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GRIMM Frédéric Melchior, baron de

GRIMM Frédéric Melchior, baron de. Critique allemand d'expression française. Né à Ratisbonne (Bavière) le 26 décembre 1723, mort à Gotha le 19 décembre 1807. Appartenant à une famille sans fortune, il Fut néanmoins faire de bonnes études à université de Leipzig. Ayant su plaire, par la suite, au comte de Schomberg, il se vit confier par lui l'éducation de ses enfants et put bientôt l'accompagner à Paris. Grimm», qui joignait à un solide savoir beaucoup de manège et d'habileté, ne tarda pas à se pousser dans le monde. Rousseau étant de ces derniers, Grimm s'empressa de le soutenir. Afin de mieux prouver son dire, il lança même dans la mêlée un libelle intitulé Le Petit prophète de Boeh-mischbroda (1753). Cet opuscule obtint un succès prodigieux. Voltaire lui-même ne put s'empêcher de dire : « De quoi s'avise donc ce Bohémien d'avoir plus d'esprit que nous ? » Ce mot suffit pour fonder la réputation de l'auteur. Dès lors, Grimm se vit rechercher par tous les cercles de Paris. Après avoir été le secrétaire du comte de Friesen (neveu du maréchal de Saxe) et celui du duc d'orléans, il allait obtenir une autre sinécure beaucoup plus lucrative encore : en cette même année 1753, il fut chargé, en effet, par le fameux abbé Raynal, de rédiger en partie la correspondance littéraire qu'il adressait à des princes étrangers. Peu après, Grimm fut en mesure de la rédiger tout seul. On sait que ces souverains étaient le roi de Pologne, la princesse de Saxe-Gotha, la reine de Suède et l'impératrice Catherine de Russie. Fort des succès qu'il obtenait, Grimm put alors donner carrière à sa vanité. Présenté par Rousseau à Mme d'Êpinay sa bienfaitrice, il entra si bien dans l'intimité de cette dernière que Rousseau fut bientôt contraint de quitter l'ermitage même qu'elle lui avait fait construire à Montmorency (1757). On sait que l'affaire est évoquée dans les Confessions de Rousseau. Toute mesure faite à l'esprit de vengeance, il semble bien que Grimm ait joue là le rôle d'un mouchard, pour ne pas dire davantage. Enivré donc par ses succès, il ne se contenta pas de se brouiller avec Rousseau ; il oublia ou attaqua ses autres amis, ne conservant de bonnes relations qu'avec Diderot. En 1776, il fut nommé ministre de la ville de Francfort près de la cour de France et créé, peu après, baron du Saint-Empire. Obligé de quitter la France en 1790, il séjourna quelque temps à Bruxelles, puis se rendit à Pétersbourg. Là, il reçut de la grande Catherine les fonctions de ministre de Russie près le cercle de Basse-Saxe. Il y mourut à quatre-vingt-quatre ans. Diplomate d'occasion, faiseur et bon styliste, Grimm est surtout l'incarnation d'un certain, cosmopolitisme. Sa Correspondance nous offre un tableau fidèle de notre littérature depuis 1753 jusqu'à 1790 : soit un intervalle de près de quarante ans. ROLAND PURNAL. ? « Il est un homme à côté de moi, aussi supérieur à moi que j'ose me croire supérieur à d'Alem-bert, aux qualités que j'ai en réunissant une infinité d'autres qui me manquent, plus sage que moi, plus prudent que moi, ayant une expérience des hommes et du monde que je n'aurai jamais; obtenant sur moi cet empire que je prends quelquefois sur les autres. Ce que la plupart des hommes sont pour moi, des enfants, je le deviens pour lui. » Diderot, lettre à Falconet, juillet 1767. ? « Il est vrai que, du plus au moins, il était arrogant avec tout le monde... A son ton naturellement tranchant, il ajouta la suffisance d'un parvenu, et devint même ridicule, à force d'être impertinent. Le commerce des grands l'avait séduit au point de se donner à lui-même des avis qu'on ne voit qu'aux moins sensés d'entre eux. » Rousseau. ? « Peu d'hommes connaissent les hommes aussi bien que Grimm, et on en trouverait moins encore qui possèdent au même degré que lui le talent de vivre avec les grands et de s'en faire aimer, sans compromettre jamais ni la franchise ni l'indépendance de leur caractère. » Frédéric II de Prusse. Vers 1749 il fit la rencontre de J.-J. Rousseau. Dans le domaine musical, une vive querelle partageait alors Paris en deux camps irréductibles : les partisans de la musique française (« le coin du roi ») et ceux de la musique italienne (« le coin de la reine »).

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