GUNDULIC Ivan. Poète croate

GUNDULIC Ivan. Poète croate. Né et mort à Dubrovnik (8 janvier 1588-10 décembre 1638). Patricien de sa ville natale, il y occupa des fonctions publiques élevées. Dans sa jeunesse, il écrivit des poésies amoureuses et pieuses dont bien peu nous ont été conservées : L'Amoureux timide; Les Psaumes de pénitence du roi David [1621]. Sa première oeuvre importante, Les Larmes du fils prodigue [ 1622], est une présentation lyrique du motif biblique en trois « pleurs » (monologues) : la faute, la connaissance, le repentir. Ce poème baroque est pénétré de l'idée chrétienne du caractère éphémère de toutes les choses terrestre, de la conviction que les joies de la vie ne sont que mirage et de la nécessité de la concentration religieuse. Gundulic est également l'auteur d'une dizaine de pièces de théâtre dont nous ne connaissons que cinq : Arijadna, Prozerpina, Dijana, Armida et Dubravska. Pour les quatre premières, il se servit d'épisodes empruntés a la littérature classique, à l'Arioste et au Tasse. La plus grande valeur revient à Dubravska (1628), drame pastoral entièrement original où le poète glorifie la beauté de sa ville et la liberté et condamne l'oppression vénitienne en Dalmatie. Son oeuvre principale, inachevée, fut Osman, écrit vers la fin de sa vie, imprimé pour la première fois en 1626. Cette vaste fresque épique, rappelant de loin la Jérusalem délivrée , dépeint les rapports entre le christianisme et l'Islam, le combat victorieux des Polonais contre les Turcs (1621), le début de déclin de l'omnipotence ottomane sous les coups d'une puissance slave. Osman est né d'un sentiment de fierté et de révolte, chrétien et slave, contre la domination musulmane dans les Balkans. La Serbie médiévale et la poésie populaire y sont évoquées comme témoignage de la grandeur du slavisme. Gundulic est le plus grand poète de la renaissance dalmate de la littérature croate. Son talent lyrique et épique dispose, dans ses trois oeuvres les plus importantes, d'un style harmonieux et toujours approprié au sujet; il s'y distingue par une rare élévation de pensées inspirées par sa foi chrétienne, par son amour pour sa ville, par son enthousiasme libertaire et humanitaire et par son espoir dans la résurrection des peuples slaves.