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GUIZOT François Pierre Guillaume

GUIZOT François Pierre Guillaume. Homme d'Etat et historien français. Né à Nîmes le 4 octobre 1787, mort à Val-Richer (Calvados) le 12 octobre 1874. Issu d'une famille protestante, ayant perdu son père (exécuté pendant la Terreur), il fut emmené par sa mère à Genève, où il fit de solides études. Il rentra à Paris sous le Consulat, se trouva obligé d'écrire pour vivre, commença de fréquenter quelques salons et de publier des essais strictement littéraires. Ce fut Fontanes, en 1812, qui décida de sa vocation en lui offrant la chaire d'Histoire de la Sorbonne. Guizot commença de jouer un rôle politique avec la première Restauration, se rendit à Gand pendant les Cent-Jours, rentra à Paris en même temps que le roi, occupa quelques mois le poste de secrétaire général du ministère de la Justice, et fut nommé au Conseil d'Etat en 1818. A cette époque, avec son ami Royer-Collard, il est l'animateur du groupe des « doctrinaires », partisans d'une monarchie constitutionnelle; mais la réaction ultra-royaliste consécutive à l'assassinat du duc de Berry va le chasser de la politique. Le 12 octobre 1822, son cours sur l'Histoire du gouvernement représentatif est interdit; dès lors il ne s'occupe plus que de travaux historiques — Essais sur l'histoire de France (1823), et Histoire de la Révolution d'Angleterre (1826-27), ou littéraires — études sur Shakespeare, sur Calvin, et traduction des oeuvres de Shakespeare. Enfin, à partir de 1823, commence à paraître sous sa direction la Collection des Mémoires relatifs à l'Histoire de France depuis la fondation de la monarchie française jusqu'au XIIIe siècle. La politique libérale du ministère Martignac lui permet, en 1827, de reprendre triomphalement son cours à la Sorbonne, dont il tirera son Histoire de la civilisation en Europe et son Histoire de la civilisation en France . Élu député de l'opposition en janvier 1830, et ayant pris une part active à la chute de Charles X, Guizot, sous la Monarchie de Juillet, sera nommé ministre de l'intérieur, puis de l'instruction publique (1832). Mais en 1837, à la suite d'une rivalité avec le président du Conseil Molé, il rentre dans l'opposition et forme avec Thiers, chef du centre gauche, « l'immorale et funeste coalition », qui déchaîne contre lui la colère des conservateurs. Après la chute de Thiers, Guizot va cependant rallier définitivement la droite : jouissant de l'entière confiance de Louis-Philippe, il dirige la politique française à partir du 29 octobre 1840. Epoque assez prospère, marquée par la loi des chemins de fer de 1842, l'extension et la consolidation des conquêtes algériennes, la rentrée de la France dans le concert européen, avec l'adhésion à la Convention des Détroits le 13 juillet 1841. Mais Guizot eut le tort de se contenter de l'appui de la majorité conservatrice d'un Parlement qui ne représentait que 200 000 Français, les « capacités ». Devant son refus de prendre en considération toute réforme électorale, le mécontentement grandit; l'interdiction d'un banquet « réformiste », au début de l'année 1848, déclencha l'émeute, mais Guizot ne se résigna à abandonner le pouvoir qu'au dernier moment, le 23 février, alors que l'appel de Thiers au ministère ne pouvait plus sauver la monarchie. Sa carrière politique avait ralenti ses travaux intellectuels; en 1837 avait cependant paru une étude sur Monck, et en 1839 une vie de Washington. En 1849, Guizot publiait encore De la démocratie en France , mais le coup d'Etat de Napoléon III allait le décider à abandonner la politique. Il avait été l'un des plus grands professeurs d'Histoire du XIXe siècle. Esprit dogmatique et homme d'action, ce fut un protestant austère et hautain, aux manières raides, impérieuses; dédaigneux de séduire, partisan d'« un libéralisme éclairé, surveillé ». ? Guizot possède un regard profond et pénétrant, comme je n'en ai rencontré chez aucun historien. Des choses auxquelles on ne songe pas, acquièrent à ses yeux une importance considérable en tant que sources d'événements d'une grande portée. » Goethe. ? « En littérature, M. Guizot a été aussi surfait qu'en politique.» J. Barbey d'Aurevilly. ? « M. Guizot oublie que le talent le plus efficace est la sympathie, que les grands événements ne sont pas les actions extérieures de l'homme. » Hippolyte Taine. ? « Homme politique, Guizot n'a pas séparé l'histoire du passé qu'on expose, et l'histoire à vivre, à faire, à continuer. Il a demandé à l'histoire des instructions pour le présent. Comme il y avait la Doctrine du trône et de l'autel, il y eut pour lui la doctrine de la chaire et du pouvoir. » Albert Thibaudet. ? « Il fut un historien de premier ordre, un orateur puissant, un moraliste éloquent, un théologien rigide et un peu étroit, enfin un politique bien intentionné, mais peu clairvoyant, en retard sur son siècle et souvent égaré par une imperturbable foi en sa propre infaillibilité. » A Debidour.




