GUERRE
GUERRE Dans une société où Dieu a voulu qu’il y ait une classe de combattants (les nobles), la guerre est chose naturelle pourvu qu’elle soit juste. Telle est du moins la conviction qui prévaut au début de la période et, dans les faits, les guerres ne manquent pas. Car outre qu’elles font partie de l’ordre du monde, elles sont un bon moyen, pour ceux qui la font, de subvenir à leurs besoins : on s’empare de terres (et de leur revenus futurs), on pille et surtout, on rançonne. Car dans ces guerres privées que mènent les seigneurs, le but n’est pas tant de tuer l’ennemi que, surtout s’il est de qualité, de le capturer et d’exiger une forte rançon pour sa libération. Reste que beaucoup de ces guerres ne sont pas justes ; c’est ce qui conduira l’Église à tenter de canaliser les velléités guerrières des nobles vers les infidèles (croisades et reconquête) tout en s’efforçant de limiter les conflits entre chrétiens (voir Paix de Dieu). Une évolution dans la conception de la guerre interviendra à partir du xive siècle, quand elle ne sera plus une affaire privée mais d’État, financée par les sujets. Le temps ne sera plus à la bataille qui engageait des chevaliers selon des règles proches de celles du tournoi mais à l’attaque ou à la défense de larges territoires en recourant aux services de professionnels de la guerre. Dans un tel contexte, le siège demeure un élément essentiel de la stratégie. Dur et onéreux à soutenir, il coûte cher à l’assaillant et, le plus souvent, sa durée en détermine le succès : passé un certain délai, il devient plus raisonnable de le lever.
GUERRE
Épreuve de force organisée sous forme de lutte armée entre des États ou entre des factions.
♦ Les causes de la guerre paraissent dues aux passions humaines (Platon, Alain) : inscrite au cœur de l’homme, la guerre procède, nous dit Hésiode, d’une de ces deux luttes - l’autre éveillant au travail - qui incitent l’homme à agir. Mais, elle s’inscrit aussi dans les préoccupations de l’homme d’État et comme telle, on la considère parfois comme la « poursuite de la politique par d’autres moyens » (Clausewitz).
♦ Jusqu’au XIXe siècle on a pu apporter des justifications à la guerre avec, par exemple, la notion de « guerre juste » des théologiens du Moyen Age (notion toutefois réactivée par certains théoriciens contemporains de la révolution populaire ou des « guerres de libération ») ; en outre, on a même soutenu la nécessité biologique de la guerre, instrument du progrès de l’humanité (Hegel). Mais depuis l’époque de la Révolution et de l’Empire, la guerre a cessé d’être une « guerre en dentelles » au service - avec de faibles effectifs - d’objectifs plus dynastiques que nationaux. Devenue idéologique et nationale (la « nation en armes »), et profitant, plus que toute autre activité humaine, des progrès de la science et de l’industrie (Engels), elle se transforme au XXe siècle, au cours du dernier conflit mondial, en guerre totale ou « guerre démographique » (entreprise hitlérienne), dont le but est la destruction massive des populations et des biens.
♦ Indépendamment de la condamnation dont la guerre est l’objet - en raison de sa barbarie - de la part de la conscience universelle, les propos de Kant, dans son Projet de paix perpétuelle, sur la nécessité de voir se généraliser la démocratie parmi les peuples pour conjurer les méfaits de la guerre, demeurent précieux pour la réflexion contemporaine.
guerre, lutte entre les peuples (guerre étrangère) ou entre partis (guerre civile). Les causes de la guerre seraient, d’après la théorie freudienne, d’origine individuelle : en chacun de nous il existerait une agressivité latente qui trouverait un débouché socialement acceptable dans la guerre. Mais cette théorie paraît insuffisante car la guerre, bien que largement répandue, n'est pas universelle : il existe des peuples qui n’ont jamais combattu (L. T. Hobhouse). D’autre part, chez ceux qui la pratiquent, on a pu l’expliquer par d’autres mobiles, tels que le jeu, la recherche du prestige (Indien des Plaines), les besoins religieux (s’approprier des victimes sacrificatoires) ou économiques (se procurer des esclaves, s’emparer des biens du voisin). Dans notre société, la guerre repose surtout sur des facteurs économiques. Lorsque ses conditions de vie sont mauvaises et que la propagande de ses dirigeants amène une nation à considérer un autre peuple comme la cause principale de ses frustrations, l’agressivité se polarise sur celui-ci, et les risques de conflit s’accroissent dangereusement. Cependant, ce ne sont jamais les peuples qui déclenchent la guerre, mais toujours les chefs d’État, qui la considèrent parfois comme nécessaire pour éviter de graves crises intérieures dans leur pays. De nos jours, les dangers d’une destruction totale sont tels que l'on assiste à une solidarité nouvelle entre les nations, décidées à tout mettre en œuvre pour empêcher une conflagration funeste.
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