GRAMSCI Antonio. Homme politique et essayiste italien
GRAMSCI Antonio. Homme politique et essayiste italien. Né à Alès (Sardaigne) le 23 janvier 1891, mort à Rome le 27 avril 1937. Emigré à Turin, il fait dans cette ville des études universitaires (philosophie, histoire et philologie), adhère en 1913 au parti socialiste, dont il devient rapidement l'un des chefs de l'aile gauche, et, après les émeutes de 1917, occupe la fonction de secrétaire du parti. Participant au mouvement des conseils d'usines, il crée en 1919 la revue Ordine Nuovo, alliée au mouvement libéral de Piero Gobetti, puis, après les grèves de 1920, il contribue avec Togliatti, Bordiga et Tranquilli (Silone) à la scission de Livourne, devenant le secrétaire général du nouveau parti communiste et fondant l'Unità. Député de Turin (1924-1926) il sera déclare déchu de son mandat par le gouvernement fasciste et, arrêté en 1926, il sera condamné deux ans plus tard à vingt années de réclusion. Relégué aux Iles, il y endurera sa captivité avec un courage tranquille et constant, dont témoignent ses Lettres de la prison (posth., 1947), et entamera une longue réflexion où se manifeste une pensée encyclopédique, sur des sujets sociaux et historiques, philosophiques et littéraires, consignée en trente-deux cahiers v. Carnets de prison (posth. 1948-1951). Atteint d'une grave maladie à la suite de sa détention, ce qui suscita des protestations internationales, il sera « libéré » par le gouvernement fasciste, assuré de sa fin imminente, et transporté dans un hôpital de Formia puis à Rome, où il meurt. De l'imposant corpus de ses cahiers, on a pu extraire quelques essais cohérents qui attestent la maturité et l'autorité de sa réflexion : Le Matérialisme historique et la philosophie de Benedetto Croce [1948], critique générale de l'idéalisme crocien, auquel Gramsci s'oppose un peu à la manière de Marx et d'Engels à la philosophie allemande de leur temps; Les intellectuels et l'organisation de la culture [1949]; puis Littérature et vie nationale [1950], où Gramsci illustre le caractère non national et non populaire de la culture et de la littérature italiennes, ainsi que le cosmopolitanisme des intellectuels, hérité du moyen âge; et il préconise un nouveau type d'intellectuels qui, d'une simple « technique-travail ». passeraient à une « technique-science » et à une conception humaniste historique, sans quoi us continueront à n'être que des « spécialistes » et ne deviendront jamais des « guides » ; Remarques sur Machiavel, sur la politique et sur l'Etat moderne [1949], où Gramsci esquisse une théorie du parti politique d'avant-garde, autre thème de réflexion que complète, d'une certaine manière, Le Risorgimento (1949). On trouve dans cet écrit une critique générale des déformations de tout ordre que la « philosophie de la praxis » (Gramsci évitait le mot « marxisme » afin d'éluder la censure carcérale) a subies, cette philosophie étant entendue comme la forme moderne et actuelle de l'humanisme, destinée à devenir « la base éthique du nouvel Etat »; et la critique s'accompagne d'un approfondissement du concept léniniste de « l'hégémonie », c'est-à-dire d'un développement des superstructures sous la conduite de la classe ouvrière et des éléments progressistes de la société. C'est dans cet aspect de la pensée de Gramsci que des commentateurs ont cru déceler, bien avant la lettre, les éléments précurseurs d'un communisme à l'italienne, plus ou moins spécifique, vaguement orienté tant vers un certain eurocommunisme que vers le « compromis historique »...
Gramsci, Antonio (Aies 1891-Rome 1937) ; intellectuel et homme politique italien.
Né en Sardaigne, il connaît une enfance difficile après le licenciement et l’emprisonnement de son père, employé injustement accusé de malversations. Affligé d’une difformité physique accidentelle, il poursuit ses études grâce au soutien de son frère, militant socialiste de Cagliari. Boursier à l’université de Turin (1911), il se sent intellectuellement très proche de Croce mais commence à fréquenter activement les dirigeants socialistes. Collaborateur du Grido del popolo, il est membre de la rédaction turinoise de l'Avanti ! (1915) et fonde avec Terracini et Togliatti l’hebdomadaire de culture socialiste Ordine nuovo (1919). Au congrès de Livourne (1921), il choisit la scission communiste et entre dans le comité central du nouveau parti communiste d’Italie (PCI). Délégué italien (1922) dans le comité exécutif de l’internationale, il rencontre Giulia Schucht qu’il épouse à Moscou. En Italie, il fonde le journal L’Unità, organe officiel du PCI (1924). Au sein de son parti, il est l’artisan de la « bolchevisation », élimine l’extrême gauche de Bordiga et prône lors du congrès clandestin du PCI de Lyon en 1926, l’ouverture du parti à toutes les couches de la population laborieuse, intellectuels compris (« thèses de Lyon »). Il passe le reste de sa vie en prison : à Rome, sur l’île d’Ustica (1926-1927) et surtout à Turi après le procès de mai 1928 qui le condamne à vingt ans de réclusion. Tuberculeux et épuisé par sa détention, il meurt d’une congestion cérébrale en 1937. Il laisse une œuvre considérable qui constitue une ample réflexion marxiste sur les rapports sociaux, culturels et politiques dans une perspective historiciste originale.
Bibliographie : A. Gramsci, Lettres de prison, 1971, Écrits politiques (1914-1926), 3 vol., 1974-1980, Cahiers de prison, 5 vol., 1978-1992 ; G. Fiori, La Vie d’Antonio Gramsci, 1970 ; A. Tosel (dir.), Modernité de Gramsci, 1992.
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