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genre [d’éloquence et de style]

 Le terme de genre désigne d’abord les trois divisions majeures de l’éloquence, définies chacune par sa matière : le démonstratif, le délibératif et le judiciaire. Il faut dire que si chacun de ces trois grands genres peut se définir par un arsenal de déterminations spécifiques, beaucoup de traits techniques leur sont communs : certaines parties du discours, certains lieux, la relation aux mœurs, pour n’en citer que quelques chapitres ; d’autre part, si de nombreux comportements oratoires en sont également particuliers et de nombreux témoins textuels non moins caractérisés, bien des pratiques occurrentes offrent un mélange de deux, voire des trois genres : on loue ou on blâme forcément quand on accuse ou que l’on défend, de même que lorsque l’on délibère pour ou contre. Comme le souligne Quintilien, préparer les esprits, raconter, instruire, amplifier, diminuer, exciter les passions, les calmer, par là se rendre maître des coeurs, voilà qui est commun à tous les genres, qui ne subsistent que par le secours qu ’ils se prêtent les uns aux autres. Indépendamment de cette tripartition canonique, essentiellement aristotélicienne, on a indiqué d’autres répartitions, soit plus réduites, soit, surtout, plus longues, allant jusqu’à énumérer tous les actes de discours. Quintilien propose un avis personnel, avant de se rendre à la tripartition d’Aristote. On pourrait prétendre que l’éloquence s’exerce ou sur les affaires du barreau, ou sur des choses qui n’ont nul rapport au barreau. Les premières composent le genre judiciaire; les secondes regardent le passé ou l’avenir : le passé, on le loue ou on le blâme; l’avenir, on en délibère. Tout sujet dont on va parler roule nécessairement sur des choses douteuses ou certaines. On loue ou on blâme les secondes, selon qu ’on y est bien ou mal intentionné. Pour les premières, ou on les laisse à notre choix : c’est la matière des délibérations; ou on les soumet au jugement d’autrui : c’est la matière des procès. Le genre détermine aussi, par la suite, une catégorie de pratique verbale, sous la forme de discours prononcé en public ou non, définie par le niveau à la fois des thèmes traités et de l’expression employée. Enfin, le genre s’applique à différencier diverses pratiques proprement littéraires, déterminées chacune par leur code, et aussi, en rhétorique prescriptive, par des adéquations de niveau. C’est d’un point de vue tout à fait général, enfin, que Quintilien, concluant son grand ouvrage, évoque une sorte de tripartition fonctionnelle, sous l’appellation de trois genres d’éloquence : le genre sec ou net, le véhément, et le moyen ou fleuri. Ces trois genres partagent les devoirs de l’orateur, le premier étant destiné à instruire, le second à toucher, le troisième à plaire. Cette catégorisation a au moins le mérite d’être dépourvue de toute axiologie et rend possible, dès l’Antiquité, la pensée de l’efficacité, donc de l’excellence, dans n’importe quel genre.

=> Éloquence, orateur, oratoire, partie; plaire, instruire, toucher; démonstratif, délibératif, judiciaire; lieu; mœurs; niveau, style; sec, netteté, moyen, fleuri, véhément; asian, attique, rhodien.

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