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GANDHI Mohandas Karamchand, dit le Mahatma

GANDHI Mohandas Karamchand, dit le Mahatma. Homme politique hindou. Né à Porbandar, ville maritime du Kathiawar, le 2 octobre 1867, mort le 30 janvier 1948, assassiné par un fanatique, à Delhi. Il est la personnalité la plus en vue de l'histoire contemporaine des Indes où il domina la scène politique et sociale durant toute la première moitié du XXe siècle. De sa féconde activité, consacrée au mieux-être de ses compatriotes et à l'indépendance de sa patrie, dans le cadre d'une conception philanthropique et humanitaire supérieure, nous sont restés l'oeuvre intitulé Expériences de vérité ou Autobiographie , une masse énorme d'articles divers publiés dans des revues et des périodiques, des discours officiels prononcés aux Indes et en Angleterre, ses nombreuses allocutions de ton familier et paternel, adressées au peuple qui en a gardé, encore de nos jours, un souvenir religieux, ainsi que des lettres de direction destinées au groupe de ses proches disciples, les Lettres à l'Ashram. C'est à vingt ans environ qu'il eut, pendant trois ans, un premier contact direct avec la civilisation occidentale, habitant Londres pour y parfaire ses études juridiques. Il retourna ensuite aux Indes, mais n'y resta pas longtemps. En 1893, il partit pour l'Afrique du Sud où le double idéal qui guidera toute sa vie commença de se manifester — un amour fervent pour l'Inde tout entière (dont l'antique civilisation, la culture et quelques époques glorieuses de son histoire trois fois millénaire lui paraissaient des données intangibles sur lesquelles devait se fonder l'unité nationale), et un besoin inné de remplir un devoir difficile dans un esprit d'amour et de charité envers l'humanité en général. C'est ce généreux élan qui le porta a accomplir son oeuvre de relèvement moral et social auprès des milliers d'Hindous qui vivent en Afrique du Sud; il fonda des colonies agricoles et des hôpitaux, et, à partir de ce moment-là, toute son action visa à faire disparaître les séparations de caste et de religion qui divisaient son peuple. Dans ses rapports et ses inévitables différends avec le gouvernement sud-africain, il inaugura une méthode de lutte, ou, mieux, de résistance qui ne manque pas au respect de la personne humaine et fuit également la révolte armée; il pratiqua déjà en Afrique, en 1906, le Vatyagraha (l'obstination pour la vérité) qui se traduit par la « résistance passive ». A la fin de 1914, il retourna aux Indes et y mena une vie retirée jusqu'en 1918. Dès lors, Gandhi fut pratiquement le chef du mouvement nationaliste. La tactique adoptée en vue de gagner l'indépendance passe d'abord par l'« autonomie » simple, qui se concrétise dans l'« autonomie économique » qu'on atteint au moyen du « refus de coopération », puis par la « désobéissance civile » qui devient alors le symbole de l'« indépendance nationale » (svaray). Gandhi a été pour son peuple un chef et un maître, il La conduit jusqu'au but qu'il avait si ardemment rêvé. Gandhi vit l'Inde indépendante quoique son voeu de cohabitation harmonieuse entre Hindous et Musulmans ne se soit pas encore réalisé; ce fut certainement une douleur pour lui, à laquelle vinrent s'ajouter d'amères désillusions causées par les violences et les massacres qui accompagnèrent la création de l'Union indienne et du Pakis tan. Gandhi, curieuse figure d'ascète hindou, ne passa pas sa vie dans le traditionnel ermitage des bois, mais au contraire, poussé par l'amour infini de sa terre natale et de ses frères, et mises à part quelques retraites, il vécut dans le monde et pratiqua l'ascétisme tout en restant en contact avec les hommes et les méthodes politiques. L'amour (ahimsa) fut son arme pacifique et il nous apparaît tout imprégné de ce sentiment de bonté et de douceur qui est le caractère dominant des disciples de Vishnou. Ses jeûnes répétés et douloureux étaient la preuve de son complet dévouement à sa cause, et ils réveillaient la dévotion des masses, sa parole passionnée les enthousiasmait, ses prières et ses invocations au dieu Ram, récitées en public, touchaient et ravissaient l'auditoire. Sur le plan politique, il opéra par des méthodes nettement opposées à celles qui priment de. nos jours; il avait en horreur la règle selon laquelle la fin justifie les moyens, règle que Kautilta, un maître hindou de la politique, avait, il y a plusieurs siècles, exaltée et mise en pratique avec un réalisme sans scrupules. La manière de procéder que Gandhi prêchait et pratiquait obtint le succès prévu. L'appellation de Mahatma (le magnanime) l'honore et le désigne à la postérité comme une des personnalités de premier plan dans l'histoire de l'Inde. La nouvelle pénible de la mort du « père » (bap) communiquée aux foules, la douleur qu'éprouva le peuple frappé par sa fin tragique, la conservation de ses cendres, religieusement immergées dans les nombreux fleuves sacrés de l'immense pays, révélèrent au monde que l'Inde avait perdu son plus grand saint des temps modernes. ? « Il est simple comme un enfant, doux et poli même avec ses adversaires, d'une sincérité immaculée... Voici l'homme qui a soulevé trois cent millions d'hommes, ébranlé le British Empire, et inauguré dans la politique humaine le plus puissant mouvement depuis près de deux mille ans. » Romain Rolland + « Gandhi vient d'être abattu par un Hindou... C'était trop beau, c'était inespérable cette victoire mystique, où la ferveur spirituelle tienne en respect la brutalité; j'ai le coeur gonflé de sanglots. C'est comme une défaite de Dieu, un recuL » André Gide.



