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GHELDERODE Michel de

GHELDERODE Michel de. (pseud. d'A-dolphe-Adhémar Louis Martens). Écrivain belge d'expression française. Né à Ixelles, dans le Brabant, le 3 avril 1898, mort à Schaerbeeb le 1er avril 1963. En profond désaccord avec l'esprit bourgeois de sa famille, il éprouve très tôt le besoin de rompre avec son milieu : il le fera plus tard, symboliquement, en prenant le nom de Michel de Ghelderode. Après des études classiques à l'institut Saint-Louis de Bruxelles, Ghelderode s'inscrit en 1915 au conservatoire de musique. Mais il n'y restera que deux ans. Il devient alors précepteur et tient à partir du 13 juin 1917 la chronique artistique d'un hebdomadaire financier. Entre-temps, il cisèle des premiers contes et termine sa pièce La Mort regarde à la fenêtre, poème dramatique en un acte qui sera créé l'année suivante. Désormais il ne cessera plus d'écrire. En 1920, tandis qu'il effectue son service militaire, Ghelderode achève Giet Bouteille et Le Cavalier bizarre, pochade en un acte qui ne sera créée que vingt ans plus tard. Les années suivantes, le jeune écrivain publie dans une revue quelques contes et poèmes et devient professeur à l'institut Dupuich, puis libraire (en 1922). Paraît alors L'Histoire comique de Keizer Karel, son premier ouvrage imprimé. Mais c'est seulement trois ans plus tard qu'il écrit sa première pièce importante, La Mort du Docteur Faust, tragédie en trois épisodes qui est montée le 27 janvier 1928. Il récidive l'année suivante avec les trois actes de Barabbas, drame qu'il vient de terminer et l'acte unique d'Escurial , écrit en 1927. Michel de Ghelderode est alors au centre même de la vie littéraire bruxelloise. Il vient tout juste d'entrer dans sa trentième année et déjà son oeuvre est appréciable. Mais il n'en reste pas là. En 1934, il crée pour la radio Sire Halewyn, un drame envoûtant tiré d'une vieille ballade flamande. La même année, il écrit encore La Ballade du grand Macabre et commence Mademoiselle Jaïre, un mystère en quatre tableaux qui sera créé en 1949, suivie par la rédaction en 1936 de Hop Signor !, un drame cruel aux accents typiques gheldero-diens que montera A. Gobert six ans plus tard. Mais le 1er février 1939, le dramaturge renonce au théâtre et entreprend la rédaction des premiers contes qui .paraîtront en 1941 sous le titre de Sortilèges. Malgré cette oeuvre considérable, Ghelderode a dépassé la cinquantaine quand il se fait connaître en France. C'est à une émission radiophonique enregistrée en 1951 et parue sous le titre Les Entretiens d'Ostende, que cet homme, par ailleurs solitaire et misanthrope, doit sa notoriété. Mais il meurt à Schaerbeeb le 1er avril 1963 dans cette solitude qui fut toujours la sienne, se croyant oublié de tous. L'oeuvre théâtrale de Ghelderode, étrange et fantasque, apparaît comme un carnaval féroce où s'agitent, pareils à des marionnettes, des personnages fantoches au langage vif et coloré. Dans ce monde frénétique nourri des légendes de la vieille France, la fatalité, qui seule agit, pousse le personnage ghelderodien à des situations extrêmes qui le forcent à se dépouiller du déguisement social et culturel dont il s'est revêtu et que symbolise sur la scène la somptuosité du décor dans lequel il évolue. Cette recherche poétique de l'homme à l'état brut où perce la nostalgie profonde d'un instinct archaïque fait de Michel de Ghelderode un des dramaturges les plus originaux du XXe siècle. ? « Ghelderode, c 'est le diamant qui ferme le collier des poètes que la Belgique porte autour du cou. Ce diamant noir jette des feux cruels et nobles. Ils ne blessent que de petites âmes. Ils éblouissent les autres. » Jean Cocteau. ? « Parmi les écrivains contemporains, Ghelderode est l'un des rares capables de faire prisonnier le spectateur d 'une sorte d'horreur sacrée, peut-être parce qu'il croit à la magie du théâtre. » Catherine Valogne.

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