GRINGORE Pierre. Poète dramatique français
GRINGORE Pierre. Poète dramatique français. Né vers 1475, sans doute à Thury-Harcourt, Calvados ; mort en 1538, sans doute en Lorraine. Nous ne savons rien de sa jeunesse; après des études assez négligées, semble-t-il, il fait paraître en 1499 son premier livre, le Chasteau de Labour, long poème caractéristique de l'école des rhétoriqueurs, où l'on voit de froides allégories, Châtiment, Besoin, Disette, Souci, etc., venir donner des conseils domestiques à un jeune couple; oeuvre morale, par conséquent, à laquelle il faut joindre le Chasteau d'Amour (1500), une de ces satires contre les femmes comme le Moyen Age les a tant aimées, Les Folles entreprises (1505), Les Abus du monde (1506), Les Menus propos (1511). En novembre 1501, Gringore (et non Gringoire, comme le XIXe siècle l'a écrit à tort) dirige à Paris la représentation d'un mystère donné en l'honneur de l'archiduc Philippe d'Autriche : il fait en effet partie de la confrérie .théâtrale des « Enfants Sans Souci », où il occupe l'importante fonction de Mère Sotte, avant de devenir lui-même Prince des Sots, c'est-à-dire directeur de la confrérie, pendant une vingtaine d'années. Passionné de théâtre, organisateur de fêtes et de mystères, il finit par en écrire lui-même : c'est d'abord la Vie monseigneur sainct Loys roy de France, par personnaiges, puis, beaucoup plus originale, la Sotye nouvelle des chroniqueurs attribuée à Gringore, jouée à Paris en mai 1515, où les abus du règne de Louis XI sont railleusement pris à partie. L'oeuvre théâtrale la plus importante de Gringore reste cependant le Jeu du prince des Sots et de mère Sotte qui, représenté pour la première fois à Paris le mardi gras 1512, connut un immense succès jusqu'à la seconde moitié du XVIe siècle. Le pape Jules Il y faisait les frais des rires populaires : protégé de Louis XII, Gringore s'empresse en effet d'épouser les querelles du roi, qui lui donneront l'occasion d'écrire des pamphlets violemment injurieux, L'Entreprise de Venise... (1509), L'Obstination des Suisses (1510) et, contre Jules II encore, contre les richesses et les prétentions au pouvoir temporel de la Papauté, La Chasse du Cerf des Cerfs (jeu de mots avec le titre de « servus servorum » que se donnait le Souverain Pontife) et L'Espoir de la paix (1511). Mais François Ier paraît avoir été moins favorable au poète, et au théâtre en général, que son prédécesseur : aussi, après avoir cherché de nouveaux protecteurs chez les magistrats et dans l'épiscopat, Gringore se met au service du duc de Lorraine dont il devient héraut d'armes le 5 avril 1518, charge comportant l'anoblissement et le titre de Vaudémont. Il vit désormais à la cour de Nancy, se marie avec Catherine Roger, une demoiselle noble, fait encore quelques voyages à Paris et dans la vallée du Rhône, jouissant d'une fin de vie paisible, tournée, semble-t-il, vers la piété, ce qui entraînera Gringore à écrire un dernier pamphlet, contre Luther cette fois, Le Blason des hérétiques (1524). Zélé à servir la politique de son souverain, voyant avant tout dans ses dons poétiques un moyen d'obtenir, par la flatterie au besoin, la faveur des puis sants, toujours prudent dans ses audaces, soucieux de ses intérêts, scrupuleusement fidèle à sa devise : « Tout par raison, raison partout, partout raison », Gringore ne ressemble guère au personnage romantique et presque révolutionnaire qu'en ont fait Hugo dans Notre-Dame de Paris et Théodore de Banville dans Gringoire .
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