GUIZOT, François Pierre Guillaume

(Nîmes, 1787-Val-Richer, 1874). Homme politique et historien français. Conservateur, très lié aux milieux industriels et bancaires, il fut la personnalité politique la plus marquante de la monarchie de Juillet. Né d'un père protestant favorable à la Révolution, mais guillotiné sous la Terreur comme fédéraliste, Guizot émigra avec sa famille à Genève, où il reçut une éducation calviniste très austère. Venu à Paris en 1805, remarqué pour ses premiers travaux d'érudition, il fut nommé en 1812 professeur d'histoire moderne à la Sorbonne. Favorable en 1814 au régime monarchique établi selon la Charte, il se lia d'amitié avec Royer-Collard avec qui il fonda le parti des Doctrinaires, hostile à la fois aux ultras royalistes et aux libéraux. Chargé d'importantes fonctions aux ministères de l'intérieur et de la Justice, Guizot fut écarté du pouvoir après la chute du cabinet libéral de Decazes. Interdit d'enseignement (1822-1828) pour son hostilité au cabinet Polignac, il écrivit durant cette période la plupart de ses grandes oeuvres historiques (Histoire de la Révolution d'Angleterre, Histoire de la civilisation en Europe, Histoire de la civilisation en France, Histoire des origines du gouvernement représentatif). Collaborateur au journal Le Globe, Guizot fut élu député de Lisieux en 1830. Il fut l'un des chefs de l'opposition au gouvernement Polignac, puis s'opposa vigoureusement aux Ordonnances de Saint-Cloud qui entraînèrent la révolution de 1830 et la chute de Charles X. Ministre de l'intérieur dans le premier gouvernement de Louis-Philippe Ier, Guizot, rallié aux conservateurs, s'affirma comme le chef de file du parti de la résistance favorable à une monarchie bourgeoise et hostile à toute évolution démocratique du régime. Ministre de l'instruction publique dans différents gouvernements de 1832 à 1837, il fonda l'enseignement primaire d'État par la loi de 1833 (loi Guizot), créa l'Académie des sciences morales et politiques, créa la Société de l'histoire de France et le Service des monuments historiques. Ambassadeur à Londres ( 1840), Guizot fut rappelé à Paris par Louis-Philippe qui le nomma ministre des Affaires étrangères et chef de gouvernement (1840-1847). Guizot fut, durant cette période, le véritable chef du gouvernement, travaillant en plein accord avec Louis-Philippe. À l'extérieur, sa politique resta résolument pacifique, s'efforçant de réaliser l'entente cordiale avec l'Angleterre, sans grand succès. En politique intérieure, Guizot poursuivit une politique fermement conservatrice. Son « Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne » s'adressait à la bourgeoisie d'affaires à laquelle il réserva avec obstination le pouvoir, s'opposant à toute réforme électorale (abaissement du cens) revendiquée par l'opposition. Son immobilisme politique et social face à la dégradation de la condition ouvrière et à l'essor du mouvement libéral entraîna la révolution de Février 1848. Exilé en Belgique puis en Angleterre, Guizot revint en France en 1849, mais sans participer à la vie politique, se consacrant à ses travaux parmi lesquels ses Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps (1836). Voir Thiers (Adolphe).

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