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GRENIER Jean. Écrivain français

GRENIER Jean. Écrivain français. Né à Paris en 1898, mort à Dreux-Vernouillet (Eure-et-Loir) le 5 mars 1971. S'il naquit à Paris, il n'en est pas moins breton, attendu que ses parents l'etaient et qu'il fut élevé en Bretagne à partir de l'âge de deux ans. Il fit ses premières études à Saint-Brieux et c'est là qu'il se lia d'amitié avec Louis Guilloux. Il devait écrire, sous une forme légèrement romancée, ses « souvenirs d'enfance et de jeunesse » : ce sont Les Grèves (1957). Au bord des côtes bretonnes et d'une mer perpétuellement en mouvement, symbole pour lui de l'indétermination, il rêvait des pays méditerranéens où le soleil donne à toute chose des contours précis, symboles de l'exactitude. Étudiant en philosophie, il est reçu à l'École Normale Supérieure. Il obtient l'agrégation en 1922. Il enseigne d'abord au lycée Michelet, puis à Albi. Dès 1924, il obtient un poste en Italie, à l'institut français de Naples. Il utilisera les souvenirs de ce séjour dans un roman tardif Voir Naples qu'il laissera inachevé (posth. 1973). Parmi les visiteurs auxquels il eut la joie de faire admirer la ville et la région, figure Max Jacob. De l'Italie, Grenier passa sur le continent africain. C'est à Alger qu'il compta parmi ses élèves Albert Camus qui devait lui vouer toujours les plus vives admiration et reconnaissance. Grenier venait de publier Les Iles (1932), livre de poète plus que de philosophe, et où s'opposent le goût du monde et le dérisoire de l'existence. En 1939, Grenier rentre en France. Il y passera les années d'occupation. En 1945, toujours attiré par la Méditerranée, il demande à être envoyé en Égypte. Il enseignera à Alexandrie, puis au Caire. Il est nommé ensuite à la faculté des Lettres de Lille. Il terminera sa carrière universitaire à la Sorbonne où il occupera la chaire d'esthétique. Cependant, en dépit des titres dont il aurait pu s'enorgueillir et des postes qu'il occupa, il ne ressemblait en rien à un professeur, en ce sens qu'il ne cherchait nullement à faire partager ses certitudes, mais simplement à communiquer sa curiosité et à eveiller les esprits. Son hostilité à tout enrégimente-ment s'est manifestée dans son célèbre Essai sur l'esprit d'orthodoxie (1938). Plus tard, il exprima ses doutes sur les vertus de l'action dans des essais philosophiques comme Le Choix (1941) et dans les Entretiens sur le bon usage de la liberté (1948). Il reviendra sur ce sujet dans Absolu et choix (1961). Cette préoccupation de l'absolu ne l'empêchait nullement d'être attentif à tout ce qui concerne l'humain et la vie quotidienne. Il faut lire A propos de l'humain (1955), L'Existence malheureuse (1957), La Vie quotidienne (1968). Tous ces livres sont d'un sagace observateur et d'un poète qui cherche sa vérité dans les faits les plus humbles de son expérience personnelle : ils sont l'oeuvre d'un écrivain au style souple qui restera comme un de nos derniers classiques. Il était ami des chiens et des chats, dont il a merveilleusement parlé. Il connaissait mieux que quiconque les peintres d'hier et d'aujourd'hui, ainsi que le prouvent divers essais, tel L'Esprit de la peinture contemporaine (1951).

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