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GRÉGOIRE DE TOURS (Georgius Florentinus Gregorius)

GRÉGOIRE DE TOURS (Georgius Florentinus Gregorius). Historien français, écrivant en latin. Nous ne saurions que bien peu de choses de l'histoire des Mérovingiens, moins encore des moeurs et de la mentalité de leur époque, si nous ne possédions l'Histoire des Francs de Grégoire, évêque de Tours; et ce d'autant plus que Grégoire, en tant que chroniqueur, est un phénomène isolé; ses devanciers, Renatus Frigeridus et Sulpicius Alexander, dont il parle, sont pour nous des inconnus; les continuateurs de son oeuvre — Frédégaire par exemple - sont loin d'avoir son talent de narrateur et sa relative exactitude. En tant qu'homme d'Eglise, il semble, au contraire, constituer le type même du saint évêque, type beaucoup plus répandu qu'on ne le pourrait croire dans cette confuse barbarie, un de ces hommes forts de l'Eglise et de la Chrétienté qu'ils représentent, et capables de tenir tête, non sans danger, aux puissants de ce monde. Georgius Florentinus (il ne prit que plus tard le nom de Gregorius) est né le 20 novembre 538 à Clermont en Auvergne (Clermont-Ferrand). Issu par son père de la noblesse d'une bonne famille bourguignonne, il comptait plusieurs saints évêques parmi ses proches, saint Nizier, évêque de Lyon, saint Grégoire, évêque de Langres. Un de ses oncles, Gallus, était, pendant son enfance, évêque de Clermont; ce fut lui qui, avec la mère de Georgius Florentinus, pourvut à l'éducation du jeune garçon. A sa mort, le nouvel évêque, Avitus, lui succéda dans ce rôle de tuteur. Destiné dès l'enfance au sacerdoce, Georgius Florentinus fut ordonné diacre en 563 et alla se fixer auprès de son parent éloigné, Euphronus, alors évêque de Tours. En 573, après la mort de l'évêque, c'est lui qui monte à son tour sur le trône épiscopal dans la vénérable basilique de Saint-Martin qu'Euphronius avait fait rebâtir. Dès lors, le jeune évêque (il a trente-cinq ans) se fait le défenseur, tantôt souple, tantôt intransigeant, mais toujours décidé, des droits de l'Eglise. Sans doute est-ce en tremblant — et il ne nous le cache pas — qu'il résiste à Chilpéric rendu terrible par l'appétit de vengeance de Frédégonde, lorsque celui-ci exige qu'il lui livre son fils, Mérovée, réfugié près du tombeau de saint Martin, mais le droit d'asile est respecté, ou quand, seul au concile de Paris, il ose prendre la défense de l'évêque Prétextat et regroupe l'opposition des évêques contre les volontés du roi, mais le roi cède, malgré sa colère. C'est un rôle de conciliateur qu'il joue entre les rois qui se partagent la Gaule et envahissent mutuellement leurs États. Fort heureusement pour nous, Grégoire de Tours n'est pas entièrement absorbé par son activité politique et les nombreux voyages qu'il doit faire à la cour itinérante des souverains, non plus que par sa charge épiscopale dont il s'acquitte d'ailleurs fort bien, se faisant aimer de ses ouailles, comme des pèlerins et des réfugiés qui viennent chercher quelque réconfort auprès du patron de la Gaule, saint Martin. Bien qu'il se sache, et se dise lui-même, fort ignorant et médiocre latiniste, Grégoire de Tours a le respect du texte écrit et il écrit beaucoup, des traités d'exégèse, de dogmatique et de liturgie, sept Livres des miracles , un Traité sur les psaumes, les Offices de Sidoine Apollinaire (aujourd'hui perdus) mais surtout des oeuvres hagiographiques tellement en faveur de son temps : Vies des Pères de l'Eglise, De la gloire des martyrs, Sur les vertus des confesseurs, Sur les vertus de saint Julien , Sur les vertus de saint Martin, Les Miracles de saint André. Toutes ces oeuvres ont un intérêt certain, la plupart d'entre elles contiennent des renseignements historiques précieux. Les dernières années de sa vie, l'évêque de Tours les consacre à la rédaction de l'Histoire des Francs , appelée aussi Histoire ecclésiastique des Francs, qu'il semble avoir commencée vers 575-576 et achevée en 592, certains passages ont même pu être datés de l'année même de sa mort (594). Il est parfaitement conscient de l'importance de la tâche qu'il se propose et que lui seul pouvait mener à bien : « Les villes de la Gaule ont laissé l'étude des Lettres décliner, ou plutôt périr... On ne pouvait trouver personne qui, en grammairien versé dans la dialectique, fût capable de raconter les événements soit en prose, soit en vers. La plupart le déploraient et disaient : Malheur à notre temps, car l'étude des Lettres a péri parmi nous. » Et le latin même de Grégoire, moins doué que son contemporain Fortunat, est la preuve de la véracité de ses dires. Mais on lui pardonne son style pour l'Intérêt de sa relation à laquelle Augustin Thierry a emprunté le meilleur de ses Récits des temps mérovingiens .

? « Son esprit observateur, son goût de la narration l'ont fait surnommer l'Hérodote français. » J. Calmette. ? «Il n'a rien d'un artiste au sens moderne du terme. Il sait les lacunes de son instruction classique, et même il aurait honte d'écrire bien, puisque, dans les idées du temps, ce serait orner son style de dépouilles empruntées à la mythologie païenne, qui lui inspire crainte et dégoût. » F. Lot.

GRÉGOIRE DE TOURS, saint (v. 538-Tours, v. 594). Prélat et historien français. Noble d'une grande famille d'Auvergne, évêque de Tours (573), il défendit les droits de l'Église dans les querelles entre Francs et fut étroitement mêlé aux affaires politiques de son temps. Son plus célèbre ouvrage est une Histoire des Francs en 10 livres (Historia Francorum) qui en fait le père de l'histoire de France. Ce livre, poursuivi jusqu'en 591, constitue un précieux témoignage sur l'histoire et les moeurs des Mérovingiens.

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