GRATIEN de Chiusi. Jurisconsulte et canoniste italien
GRATIEN de Chiusi. Jurisconsulte et canoniste italien. Né à Chiusi (Toscane) à une date inconnue, mort à Bologne vers le milieu du XIIe siècle. Il rédigea un recueil des décisions des papes connu sous le nom de Décret de Gratien et dont le nom latin, Concordia discordantium canonum, indique bien le dessein de l'auteur qui était d'éliminer les contradictions nées de la confrontation des différentes collections canoniques. Bien que l'Eglise ne lui ait jamais reconnu de valeur officielle, le Décret, publié pour la première fois en 1151, fut complété par un nouveau code, dit Extra, rédigé par Raimond de Pennafort sur l'ordre de Grégoire IX, puis par un sixième livre, appelé Sexte, par Boniface VIII. Enfin, les Clémentines et les Extravagante s sont également conçues comme des additions au Décret de Gratien v. Corpus de Droit Canon .
Gratien (xiie siècle) ; canoniste.
Autant le Décret de G. est célèbre, autant son auteur reste pour nous peu connu. Bien entendu, ce ne sont pas les légendes qui manquent pour réparer cette fâcheuse lacune ; ainsi l’une d’elles fait-elle de G. le frère de Pierre Lombard et de Pierre le Mangeur. On le dit moine camaldule, et on veut qu’il soit mort évêque ; seuls quelques faits sont certains : il naît entre Orvieto et Chiusi, et il est maître en théologie au monastère des saints Félix et Nabor à Bologne. C’est dans cette ville qu’il rédige vers 1140 sa Concordia discordantium canonum. Cette compilation de collections canoniques ordonne les canons selon un plan thématique et G. donne son avis sur ces « canons discordants ». Le principe des compilations est caractéristique du XIIe siècle ; quant à la science canonique, elle s’érige alors en discipline scolaire propre, mais n’est qu’incomplètement distincte de la théologie, pour laquelle elle fournit des autorités. L’œuvre de G. est donc à la fois fondatrice et fondamentale ; elle marque l’essor de la papauté, qui apparaît comme la première et bientôt unique source de la législation canonique. Pourtant G., s’il assume la doctrine de la réforme grégorienne, reprend de vieilles conceptions ecclésiologiques qui tempèrent la primauté papale, placée après la notion d’Église. Si l’on émet par la suite quelques critiques contre un G. trop peu papaliste, il n’en demeure pas moins que le Décret est officiellement reconnu et forme la première partie du Corpus juris canonici et que c’est l’un des textes médiévaux les plus essentiels.