Gandhi, Mohandas Karamchand (Porbandar 1869-Delhi 1948); homme politique indien. Chez G., dont la force de conviction repose sur une personnalité ascétique, se mêlent les cultures de l’Inde ancienne et de l’Europe moderne. Imprégné par la tradition religieuse et l’esprit de la Bhagavad-Gita, le Sermon sur la montagne et Tolstoï, il prône, pour vaincre toutes les injustices, la résistance non violente (satyagraha, la force de l’âme). Après ses études de droit à Londres (1888-1891), il obtient par ce moyen des améliorations considérables du statut des Indiens en Afrique du Sud. En enfreignant la loi de façon délibérée, il s’oppose au gouvernement sans crainte de représailles. De retour en Inde en 1914, il soutient la Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale dans l’espoir d’obtenir l’indépendance politique de son pays. Puis, à la tête du parti du Congrès, il appelle à la désobéissance civile, au refus de la collaboration avec l’administration britannique et au boycott des produits anglais. En 1925, il lance, lors de voyages à travers les villages de l’Inde, une campagne de « bonne volonté » pour mettre un terme au caractère intouchable des parias, auxquels il s’identifiera toute sa vie. Il préconise aussi le retour à la filature manuelle qui est une source de revenus pour les populations appauvries. En 1930, la célèbre marche à la mer, qu’il entreprend pour briser le monopole de l’Etat sur l’extraction du sel, est le début d’un nouveau mouvement de résistance passive. C’est à cette époque que le Mahâtmâ (grande âme) menace de jeûner jusqu’à ce que mort s’ensuive, afin de donner du poids à ses efforts pour éliminer les oppositions de castes et favoriser l’entente entre hindous et musulmans. En 1942, G. encourage à une désobéissance civile qui paralyse les transports militaires britanniques en Inde. Le 15 août 1947, l’indépendance de l’Inde consacre sa lutte. Mais ce triomphe s’accompagne de la partition sanglante du pays entre l’Inde et l’Etat musulman du Pakistan. Un attentat, perpétré par un fanatique hindou, met fin à sa vie le 30 janvier 1948 à Delhi. Bibliographie : R. Rolland, Mahâtmâ Gandhi, 1924 ; O. Lacombe, Gandhi ou la Force de l’âme, 1964.

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