GERSON Jean Charlier de. Théologien et orateur français
GERSON Jean Charlier de. Théologien et orateur français. Né à Gerson près de Rethel (Ardennes) en 1363, mort probablement au couvent des Célestins de Lyon en 1429. Bien que de famille modeste, Jean Charlier fit ses études au Collège de Navarre. Reçu docteur en théologie, il fut curé de Saint-Jean-en-Grève, chanoine de Notre-Dame de Paris et succéda en 1395 à l'illustre Pierre d'Ailly comme chancelier de l'université de Paris. Dès avant cette date, Gerson avait joué un rôle important en prononçant devant la cour un certain nombre de discours où, avec un grand courage civique et une vue très saine de la situation, il mettait en garde le roi contre les menaces qui pesaient sur le royaume et demandait instamment que la concorde règne entre Charles VI et ses oncles. Gerson prononçait aussi des discours et des sermons v. Sermons à l'université, devant le Parlement et dans sa paroisse. Partout, il parlait de 1 'unité nécessaire aussi bien à l'intérieur du royaume divisé par les partis qu'à l'intérieur de l'Eglise déchirée par le grand schisme d'Occident. Lun de ses discours prononcé devant la cour, le 6 janvier 1391, exposait la situation qui résultait de la double élection, en 1378, d' Urbain VI à Rome et de Clément VII en Avignon et proposait des remèdes pour y mettre un terme. Cette prise de position de l'université de Paris qui entendait arbitrer le conflit en se ralliant au pontife romain eut le don d'irriter Louis, duc d'Orléans, partisan du pape français. Malgré les menaces que ce prince alors tout-puissant faisait peser sur lui, Gerson persévéra dans son dessein de réunifier la Chrétienté sous le pape romain et défendit ce point de vue dans les conciles de Pise (1409) et de Constance (1414) jusqu'à ce que l'élection de Martin V ait mis un terme au schisme. Au cours de ces deux conciles, le chancelier de l'université soutint les libertés de l'Eglise gallicane et s'éleva contre le relâchement des moeurs. Lorsque son ennemi, le duc d'Orléans, tomba assassiné par les hommes du duc de Bourgogne, Jean sans Peur (novembre 1407), Gerson s'éleva contre cet attentat odieux et fit condamner Jean Petit qui avait fait l'apologie du crime. La réaction fut violente; on raconte que la maison de Gerson fut pillée et qu'il dut se réfugier sous les combles de Notre-Dame. Ceci ne l'empêcha pas de demander quelques mois plus tard, au concile de Pise, de condamner l'assassinat politique. Après le concile de Constance, Gerson jugea plus prudent de ne pas rentrer en France où le nouvel ennemi qu'il s'était fait, Jean sans Peur, régnait en maître. Il vécut plusieurs années en Bavière; c'est là qu'il composa les Consolations de la théologie et ne rentra dans sa patrie qu'après la mort du duc de Bourgogne (1419). Il semble qu'après son retour Gerson se soit tenu à l'écart des affaires politiques; retiré à Lyon au couvent des Célestins dont son frère était le prieur, il y passa ses dernières années à composer des ouvrages de théologie et à se dévouer à l'éducation des enfants pauvres. Outre ses discours et ses Sermons dans lesquels il s'efforçait de faire triompher à la fois le bon sens et l'idéal chrétien, Gerson a laissé un grand nombre de traités. Les uns sont des oeuvres de circonstance, dictés par la situation de la chrétienté, ils traitent du gouvernement de l'Eglise comme le De Auferibilitate papae qui place au-dessus de l'autorité des papes celle des conciles , ou de la discipline ecclésiastique. Par ces oeuvres philosophiques, Gerson a également joué un rôle de tout premier plan dans la réforme de l'enseignement universitaire qui s'ébauchait alors. Dans deux leçons sur le même sujet, Contra vanatn curiositatem in negotio fidei, dont la première est datée du 8 novembre 1402 et dont la seconde doit lui être de peu postérieure, le chancelier se livre à une critique vigoureuse et pertinente de la théologie scolastique comme on l'enseignait de son temps et s'élève contre l'orgueil des clercs. Dans deux autres traités, tous deux de 1426, le De modis significandi propositiones quin-quagintae et le De concordia metaphysicae cum logica, il profite de son expérience de maître de l'enseignement pour souligner et tenter de résoudre la crise des études universitaires, laquelle trouvait son origine dans la confusion qui consistait à traiter de la logique en métaphysicien et de la métaphysique en logicien. Gerson y insiste sur le fait qu'au-dessus des leçons des hommes il y a l'enseignement du Christ et qu'au-dessus des philosophies il y a la foi, l'espérance et la charité. En ses traités de théologie mystique en latin, comme dans ses petits traités élémentaires en français, destinés au peuple v. Traités Gerson manifeste une admirable élévation de pensée qui va de pair avec une simplicité tout évangélique. Aussi n'est-il pas étonnant que des critiques aussi éminents que Bellarmin, Mabillon et les bénédictins de Saint-Maur lui aient attribué la paternité de l'Imitation de Jésus-Christ que la critique moderne lui a retirée. Peu d'hommes aux XIVe-XVe siècles étaient plus dignes que lui de l'écrire. En ces temps troublés, Gerson fut une personnalité exemplaire. Dans les très hautes fonctions qu'il occupa il sut toujours mettre en avant la pure doctrine chrétienne, écouté des princes, il demeura toujours près du peuple qu'il s'efforça de tirer de l'ignorance. Dépourvu d'ambition personnelle, il vécut toujours pour autrui. ? « Quant à Jean de Gerson, il a si dignement discouru des cinquante propriétés du divin amour qui sont çà et là déduites du Cantique des cantiques, qu'il semble que luy seul ayt tenu le conte des affections de l'amour de Dieu. Certes, cet homme fut extrêmement docte, judicieux et dévot. » Saint François de Sales. Il a trop subi l'emprise de Guillaume d'Occam, le plus mauvais génie du XIVe siècle. Sa conduite pratique est, en général, plus modérée et plus saine que ses théories. » Salembier. ? « Une des plus belles, des plus mémorables et des plus vénérables existences que le monde ait vues. » E. Faguet. ? « C'est un fait que l'oeuvre théologique de Jean Gerson se présente, dans son ensemble, comme affranchie de la technique scolastique et retrouvant les formes libres de l'éloquence patris-tique. » Étienne Gilson.
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