir de 1777, et grâce à une recommandation de Kant, greffier et traducteur dans l'administration des Douanes. Dix ans plus tard, il était mis à la retraite d'office après avoir vainement demandé un congé pour entreprendre un voyage à travers l'Allemagne; il se rendit alors en Westphalie où il résida tantôt à Pempelfort, chez son ami Jacobi, tantôt chez la princesse Galizine, à Munster; c'est dans cette ville que la mort le surprit au moment où, malade, il s'apprêtait à retourner dans sa province natale. Il est difficile de se rendre compte de l'influence de Hamann qui fut très grande sur Herder et, par celui-ci, sur Goethe, Hegel et tout le romantisme allemand, en lisant les quelques écrits aux titres fantasques qu'il a laissés : Aesthitica in Nuce. Une rhapsodie en prose cabalistique (1762); Les Croisades du philologue (1762); Métacritique des purismes de la raison pure (1784), etc. Cette influence fut en effet avant tout orale. ? « L'amour de Dieu était dans cet homme. Et, comme son amour, sa lumière. » Jacobi. ? « Hamann est mort — un de mes plus vieux amis. Il est mort, et je ne l'ai pas revu. O, je le connais autant qu'on peut connaître quelqu'un, et j'honore ses cendres comme celles d'un Prophète. » Herder. ? « Si le “travail du chrétien consiste à prier et à lire l'Ecriture”, il semble qu'il ait été indispensable à la nature de Hamann d'être dans son tort socialement et humainement, pour se sentir fortifié et justifié par le Seigneur, le seul et unique Père des hommes... Hamann prépare par ses faits et gestes l'arsenal kierkegaardien. » Pierre Klôssowski.

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