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GRANDE TERREUR STALINIENNE

GRANDE TERREUR STALINIENNE La « Grande Terreur » (1937-1938) constitue, de très loin, l’épisode le plus sanglant de la dictature stalinienne. En deux ans, plus d’un million et demi de personnes sont arrêtées par la police politique (le NKVD) et jugées au terme d’une procédure sommaire. Plus de 45 % d’entre elles (682 000) seront condamnées à mort et aussitôt fusillées ; les autres seront envoyées pour dix ans au Goulag. Longtemps centrées sur la « paranoïa » et la « soif de pouvoir » de Staline, sur les grands procès publics des « vieux-bolcheviks » - les « procès de Moscou » -, sur la répression des cadres communistes et de l’intelligentsia, en somme sur la « face publique » de la Terreur, les études consacrées au cataclysme des années 1937-1938 s’orientent désormais vers les mécanismes de la répression, la sociologie des groupes-victimes, la « face conspirative » de la Terreur. La Grande Terreur fut en effet, pour l’essentiel, le résultat de grandes opérations terroristes secrètes et centralisées mises au point, au plus haut niveau, par Staline et Nikolaï Iejov (1888-1940), le commissaire du peuple à l’Intérieur. Ces opérations prévoyaient, région par région, des quotas d’individus à fusiller et d’individus à interner en camp de travail. Elles étaient dirigées contre un ensemble hétérogène d’« ennemis », définis arbitrairement sur la base de critères géographico-ethniques (populations frontalières non russes), politiques (« ex-communistes », « ex-mencheviks ») ou pseudo-sociaux (« ex-koulaks », « ex-nobles », « ex-propriétaires fonciers »). Par bien des aspects, ces grandes opérations répressives s’inscrivaient dans la lignée des opérations de déportation inaugurées avec la dékoulakisation qui accompagna la collectivisation agraire forcée. Mesures extrêmes d’ingénierie sociale, elles n’eurent d’autre objectif que l’éradication de tous les éléments jugés « étrangers » à la « nouvelle société » en cours d’édification, considérés comme autant de recrues potentielles pour une mythique « cinquième colonne », dans un contexte de fortes tensions internationales, de sacralisation des frontières, de résurgence du nationalisme russe, de hantise de la guerre.

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