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GOULAG

GOULAG

Avec le Laogai maoïste, le Goulag (Glavnoié oupravlénié laguerei : Administration centrale des camps) stalinien représente le plus vaste système de camps de travail forcé du XXe siècle. Ces initiales sont devenues célèbres dans le monde entier grâce au best-seller d’Alexandre Soljénitsyne, L’Archipel du Goulag, paru en Occident en 1973-1974. Le temps d’une génération, entre 1930 et 1953, environ quinze millions de personnes passent par les camps et les colonies de travail du Goulag. À son apogée, au début des années 1950, il compte environ deux millions et demi de détenus, surveillés par un immense appareil d’encadrement de plus de 200 000 personnes. Outre les détenus condamnés à une peine de travail forcé par une juridiction ordinaire ou à l’issue d’une procédure d’exception, le Goulag gère des millions de « déplacés spéciaux » ou « colons de travail », déportés collectivement, sur un pseudo-critère de classe (« koulaks », « ci-devant ») ou sur une base ethnique, et assignés à résidence dans des « villages » et « peuplements spéciaux » des régions inhospitalières de l’URSS.

Cet espace dit de « la zone », aux marges du camp, à mi-chemin entre l’univers libre et celui des détenus, constitue l’une des particularités les plus fortes du système goulaguien. Un univers à plusieurs cercles, où la gabegie, le laisser-aller, l’abandon, le hasard semblent jouer un rôle plus important qu’une volonté systématique d’extermination de victimes expiatoires. Les recherches récentes font état d’un taux de mortalité annuel moyen de 4 % environ (soit près de un million et demi de décès en une vingtaine d’années) avec, toutefois, de très grands écarts, selon les années (20 % en 1942, entre 0,5 % et 2 % dans les années 1948 à 1953) et selon les types de camps.

Les détenus politiques, une minorité.

Contrairement à une opinion répandue, les « politiques », condamnés pour « activités contre-révolutionnaires » au titre de l’un des 14 alinéas du tristement célèbre article 58 du Code pénal soviétique ne constituent qu’une minorité (environ 25 %) des détenus. La majorité des zeks (détenus) sont en fait des « citoyens ordinaires », condamnés en moyenne à cinq ans de travail forcé pour avoir enfreint l’une des innombrables lois répressives qui criminalisent une multitude de petits délits et pénalisent un nombre croissant de comportements sociaux (« abandon du poste de travail », « parasitisme », « spéculation », « non-accomplissement du nombre minimal de journées-travail dans les kolkhozes », etc.).

Vingt années durant, les immenses complexes pénitentiaires du Goulag fournissent une main-d’œuvre abondante pour d’immenses chantiers pharaoniques : canal Baltique-mer Blanche, canal Moscou-Volga, second Transsibérien (BAM), mines de nickel de Norilsk, combinat charbonnier du Kouzbass, gisements aurifères de la Kolyma. Au début des années 1950, toutefois, la rentabilité économique du Goulag est mise en question. La disparition de Staline en 1953 amène ses successeurs à démanteler rapidement un système devenu trop lourd, secoué par une vague de révoltes et d’émeutes. Dès avril 1953, une large amnistie permet la libération de la moitié des détenus. La majorité des « politiques » est relâchée après le XXe congrès du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS) en février 1956. Le Goulag ne survivra pas à la déstalinisation.

Créés en 1918, ces camps de prisonniers accueillirent d'abord des bourgeois et des opposants au bolchevisme. Ce fut dans les années 1930 qu'ils prirent des proportions considérables avec la déportation des koulaks (v.) et les premières purges staliniennes. Le terme apparut en France en 1934 mais l'existence de ces camps ne cessa d'être contestée jusqu'à la publication du premier récit d'un zek (« détenu dans un camp »), Une journée d'Ivan Dennissovitch, d'Alexandre Soljenitsyne (v.), en 1962. Établis pour la première fois dans les îles Solovki, dans la mer Blanche - d'où le terme d'« archipel » employé par Soljenitsyne pour désigner l'ensemble du système -, ils se développèrent ensuite en Russie d'Europe et le long de la voie ferrée Baïkal-Amour. S'il est difficile de dresser un bilan, il semble que les effectifs aient culminé en 1938 avec 8 millions de détenus. Au total, 20 millions de personnes auraient péri dans ces camps.

GOULAG. Nom donné dans l'ex-URSS au système concentrationnaire. Le Goulag, abréviation de l'expression russe Direction générale des camps de travail, dépendait de la police politique, la Tchéka, puis le NKVD (Commissariat du peuple aux Affaires intérieures), remplacé plus tard par le KGB. Très nombreux, ces camps de travail avaient été construits loin des zones les plus peuplées et employaient cette main-d'œuvre gratuite - prisonniers politiques, condamnés en général pour cinq à dix ans - dans l'exploitation des forêts et des mines. On estimait, à la veille de 1939, à près de 6 millions le nombre des détenus. La pénibilité des travaux et les faibles rations alimentaires expliquaient un taux de mortalité élevé (près de 10 %). Fedor Dostoïevski avait déjà dénoncé les bagnes tsaristes {Souvenirs de la maison des morts), l'existence du Goulag fut révélée au monde à travers l'oeuvre d'écrivains russes et en particulier Soljenitsyne {L'Archipel du Goulag, 1973-1976).




Sigle signifiant «direction principale des camps». Cette direction dépend du ministère de l'intérieur soviétique. Son rôle est de gérer les différents camps de prisonniers disséminés sur le territoire de l'URSS. Par extension, on utilise ce terme pour nommer les camps eux-mêmes. Entre le début des années 1930 et la mort de Staline, en 1953, ce sont plus de 8 millions de prisonniers qui furent incarcérés dans ces camps.

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