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GYGÈS

GYGÈS. Cet ancêtre mythique de la famille royale de Lydie, en Asie Mineure, était à l’origine un simple berger au service du roi de l’époque. Platon raconte comment, après un tremblement de terre, il découvrit une crevasse dans le sol, et y pénétra. Il arriva ainsi à une caverne qui contenait un cheval de bronze creux, dans lequel gisait un corps d’une taille supérieure à celle d’un homme. Gygès retira un anneau du doigt de ce corps et retourna à la surface, parmi les autres bergers. Alors qu’il était assis en leur compagnie, il découvrit qu’en tournant vers l’intérieur le chaton de la bague, il devenait invisible. Il se rendit à la cour, où, en utilisant son pouvoir, il séduisit la reine et tua le roi, tout en restant invisible; ainsi, il devint roi. Ce Gygès n’est pas le même que le célèbre roi Gygès, héros historique (bien qu’en partie légendaire), qui régna sur la Lydie de 685 à 657 av. J.-C., mais son prédécesseur éloigné. L’histoire des deux hommes, cependant, contient beaucoup de similitudes, comme le prouve la version d’Hérodote.
Gygès ; roi de Lydie [v. 680-652 av. J.-C.].
Les Lydiens qui avaient vécu dans l’orbite de la Phrygie sous une dynastie - les Héraclites - qui remontait au début du XIIIe siècle recueillent l’héritage du royaume phrygien en Asie Mineure occidentale. Cet Etat féodal, devenu florissant par son commerce (« l’invention » de la monnaie en or frappée apparaît au VIIe siècle en Lydie) et ses richesses naturelles, a pour centre la ville de Sardes dans la vallée du Pactole, un affluent de l’Hermos. C’est ici que G., de la dynastie des Mermnades, semble avoir usurpé le trône vers 680 avant J.-C., après en avoir chassé le dernier roi des Héraclites, peut-être même avec la complicité de son épouse, et après s’être assuré la caution de l’oracle de Delphes par de somptueuses offrandes. G. cherche à ouvrir ce royaume vers la mer par la conquête de la Carie et de la Troade, et par des avancées jusqu’à la mer Egée, où il se heurte à la résistance victorieuse de colonies grecques, telles que Smyrne et Milet, pendant qu’il entretient de bons rapports avec les Grecs d’Europe. Les Cimmériens, tribu de cavaliers partie de la Russie méridionale sous la poussée probable des Scythes, franchissent le Caucase, déferlent en Anatolie et lancent au VIIe siècle de nombreuses attaques contre les petits royaumes de l’Asie Mineure. G. appelle à sa rescousse le roi assyrien Assurbanipal, qui semble surpris de cette demande émanant d’un roi inconnu et reste sourd à cet appel. Mais à peine G. a-t-il vaincu les Cimmériens, qu’il se retourne contre Assurbanipal, avec le soutien de l’Égyptien Psammétique Ier, auquel il avait envoyé des mercenaires grecs. Au cours d’un nouvel assaut des Cimmériens, qui avaient formé une coalition avec le roi du Tabal, G. trouve, semble-t-il, la mort. Les annales d’Assurbanipal, seules sources contemporaines, livrent encore moins d’informations sur l’ascension et la chute de G. que les écrits d’Hérodote qui comportent toutefois (de même que Platon, République) des motifs légendaires (anneau magique). Le thème de G. fut exploité dans nombre d’opéras baroques, dans le drame de Hebbel L’Anneau de Gygès (1856), et dans le fragment de Hofmannsthal Le Roi Candaule (1903). Les fouilles entreprises au début de ce siècle par les Américains sur le site de la ville royale de Sardes, et poursuivies depuis, récemment, permettront peut-être de compléter nos connaissances restées très fragmentaires sur l’histoire de la Lydie.