genre [argumentation]

 Le genre constitue un des éléments sur lesquels est bâti le raisonnement de l’argumentation dialectique, c’est-à-dire le syllogisme. Il apparaît dans une articulation homogène avec la définition et l’accident. On dit communément, selon la tradition des commentateurs d’Aristote, que la différence est de la nature du genre, et doit donc être mise sur le même rang que le genre : on ne peut considérer l’un sans l’autre, toute question concernant le genre emportant de nécessité, en même temps, la question de la différence. Ainsi, animal est le genre de homme. On s’en rendra compte en réfléchissant sur la définition aristotélicienne du genre, qui ne rend pas, en effet, séparables les deux notions. Selon Aristote, donc, le genre est ce qui est attribué essentiellement à des choses multiples, qui diffèrent spécifiquement entre elles. On doit considérer comme des catégorisations fondamentales, des attributs globaux de principe, des prédicats essentiels, tous les termes d’une nature telle qu’ils répondent d’une façon appropriée à la question : qu'est-ce que le sujet qui est devant nous? Dans le cas de l’homme par exemple, si on demande ce qu’il est, la réponse appropriée est que c’est un animal. Allant plus loin, si l’on a montré, dans une discussion, que l’animal est le genre de l’homme, et pareillement qu’animal est le genre du bœuf, on aura montré que l’un et l’autre rentrent dans le même genre, et inversement si l’on arrive à montrer qu’animal est le genre de l’un mais pas de l’autre, on aura alors montré que l’un et l’autre n’appartiennent pas au même genre. Les espèces participent du genre, et non le genre des espèces : l’espèce reçoit la définition du genre, mais le genre ne reçoit pas celle de l’espèce ; l’homme participe de l’animal (la définition de l’animal s’applique à l’homme), mais l’animal ne participe pas de l’homme (la définition de l’homme ne s’applique pas à l’animal). Par exemple, dans la proposition un dieu est un être animé immortel, l'immortel, comme caractère de ce qui est immortel, est une différence de l’être animé, dans le mesure où, parmi les êtres animés, les uns sont mortels et les autres immmortels; et cette différence de l’être animé constitue, si on la trouve suffisamment et exhaustivement complète, la différence spécifique de dieu. Aucune différence n’exprime l’essence, mais plutôt une sorte de qualité. La différence a toujours une extension égale ou supérieure à l’espèce ; et il faut toujours vérifier, dans une argumentation, que le genre ait une extension plus grande que sa différence et qu’il ne participe pas de sa différence. De nombreux lieux sont tirés de ces questions, qui peuvent entraîner des discussions extrêmement serrées et rigoureuses.

=> Preuve, dialectique, syllogisme, paralogisme, lieu; définition, accident, espèce; proposition.