Germinie Lacerteux d'Edmond et Jules de CONCOURT
Germinie Lacerteux d'Edmond et Jules de CONCOURT, 1865, G.-F.
• Les frères Concourt notent en 1864 : Le roman actuel se fait avec des documents racontés ou relevés d'après nature, comme l’histoire se fait avec des documents écrits. C'est selon ce principe qu’ils ont composé Germinie Lacerteux, transposant l’histoire de leur servante Rose, tragédie secrète qu’ils ont découverte seulement à sa mort en 1862.
• L’action se déroule à Paris au milieu du xixe siècle. Germinie Lacerteux arrive à quinze ans de son village pour tomber dans l’avilissement et la misère de la capitale. Après avoir connu bien des mauvaises places, elle entre au service d’une vieille fille bienveillante, Mlle de Varandeuil, à laquelle elle s’attache profondément. Malgré cela, Germinie reste mélancolique et inquiète. Quand elle trahit devant sa maîtresse son envie de se marier, elle s’attire des railleries mais aussi une menace : Si tu te maries, je te préviens : je ne te garde pas. Elle fixe son besoin d'aimer sur une nièce orpheline, mais s’aperçoit qu’on lui en a caché la mort pour continuer de lui soutirer ses gages. Elle reporte alors son affection sur un jeune voisin, le petit Jupillon, fils de la crémière. Ce nouvel attachement fera son malheur, car, les années passant, elle se prend à aimer ce garçon d’une passion possessive et jalouse, le poursuit au bal et bientôt s’offre à lui, malgré la différence d’âge, dans l’espoir de le retenir. Humiliée de cette situation que personne n’ignore dans le quartier, sauf Mlle de Varandeuil, elle se laisse exploiter par Jupillon qui lui prend son argent pour installer une boutique, refuse de l’épouser et l’abandonne avec un enfant qu’elle doit mettre en nourrice et que finalement elle perdra. Rongée par la douleur, installée dans le mensonge et le remords vis-à-vis de Mlle de Varandeuil, Germinie se met à boire, fait des dettes pour Jupillon, puis pour un autre vaurien, Gautruche, descend à des amours de rencontre, et, précocement usée à quarante et un ans, meurt de tuberculose à l'hôpital. Apprenant enfin la vie secrète de sa bonne, Mlle de Varandeuil, qui l’aimait, est d’abord malade de saisissement et de colère, puis pardonne à cette victime méconnue qui vient d'être ensevelie anonymement dans la fosse commune du cimetière Montmartre.
• Si ce livre cru, qui vient de la rue (Préface), a choqué certains (on a parlé de littérature putride), il a été salué d’un article élogieux par Zola encore inconnu. Germinie Lacerteux ouvre en effet la voie aux Rougon-Macquart. E. de Concourt accusera même Zola de plagiat à la parution de L’Assommoir.
Liens utiles
- « Le grand talent en littérature est de créer, sur le papier, des êtres qui prennent place dans lamémoire du monde, comme des etres créés par Dieu, et comme ayant eu .une vraie vie sur la terre. » (Edmond et Jules de Concourt, Journal.)
- « Le roman cherche l'Art et la Vérité ainsi que la Souffrance humaine », remarquent les frères Goncourt dans leur préface de Germinie Lacerteux (1865). Cette vision sociale du roman naturaliste vous paraît-elle correspondre au roman de l'Assommoir de Zola ?
- Commentez ces propos d'Edmond et de Jules de Goncourt : « Le grand talent en littérature et de créer, sur le papier, des êtres qui prennent place dans la mémoire du monde, comme des êtres crées par Dieu, et comme ayant une vraie vie sur la terre ».
- Jules Renard par André Billyde l'Académie Concourt A la date du 10 décembre 1909, on lit dans le Journal de Jules Renard :" Dîner Goncourt.
- GONCOURT, Edmond Huot de (1822-1896)Ecrivain et historien, il collabore avec son frère Jules à de nombreuses activités : ils écrivent des romans réalistes (Renée Mauperin) et consacrent des études à des peintres comme Watteau.