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grave

Le style grave définit une des principales réalisations du grand style. Il s’agit d’une dénomination qui permet surtout d’insister sur quelques caractères généraux. D’une part, des faits d’élocution : choix de mots scrupuleusement purs, tendant au trait soutenu, arrangement de la phrase de même qualité, usage assez nourri, mais toujours digne, des figures, certaine propension aux effets d’ampification et d’emphase, signes divers de l’abondance. D’autre part, et corrélativement, une exigence de hauteur morale et intellectuelle dans le sujet traité, dans le ton du développement, dans l’argumentation et les pensées. Ce caractère est donc une qualité du style. D’une certaine manière, il est problématique, dans la mesure où on peut se demander si le style grave est bon en soi, au nom d’une axiologie absolue de la hiérarchie des niveaux de style : dans ce cas, il ne saurait avoir de contraire, ou d’opposé, acceptable, et ne pourrait qu’admettre une dégénérescence sous la forme du vice de l'enflure. Dans le cas contraire, le grave ne serait bon que par rapport à une convenance du discours à la situation, soit que ce style grave fût opportun à tout le propos, soit qu’il y eût prétexte, ou opportunité, à heureuse variété. De ce point de vue, l’opposé du grave, considéré comme une égale et diverse qualité, est évidemment l’enjouement. Il n’empêche qu’il a existé une tendance, comme atavique, à tout le moins irrésistible dans le devenir moderne de la rhétorique, à travers le Moyen Âge et à la Renaissance, à tirer le style grave vers l’état, ou le statut, d’un modèle idéal de qualité absolument supérieure. C’est ainsi que, virant vers l’effet de majesté, ce caractère a fini par se prendre comme quasi-équivalent de sublime, dans l’idée du style sublime.
=> Éloquence, oratoire; style, niveau, genre; partie, élocution, composition; figure, amplification, emphase; qualités, vices; abondance, soutenu, enjouement, variété, dignité, pureté, convenance, sublime, grand style; enflure.

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