GUÉRIN Charles Louis Joseph Augustin
GUÉRIN Charles Louis Joseph Augustin. Poète français. Né le 29 décembre 1873 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), mort dans cette même ville le 17 mars 1907. Il fit ses premières études au collège Saint-Pierre Fourier de Lunéville, puis au collège Saint-Sigisbert de Nancy. Une très large aisance lui permit de se consacrer entièrement à la poésie, aux études d'art, à des lectures très nombreuses et très diverses; il acquit ainsi de bonne heure une vaste érudition. Vers sa seizième année, il composa un recueil de sonnets intitulé Les Perce-Neige, qui devinrent ensuite Les Roses noires, pour prendre, en 1893 le titre définitif de Fleurs de Neige, oeuvre qui se ressent fortement de la lecture que fit l'auteur des poètes symbolistes et qu'il signa d'un pseudonyme ana-grammatique, Heirclas Rügen. Rodenbach à qui il emprunte une des épigraphes devait devenir le premier maître de Guérin et préfacer son volume plus compact L'Agonie du Soleil (Joies Grises) (1894), à la fin duquel Guérin adoptait nettement les théories de la poésie et de la prosodie nouvelles et se déclarait « décadent ». Cet ouvrage, plus curieux que vraiment original, fut suivi d'un ensemble plus important, Le Sang des crépuscules (1895) dédié en partie à Rodenbach, en partie à Mallarmé, qui, voyant en Guérin un poète d'avenir, lui avait donné un avant-dire de quelques lignes élogieuses. Un bon tiers de cette oeuvre est formé de poèmes déjà personnels, puissants et suaves, mais que Guérin ne jugea pas dignes d'une réimpression. Dès 1896 furent composées les premières pages du Coeur solitaire , qui classera Guérin parmi les plus importants poètes de sa génération. Ce fut au cours d'un voyage dans le Sud-Ouest, jusqu'à Biarritz (où il effectua de fréquents séjours et découvrit la mer, l'une de ses plus puissantes sources d'inspiration), que Guérin rendit visite à Francis Jammes, puis lui adressa, comme remerciement de son accueil à Orthez, l'admirable pièce : O Jammes, ta maison ressemble à ton visage, une des plus simplement émouvantes qu'ait jamais dictée l'amitié. De la fin de l'année suivante, au cours de laquelle il fit de nombreux séjours en Allemagne, en Italie, à Londres, date la grande élégie de L'Eros funèbre, qui, d'abord imprimé dans la revue L'Ermitage, puis en plaquette sous ce même titre, ouvrira Le Semeur de cendres. Ce second grand livre de Guérin, d'abord intitulé L'Inquiétude du siècle , parut en 1901 au Mercure de France, revue à laquelle Guérin collaborait depuis six ans. Son art y était devenu plus classique et plus ample, son inspiration avait mûri. 11 se peut que le poète ait trop écouté les conseils périlleux de l'excellent Hérédia, auquel il devait son entrée à la Revue des Deux Mondes et qui allait lui faire décerner, en première ligne et avant Anna de Noailles, un grand prix académique (1902). Toutefois le retour à une facture plus stricte ne paralysa nullement la sensibilité de ce jeune maître. Cependant l'inquiétude, qui était au fond de sa nature ardente, scrupuleuse, sincèrement consciente de la faiblesse humaine, conduisait ce perpétuel rêveur, intimement attaché néanmoins à ses traditions lorraines, de pays en pays, « de ville en ville » afin d'y « user son spleen » ; après de fréquents retours parmi les siens, qu'il adorait, il allait demander au soleil de Provence un réconfort dont avait besoin sa santé déjà déclinante. Barrés l'appelait « un grand poète de sa petite patrie », et lui promettait sa voix au scrutin suivant sous la Coupole. Une nouvelle édition, très augmentée et remaniée, du Coeur solitaire parut en 1904. Dans l'intervalle, Guérin préparait son troisième livre, L'Homme intérieur, qui vit le jour en 1905. Une sorte de durcissement, qui confine simultanément à l'ascèse et au stoïcisme, imprègne cette suite de poèmes austères, mais encore nourris de sève, de grave mélancolie, de doute et d'espoir alternés; la forme en est parfois trop châtiée, la pensée trop philosophique; mais on y trouve de lumineux paysages, de douloureuses confidences, et une maturité, une force que bien des poètes pouvaient envier à celui que ses contemporains plaçaient au premier rang, aux côtés d'Henri de Régnier et de Francis Jammes. Mais cet être entre tous discret, réservé, et qui ne confiait son drame qu'à la poésie qui le brûlait et demeurait pourtant sa seule raison de vivre, d'aimer et de croire, sentit bientôt ses forces décroître. Un séjour de plusieurs mois à Saint-Moritz, dans l'Engadine, coupé d'un voyage en Italie (où il alla s'incliner sur les tombes de Shelley et de Keats, ses frères spirituels), ne parvint pas à revigorer un organisme déjà cruellement atteint par la phtisie. Rentré brusquement à Lunéville, en février 1907, il y fut terrassé, le 17 mars, par une congestion cérébrale. ? « Je jette un regard en arrière et, embrassant la vie de Charles Guérin, je me dis qu'il n'y eut jamais un poète aussi douloureux que lui Pour que cette opinion soit intéressante, il faut la prendre au pied de la lettre. » Francis Jammes. ? « La nature et l'amour l'ont déçu; son art ne l'a pas consolé; son orgueil qui était grand, n'a pas comblé son coeur, ses velléités d'action sont restées vaines; il n'a pas su fonder le foyer qu'il souhaitait; incapable de supporter sa solitude et son angoisse, il'a tourné son regard vers l'infini et s'est réfugié en Dieu après l'avoir longtemps appelé et désiré. » A. de Bersaucourt. ? « L'amitié de Guérin était une chose rare et délicieuse; on y gagnait de la noblesse et de la douceur; lui, coeur inquiet, devait peut-être à ses amis quelques moments de repos. » Jean Viollis.
Liens utiles
- BOSIO, François Joseph (1768-1845)Sculpteur, il a pour maître Pajou et fait partie des artistes familiers de Napoléon Ier, de Louis XVIII qui le nomme " premier sculpteur du roi " et de Charles X : Hercule combattant Acheloüs, au jardin des Tuileries.
- MAUPEOU, René Nicolas Charles Augustin de (1714-1792)Chancelier de France, il entreprend avec l'appui de Louis XV et la coopération de l'abbé Terray et d'Aiguillon, une réforme de l'institution parlementaire, abolie à l'avènement de Louis XV.
- Charles Augustin Sainte-Beuve
- Bernhardt, Sarah Bonaparte, Louis Montijo, Eugénie de Morny, Charles Auguste de Rouher, Eugène
- Braille, Louis Naudin, Charles Victor