GIRARDIN Emile de. Journaliste français

GIRARDIN Emile de. Journaliste français. Né et mort à Paris (22 juin 1806-27 avril 1881). Le premier roi de la presse moderne était le fils adultérin d'un comte et d'une femme de fonctionnaire, et il ne fut pas tout de suite autorisé à porter le nom de son père. Après une instruction assez négligée, il débute cependant comme romancier et essayiste, fonde en 1828, à vingt-deux ans, son premier journal, qui lui vaut rapidement le succès et l'aisance. En 1830, lorsqu'il épouse Delphine Gay, il est déjà une personnalité du monde parisien et tient sous la monarchie de Juillet un salon de grande importance où se rencontre toute l'élite politique et littéraire de l'époque, et, en vulgarisateur, en remueur d'idées, il lance avec un succès constant toutes sortes de publications, des almanachs, des atlas, un journal des instituteurs, et surtout le fameux Musée des familles et le Panthéon littéraire. Mais son coup d'éclat incomparable c'est, en 1836, la fondation de La Presse, journal à deux sous, alors que toutes les autres feuilles coûtaient au moins le double, qui s'imposa aussi par la variété de ses informations et de ses collaborateurs, par ses chroniques parisiennes, par ses romans-feuilletons. Émile de Girardin essaya naturellement, mais sans grand succès, de jouer un rôle politique actif sous la monarchie de Juillet; il fut d'ailleurs élu député en 1834, 1837, 1839, 1842 et 1846. Opposant modéré à Louis-Philippe, il fut l'un des principaux artisans de son abdication le 24 février 1848. Rallié aux républicains, il combattit violemment la candidature du général Cavaignac à la Présidence de la République, favorisant ainsi la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte. Après avoir acheté en 1872 Le Petit Journal et en 1874 La France, Émile de Girardin jouera un rôle décisif dans la victoire des républicains en 1877, ayant mis à leur service ses journaux tirant à plus de sept cent mille exemplaires. MICHEL MOURRE. ? « M. de Girardin, qui a fait plus daffaires que d'études, n'a pas connu cette détresse que Shakespeare appelait “la grande culture” ... M. de Girardin n'est pas un homme de lettres : c'est un journaliste. » J. Barbey d'Aurevilly. ? « Cet homme possédait une énergie peu commune, un esprit saisissant, judicieux, contenu, instinctivement porté à la recherche des problèmes sociaux; il était doué d 'une merveilleuse aptitude aux affaires et de ce sens pratique particulier aux hommes qui ont réalisé le bien public et hâté le mouvement de leur siècle. » Comtesse d'Agout.