GHAZÀLI Abu Hamid Muhammad al-
GHAZÀLI Abu Hamid Muhammad al-. Nommé Algazel chez les écrivains médiévaux d'Occident. Philosophe, théologien, juriste et mystique arabe, l'un des plus grands penseurs des siècles d'or de l'Islam, surnommé par ses coreligionnaires « la preuve (vivante) de l'Islam ». Né à Tüs dans le Khorâsân (au nord-est de la Perse) en 1058, mort le 19 décembre 1112. Il fit ses études à Naisâbür où il suivit les cours du célèbre théologien et juriste al-Diuwaïni, surnommé l'Imâm al-Haramain. Sa formation fut, à l'exemple de celle de son maître, théologique et juridique, et il manifesta un esprit critique aiguisé qui tourna de bonne heure au scepticisme. Dans le célèbre opuscule autobiographique Le Libérateur de l'erreur [al-Munqidh min ad-datai] il a rapporté avec la plus grande précision le résultat de ses expériences sur la validité de la méthode spéculative en théologie, ainsi que les arguments qu'il avait fait siens en faveur de la possibilité d'une démonstration rationnelle de la foi. L'issue qu'il trouva à ce scepticisme qui lui avait causé de pénibles incertitudes, lui fut offerte par la contemplation intérieure, par la « vie du coeur » à laquelle il voua, à partir de 1095, année de sa crise, tout le reste de sa vie. La même année, il quitta la chaire de l'école religieuse supérieure Nizâmïya de Bagdad où il avait enseigné avec éclat, et reprit le bâton du pèlerin, pour se livrer au recueillement le plus profond et à l'étude : c'est au cours de cette période qu'il accomplit le pèlerinage de La Mecque et écrivit son oeuvre la plus importante : La Restauration des connaissances religieuses. Après une dizaine d'années de retraite absolue, il consentit à revenir à l'enseignement public dans le Madrasa Nizâmiya de Naisâbür, mais il y resta peu de temps et se retira définitivement dans sa ville natale, pour se consacrer jusqu'à sa mort à la piété et à l'enseignement privé, au milieu des disciples fidèles. Al-Ghazâli est un des hommes du Moyen Age oriental qui semble le mieux pénétrer l'essence intime de la vie intérieure, mettant ainsi beaucoup de clarté et de franchise dans l'étude qu'il fait de soi-même, et dans la relation qu'il nous en a laissée. Son autobiographie spirituelle a été rapprochée, non sans quelque exagération, des Confessions de saint Augustin. Elle constitue indéniablement le remarquable témoignage d'une crise que l'auteur ne fut pas seul à traverser, mais aussi toute une élite intellectuelle musulmane : on y sent un effort plus ou moins heureux pour parvenir à une démonstration rationnelle de la révélation au moyen des méthodes de la dialectique ancienne. Cette interprétation amène al-Gha-zâli à attaquer vivement dans sa Destruction des philosophes l'aristotélisme musulman, provoquant les âpres répliques d'Ibn Tufail et d'Averroès. Mais la figure et l'oeuvre d'al-Ghazâli s'imposent surtout par une tentative de conciliation entre la théologie positive et la vie du sentiment qui s'exprime dans la mystique (soufisme) : le soufisme s'efforce de tempérer l'orgueilleuse suffisance, le formalisme aride et sans frein qu'engendre une pratique exclusive des rites et du droit ; inversement, il évite à la mystique de sombrer dans les excès du panthéisme et de l'antino-misme moral. L'oeuvre qui reflète le mieux cette tentative de conciliation dont l'influence fut décisive dans la vie ultérieure de l'Islam, est son Ihya 'ulum al-dîn, grand traité sur les sciences théologiques qui embrasse théologie et droit, mystique et éthique, et qui servit de guide à des dizaines de générations musulmanes. Mais ce qui, dans l'oeuvre d'al-Ghazâli, nous semble le plus proche de nous, c'est son éthique pleine de finesse humaine et d'équilibre, imprégnée d'une charité que d'aucuns ont pu qualifier, assez inexactement, de chrétienne.
Liens utiles
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- La même assistance est accordée à celui qui a besoin de bâtir une cabane ou de fabriquer un canot. Gustave de Beaumont de La Bonninière, Marie, ou l'Esclavage aux États-Unis, ABU, la Bibliothèque universelle
- J'y serais parvenu peut-être, si la brutalité de mon maître et la gêne excessive ne m'avaient rebuté du travail. Jean-Jacques Rousseau, les Confessions, ABU, la Bibliothèque universelle
- Les articles du code militaire flamboyèrent devant ses yeux, en lettres livides : conseil de guerre... abandon de son poste... Alphonse Allais, À se tordre, ABU, la Bibliothèque universelle
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