GILBERT-LECOMTE Roger. Écrivain français
GILBERT-LECOMTE Roger. Écrivain français. Né à Reims le 18 mai 1907, mort à Paris le 31 décembre 1943. Les poèmes qu'il composa vers l'âge de quatorze ans témoignent déjà d'une sûreté de vision étonnante. Un peu plus tard avec ses amis de lycée : René Daumal, Pierre Minet, Roger Vailland, il forma le groupe des « Simplistes » basé sur l'exercice de la révolte et de l'humour; ce que nous en connaissons à travers les Lettres à ses amis (posthume, 1958) de Daumal et le Petit Théâtre (1958) de Daumal et Gilbert-Lecomte prouve une merveilleuse liberté d'esprit et l'abandon radical à ce qu'on pourrait appeler, faute de mieux, le génie de la jeunesse. Vinrent ensuite des expériences plus systématiques et plus dangereuses : la drogue, le dédoublement, la médiumnité, qui permirent à Gilbert-Lecomte et à Daumal de jeter les bases de cette « métaphysique expérimentale » dont le souci ne devait plus cesser de hanter leur vie. Après avoir commencé ses études de médecine au lycée de Reims, Gilbert-Lecomte y renonça brusquement pour se consacrer à ses recherches et à l'écriture. Il avait vingt ans; il était extrêmement beau et comme auréolé de son génie : les milieux littéraires parisiens s'ouvrirent immédiatement à lui, le fêtant, le choyant. Tout en jouant avec ce succès, il était ailleurs, tourné vers ce centre où s'élaborent la vie et la connaissance. En 1928, il lança le premier numéro d'une revue, Le Grand Jeu, qui sous sa direction et celle de Daumal allait essayer de pousser dans toutes les directions mentales possibles les expériences commencées à Reims. Parallèlement au surréalisme, cette revue apportait un esprit plus nouveau encore, une volonté excessive de débordement de la pensée traditionnelle. L'entreprise se poursuivit jusqu'en 1930 puis échoua; la voie était ouverte, mais elle devait passer d'abord par la solitude. En 1933, intervint la rupture avec Daumal, sans doute l'événement le plus douloureux de la vie de Gilbert-Lecomte qui, de plus en plus adonné à la drogue, commençait son terrible périple de douleur et de misère, tout en se dirigeant vers son génie le plus profond. En 1929, Gilbert-Lecomte avait publié avec une introduction, la Correspondance inédite d'Arthur Rimbaud; il donna ensuite les poèmes de La Vie, l'Amour, la Mort, le Vide et le Vent (1933) et un court essai : Sima, la Peinture et « Le Grand Jeu » (1933), puis ce fut le silence. Il n'avait cependant pas cessé d'écrire; il accumulait notes et projets en vue d'un grand livre intitulé Retour à Tout, mais la mise en forme ne venait pas, l'angoisse était plus forte que la parole. Comme Rimbaud, Gilbert-Lecomte refusait d'être une main à plume; il n'a noté que des éclairs, mais ils sont fulgurants et composent tout de même une oeuvre ainsi que l'a prouvé la publication de Testament, sorte de panorama de sa pensée et de sa poésie. Ces fragments parlent d'ailleurs le langage même de notre être, langage conquis a force de renoncement, de dépossession, de douleur, et qui de plus en plus fait figure d'exemple. Dépouillé de tout : de sa séduction, de son succès, de sa « gloire », Gilbert-Lecomte mourut à l'hôpital Broussais dans la misère; il avait atteint le fond d'où sa parole, scellée de son vivant, allait commencer à pouvoir rayonner sur l'avenir sans qu'il ait à la compromettre. Son oeuvre complète a été publiée en 2 tomes aux Éditions Gallimard : Prose en 1974 et Poésies en 1977.
Liens utiles
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- Bourges Élémir, 1852-1925, né à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), écrivainfrançais.
- Fiche lecture: Thérèse RaquinBiographieÉmile Zola (18401902) est un écrivain, critique littéraire et journaliste français, considéré comme le chef de file du naturalisme.
- Barbey d'Aurevilly Jules Amédée , 1808-1889, né à Saint-Sauveur-le-Vicomte(Manche), écrivain français.
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