GRIBOEDOV Alexandre Serguéevitch
GRIBOEDOV Alexandre Serguéevitch [Aleksandr Sergeevic Griboedov]. Auteur dramatique russe. Né le 15 janvier 1795 à Moscou, mort assassiné le 11 février 1829 à Téhéran (Perse). Il fut un des caractères les plus originaux de son époque. Il fit ses études de droit et de philosophie, et pendant ses deux années de service militaire s'initia au journalisme et au théâtre. Sa première comédie : Les Jeunes mariés date de 1815; ce ne fut d'ailleurs qu'une traduction de la pièce Le Secret du ménage. Elle fut suivie, en 1817, des Etudiants. Entré au ministère des Affaires étrangères, il séjourna, entre 1818 et 1825, en partie à Tiflis, en Géorgie, en partie en Russie. En Géorgie il se lia d'amitié avec le célèbre général Ermolov, commandant de la région caucasienne, et dont il fut quelque temps le secrétaire. En 1822-23 il composa sa comédie Le Malheur d'avoir trop d'esprit , la seule qui ait une réelle valeur artistique. La censure refusa l'autorisation de la mettre en scène, et la première représentation de cette comédie n'aura lieu que le 14 décembre 1829. La présence de l'auteur à Moscou et à Péters-bourg lui avait permis de faire circuler le manuscrit de cette comédie qui, en conquérant le public, inaugurera le répertoire moderne. Griboédov repartit à la fin de 1825 pour rejoindre Ermolov au Caucase. Il n'y resta pas longtemps; il fut rejoint par un courrier chargé de l'arrêter à la suite de l'insurrection du 14 décembre dans laquelle il semblait impliqué. En dépit des indices relevés contre lui, il fut rapidement libéré pour des raisons demeurées mystérieuses. Nommé à un poste supérieur, il repartit pour le Caucase, où il tomba en pleines hostilités contre la Perse. En tant que diplomate, il fut chargé de négocier la paix avec la Perse; elle fut signée le 10 février 1828 à Turkmencaj. Il fut aussitôt nommé ministre de Russie à Téhéran. En rejoignant son nouveau poste il s'arrêta à Tiflis pour épouser une jeune princesse géorgienne, Nina Tchavtchavadzé, puis il se rendit à Tabriz pour discuter quelques clauses du traité, importantes pour les Persans, car elles touchaient à des principes religieux; mais n'étant pas parvenu à un accord, il poursuivit sa route vers Téhéran. Mal vu des Persans, il tomba, à peine arrivé, victime d'une attaque soudaine de manifestants contre la légation russe. Ses cendres furent ramenées dans sa patrie avec de grands honneurs, et l'on raconte que Pouchkine, rencontrant le char funèbre sur un chemin montagneux, salua le grand diplomate et le grand poète qui, dans le héros qu'il avait créé, avait su tant mettre de lui-même. Le grand critique russe Bélinsky consacra au Malheur d'avoir trop d'esprit un livre entier, sous le même titre ; quant à Gerschenson, il décrivit la Moscou du début du XIXe siècle dans un livre, qu'il intitula La Moscougriboédovienne [ 1928]. ? «L'un des livres qui nous sont le plus chers. » Tchemyschevsky. ? « Eugène Onéguine de Pouchkine et le Malheur d'avoir trop d'esprit de Griboé dov ont été des fondations sur lesquelles fut élevée toute la littérature russe postérieure; c'est de cette école que sortirent tant Lermontov que Gogol. » Bélinsky.