Databac

Girard

Girard

(René, né en 1923.) Philosophe, il enseigne la littérature française aux États-Unis et son premier ouvrage (Mensonge romantique et vérité romanesque, 1961) est d'orientation encore littéraire.

♦ C'est à partir de La Violence et le sacré (1972) qu'il entreprend de trouver une nouvelle fondation aux discours de la psychanalyse ou des sciences humaines, mais aussi de la philosophie, sinon de la politique. Situant l'origine de la violence dans le désir mimétique (une chose est d'autant plus désirable qu'elle est simultanément désirée par d’autres, comme l’avait signalé Hegel), il montre que pour mettre fin à l'enchaînement de vengeance et de représailles que suscite un tel désir, tout groupe social doit détourner sa violence interne vers un « bouc émissaire » (titre d'un ouvrage paru en 1982). La communauté serait ainsi fondée par un meurtre fondamental. La substitution d'une victime indifférente à des victimes justifiables doit toutefois, pour être efficace, ne pas être clairement révélée : elle ne sera formulée que par le biais des mythes et de récits sacrés qui l'occultent, et qu'il s'agit aujourd'hui de réinterpréter.

♦ Une telle lecture - qui suppose l'efficacité universelle du désir mimétique, capable d'expliquer aussi bien des tendances psychologiques que des phénomènes sociaux - aboutit cependant à dévoiler le mécanisme du meurtre primitif et de la constitution du sacré ; dès lors, il perd, pour la société contemporaine, son pouvoir salvateur. La fondation du corps social et de la morale ne peut se faire qu'à partir d'un autre texte - très différent des mythes classiques - qui est celui du Nouveau Testament : Girard montre, notamment dans Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978) que le Christ est la première victime expiatoire dont l'innocence fondamentale est proclamée, contrairement aux boucs émissaires antérieurs que l'on pouvait toujours accuser d'être maléfiques. Le Nouveau Testament révèle ainsi la logique de la violence et du sacré, et du même coup, nous enjoint d'y mettre fin : l’univers judéo-chrétien doit remplacer la violence mimétique par l'amour ou la charité évangélique.

Autre œuvre : Quand les choses commenceront (1994).

Liens utiles