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GRAFFIGNY Françoise d'Issembourg -d'Happoncourt, dame de (1695-1758)

GRAFFIGNY Françoise d'Issembourg -d'Happoncourt, dame de (1695-1758). Femme de lettres française. Petite-nièce de Jacques Callot, elle fut mariée toute jeune à Hugues de Graffigny, chambellan de la cour, homme très brutal, qui faillit plusieurs fois la tuer. Après des années de martyre, elle finit par obtenir la séparation judiciaire, tandis que son mari allait finir sa vie en prison. En 1738, elle séjourne à Cirey, chez Mme du Châtelet, où habitait Voltaire, et sa correspondance assez indiscrète (publiée en 1820 seulement), nous restitue l'image d'un Voltaire saisi sur le vif, hypersensible aux attaques de ses adversaires, obsédé par elles, continuellement aux prises avec les querelles de son amie — bref, « le plus malheureux des hommes ». Venue à Paris en 1739, presque sans argent, Mme de Graffigny y trouve des -secours inespérés; elle se fait connaître par ses Lettres péruviennes , publiées en 1747, où, par le truchement de son héroïne, qu'elle imaginait brusquement transplantée à Paris, elle faisait une vive critique des inégalités sociales. Le principal, sinon le seul mérite de ce roman, reste aujourd'hui d'avoir inspiré à Turgot de très fortes réflexions critiques. Mme de Graffigny s'aventura également au théâtre, d'abord avec succès, grâce à Cénie , drame représenté en 1750. Mais La Fille d'Aristide (1758), comédie en cinq actes, fut un échec qui, s'ajoutant aux soucis provoqués par de nombreuses et grosses dettes, précipita certainement la fin de l'auteur. Ses oeuvres complètes furent éditées en 1788. ? « Sa vie fut un roman plus touchant que ceux qu'elle a écrits. » Sainte-Beuve.

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