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HAANPÄÄ Pentti. Écrivain finlandais

HAANPÄÄ Pentti. Écrivain finlandais. Né et mort à Piippola (14 octobre 1905, 1er octobre 1955). Resté fidèle à sa région natale, l'Ostrobothnie, où se trouve la propriété familiale, cet autodidacte, un des représentants les plus fameux de la prose moderne finlandaise, fut tour à tour cheminot, bûcheron, flotteur de bois, non pas pour gagner sa vie, encore moins pour son plaisir, mais pour mieux connaître les gens qu'il s'employa à introduire dans ses livres avec la patience d'un entomologiste. Une renommee bien méritée ne se fit pas attendre, et il fut bientôt reconnu comme une des forces principales de la littérature finlandaise dans les années vingt et trente. Parallèlement, son dégoût de l'armée — né au cours d'un service militaire désastreux — qu'il exprima dans des nouvelles satiriques, voire venimeuses, de tout un côté clinquant et pontifiant de la vie publique d'alors et de ses représentants, ainsi que son intérêt exclusif pour les petites gens de la campagne — les oubliés de la société — contribuèrent à la formation d'une certaine image de marque, injustifiable dans le cas d'un écrivain aussi totalement apolitique, comme peuvent en témoigner ceux qui l'ont connu. La Guerre dans le désert blanc (1940) en dénonça l'horreur, mais rendit hommage à ceux qui ne pouvaient éviter d'y participer, de défendre leur terre, même s'ils n'en possédaient pas le moindre lopin, de « supporter le fardeau de la race finnoise ». Souvent, dans son village natal, on voyait le romancier contempler une inscription laconique qui figurait sur une pierre dressée à la mémoire de ceux qui avaient succombé durant les grandes famines d'autrefois. C'est alors, dit- on, qu'il décida d'écrire Farine (1946), une description noire des « chevaliers de la terre de la faim », déformés — au propre et au figuré — par une âpre lutte pour le pain quotidien. Description noire, quoique humanisée par un humour bien particulier, cher à Haanpää, qui a légué à la littérature finnoise toute une galerie de portraits d'hommes et de femmes du peuple, portraits où dominent, pour ainsi dire, le gris et un marron assez indéfinissables, mais aussi le vert des forêts profondes, le blanc de l'hiver, « lorsqu'une tempête de neige secoua ses ailes et que le froid fit craquer Tes angles de la bâtisse » mais qu'éclaire aussi — pour-quoi pas ? — la lumière d'un sourire. Le style de Haanpââ a été fort bien défini par son traducteur français, Aurélien Sauvageot, qui a dit ceci : « ... P.H. écrit une langue rude, aux accents qui évoquent, dans le timbre saccadé de leurs syllabes ostrobothniennes, le mugissement des forêts et la senteur des grands pins. (...) Nous n'avons pu nous résoudre à enjoliver ce style et nous l'avons laissé tel qu'il est : heurté, inégal, tantôt léger d'images fraîches, neuves, tantôt lourd de pensées distordues, mais toujours vivant, direct, sincère, toujours lui-même, toujours l'expression authentique d'un authentique fils de la terre finlandaise. » En 1954, Pentti Haanpââ, écrivain quasi sédentaire qui n'avait jamais voyagé en dehors des frontières de son pays, fit une tournée en Chine populaire où il eut l'occasion de serrer la main du président Mao Tsé-Toung, en qui il admirait, en tant que vétéran de la dernière guerre, l'artisan de la Longue Marche.

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