GENET Jean. Ecrivain français
GENET Jean. Ecrivain français. Né le 19 décembre 1910 à Paris. Il ne connaîtra jamais son père ni sa mère, et, pendant son enfance, sera confié successivement à l'Assistance Publique et à des paysans dans le Morvan. A l'âge de 10 ans, injustement accusé de vol, il est envoyé dans une Maison de correction. C'est le début d'une longue trajectoire « délinquante », qui, après des années de vie vagabonde en France et en Espagne, le conduit à la prison en 1942, plus précisément à Fresnes, ou il écrit son premier poème, Le Condamné à mort. En 1948, Genet échappe à la relégation grâce à l'intervention de plusieurs écrivains célèbres. Mais dès cette époque, sa carrière littéraire et théâtrale est bien engagée : Jouvet a monté Les Bonnes en 1947. Auteur discret (malgré sa croissante célébrité), Genet a pris dans les années d'après-guerre certains engagements politiques : défense des « Black Panthers » ou, avec Michel Foucault, des prisonniers et des travailleurs immigrés. Genet est surtout connu pour ses pièces de théâtre : Les Bonnes (1947), Haute Surveillance (1949), Le Balcon (1956), Les Nègres (1958) et Les Paravents (1961). Mais son oeuvre romanesque n'est pas moins importante : Pompes funèbres (1944) Querelle de Brest (1944), Notre-Dame des Fleurs (1946), Miracle de la rose (1947), à quoi il faut ajouter Le Journal d'un voleur (1949), oeuvre autobiographique, et les recueils de poèmes qui ont marque son entrée dans la littérature : Le Condamné à mort (1942), Chants secrets (1945), Poèmes (1948). On a défini Genet comme le poète du vol, de l'homosexualité, du crime et de la trahison. Et il est vrai qu'il a voulu transformer ces « vices » en véritables « vertus théologales » par l'alchimie d'une écriture somptueuse et flamboyante. Avec Genet, c'est tout un univers réprouvé, réprimé et condamné celui des voleurs, des travestis, des traîtres, des assassins, des prostituées, des marginaux qui pénètre dans l'espace littéraire. L'auteur ne décrit pas ce monde de l'extérieur, comme pourrait le faire un journaliste de faits divers ou un écrivain de romans-feuilletons : il fait lui-même partie de ce monde trouble, il est (ou a été) voleur, homosexuel et marginal. Il décrit ce monde concrètement, réalistement, crûment, mais le but de son écriture est de donner à cet « envers » sulfureux du monde celui des « mauvais quartiers », des prisons, des rues louches, etc. tout l'éclat possible. Plus profondément, Genet affirme qu'il s'agit de célébrer « ces humeurs bouleversantes, le sang, le sperme et les larmes ». « Sans doute, écrit-il encore, l'une des fonctions de l'art est-elle de substituer à la foi religieuse l'efficace de la beauté. Au moins cette beauté doit-elle avoir la puissance d'un poème,c'est-à-dire d'un crime. » Il faut donc prendre l'expression : poète du crime, de l'homo-sexualité et du vol au pied de la lettre. C'est en tant que poète, en tant que transmutateur, que Genet aborde l'« envers du monde», dont les lois les plus secrètes sont le désir, la violence, la transgression et la mort. Dès ses premiers vers (dans Le Condamné à Mort), Genet avait pris conscience de cette étrange vocation poétique. « Et fort de cette force ô reine je serai le ministre secret de ton théâtre d'ombres», ainsi apostrophait-il la Mort. Son oeuvre théâtrale reprend, avec la solennité, la violence et l'immédiateté propres au théâtre, la même tâche transformatrice et célébratrice. Pour Genet, le théâtre est avant tout un rite, un cérémonial rigoureux dans lesquels sont à la fois exaltés et exorcisés les fantômes du désir, du crime, de l'amour et surtout de la mort : « Si nous opposons la vie à la scène, c'est que nous pressentons que la scène est un lieu voisin de la mort, où toutes les libertés sont possibles », écrit-il dans Les Lettres à Roger Blin sur les Paravents. Au fil des années, son oeuvre théâtrale acquiert aussi, en filigrane, un sens politique : la peinture des réprouvés est aussi celle des dominés, des marginalisés, des victimes, et par une logique implacable, une dénonciation des bourreaux et des oppresseurs. Ici, vices et vertus, bien et mal, pureté et impureté, amour et cruauté, loi et transgression, etc., échangent indéfiniment leurs signes, et c'est ce qui fait de la lecture de Genet un vertige et une fascination.
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