GUIZOT (FRANÇOIS)
GUIZOT (FRANÇOIS)
Homme d’État et historien français, né à Nîmes en 1787. Il occupa, en 1805, une chaire à la Sorbonne. Avec Royer-Collard, il créa le parti des doctrinaires, hostile aux ultras. Secrétaire du ministre de l’intérieur en 1814, il occupa après les Cent-Jours les postes de secrétaire général et de maître des requêtes au ministère de la Justice de 1816 à 1820. Il écrivit alors un certain nombre d’ouvrages historiques. Député de Lisieux en 1830, il protesta contre les ordonnances de Saint-Cloud, qui provoquèrent l’insurrection des 27, 28 et 29 juillet et le départ de Charles X. Ministre de l’intérieur, puis ministre de l’instruction publique sous Louis-Philippe, il s’engagea dans une politique délibérément conservatrice et fit voter une loi pour la liberté de l’enseignement (loi Guizot du 28 juin 1833). Entré au ministère Soult (1840), il y reçut le portefeuille des Affaires étrangères qu’il garda jusqu’en 1848. A cette époque, interdisant la campagne des Banquets favorable à une réforme électorale et parlementaire, il précipita les événements qui renversèrent la monarchie de Juillet. Dès lors, il cessa de jouer un rôle politique et mourut à Val-Richer (Calvados) en 1874. On lui doit des Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps (1858-1867). (Académie française.)
Homme politique et historien français. Fils d'un avocat protestant qui, bien que favorable à la Révolution, fut guillotiné en 1794 comme fédéraliste, il fut emmené par sa mère à Genève, où il reçut une éducation calviniste. Venu à Paris en 1805, il se fit remarquer par ses premiers travaux d'érudition, fréquenta les salons de l'opposition à l'Empire, mais, grâce à des protections, fut nommé en 1812 professeur d'histoire moderne à la Sorbonne. En 1814, il accueillit avec sympathie la monarchie selon la Charte, devint secrétaire général du ministère de l'Intérieur et suivit Louis XVIII à Gand durant les Cent-Jours. Sous la seconde Restauration, il retrouva de hautes charges aux ministères de l'Intérieur et de la Justice, mais la chute du ministère Decazes (févr. 1820) et l'arrivée au pouvoir des ultra-royalistes le renvoyèrent à son cours de la Sorbonne. Guizot s'était affirmé comme le principal maître à penser des doctrinaires. Monarchiste constitutionnel, il voulait concilier les libertés conquises par la Révolution avec le respect de l'ordre et de la tradition française. Le libéralisme de Guizot était en fait une doctrine de classe : il réservait la participation au pouvoir à la bourgeoisie riche et éclairée. Son cours de Sorbonne ayant été suspendu (1822) à la suite de ses attaques contre le ministère Villèle, Guizot consacra ses loisirs forcés à de grands travaux historiques. Élu député de Lisieux en janv. 1830, il fut l'un des organisateurs de l'opposition au ministère Polignac, vota l'adresse des 221 et prit position contre les ordonnances de juill. 1830. Il travailla à l'avènement de Louis-Philippe, sous lequel il espérait voir s'établir le gouvernement de la bourgeoisie. Ministre de l'Intérieur (1830), il fut ensuite ministre de l'Instruction publique presque sans interruption de 1832 à 1837. Il accomplit dans ce poste une œuvre importante, fonda l'enseignement primaire public par la loi de 1833. La loi Guizot (28 juin 1833) disposait que chaque commune devait avoir au moins une école publique élémentaire et, si elle dépassait 6 000 habitants, une école primaire supérieure. Une école normale primaire par département devait assurer la formation des instituteurs. La loi n'établissait ni l'obligation ni la gratuité, mais les conseils municipaux devaient désigner les enfants indigents, qui seraient admis gratuitement. Cette loi marque la création de l'enseignement primaire public ; dès 1848, les écoles primaires accueillaient plus de 43 000 élèves et 64 % des conscrits savaient lire. Guizot créa une commission des Travaux historiques et scientifiques, inaugura la protection des monuments historiques, fonda la Société de l'histoire de France et restaura l'Académie des sciences morales et politiques. Ambassadeur à Londres (1840), Guizot fut rappelé à Paris par Louis-Philippe en oct. 1840 et se vit confier le portefeuille des Affaires étrangères. La politique aventureuse de Thiers venait de mettre la France au bord d'une guerre avec l'Angleterre à propos de la question d'Orient. Guizot maintint la paix : la signature par la France le 13 juill. 1841 de la convention de Londres sur les Détroits (v.) amorça un rapprochement avec l'Angleterre et même l'ébauche d'une première « entente cordiale ». Mais cette politique se heurtait à l'anglophobie de l'opinion publique française et à de nombreuses divergences d'intérêts. Le retour au pouvoir de Palmerston, qui détestait la France, empêcha Guizot de réaliser une véritable alliance franco-britannique. Chef effectif du gouvernement de 1840 à 1848, d'abord sous la présidence nominale du maréchal Soult, puis avec le titre de président du Conseil à partir de nov. 1847, Guizot suivit une ligne fermement conservatrice. Il voulait maintenir un « juste milieu » entre la réaction légitimiste et les républicains. La prospérité apportée par l'essor de l'industrie et des affaires (loi sur les chemins de fer de 1842, développement rapide du crédit) s'accompagna d'une aggravation de la misère ouvrière. Les salaires baissèrent entre 1840 et 1848, et c'est à la seule bourgeoisie que s'adressait Guizot en disant : « Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne. » L'opposition prit pour thème la réforme électorale, car Guizot se refusait énergiquement à abaisser le cens, fixé à 200 francs, ce qui limitait le « pays légal » à 240 000 électeurs seulement. Les élections de 1842 et 1846 avaient confirmé la majorité conservatrice. Guizot fit front à la campagne des banquets réformistes (1847/48) avec une obstination qui finit par entraîner l'effondrement de la monarchie de Juillet : quand il se résigna à démissionner (23 févr. 1848), il était trop tard. Réfugié en Belgique puis en Angleterre, il rentra en France en 1849, mais se tint à l'écart de la politique.
Guizot, François (Nîmes 1787-Val-Richer, Calvados, 1874) ; homme politique et historien français.
Issu de la bourgeoisie protestante, G. est un homme ascétique, orgueilleux et autoritaire, d’une grande érudition. Il est d’abord professeur d’histoire moderne à la Sorbonne avant d’être amené à la politique active par Royer-Collard. Durant les Cent-Jours, il suit Louis XVIII à Gand et devient l’un de ses conseillers les plus influents. Entre 1816 et 1820, il occupe de hautes charges aux ministères de l’intérieur et de la Justice, et se rallie au parti des « doctrinaires », groupe partisan du «juste milieu », qui défend l’esprit et la lettre de la Charte contre les attaques de la droite et de la gauche. Poussé de plus en plus du côté de l’opposition par la politique ultraroyaliste de Charles X, il est démis de ses fonctions, et voit même son cours à la Sorbonne suspendu. Ses articles dans Le Globe, son activité comme président de la société libérale « Aide-toi, le ciel t’aidera », sa prise de position à la Chambre des députés contre les ordonnances de Juillet, contribuent puissamment à faire éclater la révolution de 1830. Il aide ensuite la monarchie « bourgeoise » à s’établir. Considérant comme absolument parfait le nouveau régime qui repose sur la Charte « amendée », il devient alors en tant que chef du centre droit son partisan le plus résolu. Il est d’abord ministre de l’intérieur (1830-1831), puis ministre de l’instruction publique (1832-1837). Après la chute du cabinet Thiers, G., alors ambassadeur à Londres, devient ministre des Affaires étrangères (1840-1847), puis président du Conseil (1847-1848). Partisan désormais d’une ligne fermement conservatrice, il s’oppose avec obstination à toutes les demandes de réformes pourtant de plus en plus insistantes, aussi bien dans le domaine de la législation sociale qu’à propos du droit de vote. Il refuse la transformation du régime censitaire dans un sens démocratique avec l’argument selon lequel la hausse des revenus du peuple élève automatiquement le nombre des électeur ; c’est le sens de sa célèbre formule : « Enrichissez-vous ! » Il s’appuie en fait sur la riche bourgeoisie industrielle dont les élus lui fournissent à la Chambre une majorité croissante et docile. Les lois sur les concessions des mines (1838) et l’organisation des chemins de fer (1842) favorisent les intérêts de la classe possédante ; même sa tentative, de courte durée, de se rapprocher de l’Angleterre (1841-1844), est déterminée par les intérêts de cette classe. De même, l’effet de sa célèbre réforme de l’enseignement primaire de juin 1833, qui crée une école publique élémentaire dans chaque commune et une école normale primaire dans chaque département pour la formation des instituteurs, reste limité à la bourgeoisie dans la mesure où cette loi n’introduit ni l’école obligatoire ni la gratuité de l’enseignement. Confiant dans la stabilité de son système, qui semble confortée par les élections de 1842 et 1846, G. ne sent pas venir la crise. Les opposants dénoncent la corruption du régime et réclament des réformes. L’insurrection de février 1848 entraîne la chute de G., puis celle de la monarchie de Juillet. G. s’exile à Londres. Il revient en France dès 1849, mais ne parvient pas à se réinsérer dans la vie publique. Désormais simple observateur, retiré dans sa propriété normande, G. se consacre à ses travaux historiques. Il meurt en 1874. Bibliographie : P. Rosanvallon, Le Moment Guizot, 1985.
GUIZOT (Loi, 28 juin 1833). Loi qui institua en France l'enseignement primaire public. Elle fut suscitée par Guizot, ministre de l'instruction publique, convaincu que l'instruction - qui devait comporter un enseignement moral et religieux - détournerait les classes populaires des doctrines révolutionnaires. En fonction de cette loi, chaque commune devait avoir au moins une école publique élémentaire et, si celle-ci dépassait 6 000 habitants, une école primaire supérieure. La formation des maîtres était assurée par l'institution d'une école normale primaire par département. Si la loi n'établissait ni l'obligation ni la gratuité de l'enseignement, elle contribua aux progrès de l'éducation. Voir Ferry (Jules).