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GAMBETTA Léon. Homme politique français

GAMBETTA Léon. Homme politique français. Né à Cahors le 2 avril 1838; mort à Paris le 31 décembre 1882. Après avoir été un brillant élève du lycée de Cahors, sa ville natale, il arrive à Paris en 1857, suit les cours de droit et se sert déjà de sa puissante éloquence méridionale pour exalter la République devant ses camarades du Quartier latin. Devenu avocat, sa défense retentissante du député Baudin, poursuivi par le gouvernement impérial en 1868, le fait élire lui-même un an plus tard à l'Assemblée où il ne manque aucune occasion d'attaquer le régime. Après s'être opposé à la guerre de 1870, tout en étant persuadé de la victoire française, il proclame au lendemain de Sedan la déchéance de l'empereur devant le Corps législatif et la République à l'Hôtel de Ville. Ministre de l'intérieur dans le gouvernement de la Défense nationale, il presse vainement ses collègues de se réfugier dans une ville de province pour garder toute leur liberté de manoeuvre. Lorsque la délégation envoyée dans cette fin à Tours se révélé insuffisante, Gambetta quitte en ballon Paris encerclé, le 7 octobre 1870, et prend en main la résistance militaire. Peut-être l'armée qu'il réussit à lever aurait-elle dégagé Paris si la capitulation de Metz, intervenue entre-temps, n'avait alors libéré de puissants renforts allemands. Triomphalement réélu en 1871 à l'Assemblée Nationale par neuf départements, il choisit de représenter Strasbourg, mais proteste en donnant sa démission lorsque l'Assemblée ratifie le traité de Francfort. Après une nouvelle réélection en juillet, il consacre désormais tous ses efforts à l'établissement de la République : malgré les conseils de prudence de Thiers, il parcourt la France et prononce des discours enflammés contre la majorité monarchiste, à Grenoble en particulier, en novembre 1872, où il déclare que le pouvoir doit passer « à de nouvelles couches sociales». Tribun fiévreux, il sait cependant se soumettre aux possibilités réelles de la politique et son rôle modérateur à l'intérieur du parti républicain permettra l'adoption de la Constitution de 1875. Aux yeux des foules, il reste le porte-parole intransigeant du parti, le plus terrible adversaire de l'« ordre moral » qui lance, quelques jours après le coup d'Etat parlementaire du 16 mai, la fameuse formule : « Le cléricalisme, voilà l'ennemi ! » et dont le journal, La République française, est un des plus influents de l'époque. Après l'abdication de Mac-Mahon, ayant refusé lui-même d'être porté candidat à la présidence de la République, il fait élire Grévy, accède à la présidence de la Chambre en 1879, fait campagne en 1881 pour imposer le scrutin de liste et forme la même année le « grand ministère », assuré d'une large majorité à la Chambre. Mais les manières autoritaires de Gambetta suscitent de nombreuses attaques : accusé de prétendre à la dictature, il doit démissionner en janvier 1882 et meurt d'une perforation intestinale (certains avancèrent l'hypothèse d'un coup de revolver), dans sa maison des Jardies, où il habitait avec sa maîtresse Léonie Léon.

Gambetta, Léon (Cahors 1838-Ville-d’Avray 1882) ; homme politique français. Sous le Second Empire, personne n’incarne mieux l’idée de la République que G., fils d’une Gasconne et d’un commerçant génois. Doué d’une intelligence exceptionnelle, d’un enthousiasme débordant, d’une rhétorique imagée, il est un mélange explosif de bohème et de tribun populaire. Après avoir attaqué avec insistance le régime napoléonien au cours d’un procès politique (nov. 1868), il devient le porte-parole des républicains intransigeants. Il lance pour les élections de 1869 le célèbre « programme de Belleville », dont les revendications seront reprises dans le programme classique des radicaux-socialistes (suffrage universel ; liberté sans condition de réunion, d’association et de la presse ; séparation de l’Eglise et de l’État ; enseignement laïque, gratuit et obligatoire). Après la défaite de Sedan commence sa carrière d’homme politique. Il proclame la République avec Jules Favre le 4 septembre 1870 et s’octroie le ministère de l’intérieur du « gouvernement provisoire de défense nationale ». Il quitte la capitale assiégée en ballon libre pour organiser à partir de la province la poursuite illimitée de la guerre, même après la capitulation de Paris. On retrouve une nouvelle fois en lui ce mélange de républicanisme et de patriotisme passionné. Mais la résistance à sa volonté dictatoriale de poursuivre la guerre se fait si forte du côté des éléments modérés et enclins à la paix comme Thiers qu’il ne peut s’imposer et doit démissionner le 6 février 1871. Bien qu’il se soit opposé à l’élection d’une Assemblée nationale, il pose sa candidature et il est élu dans neuf départements. Mais il démissionne en guise de protestation contre le traité de Francfort. Élu de nouveau, il se fait l’âme de l’agitation républicaine dans une Chambre à majorité monarchiste et réactionnaire. Après la prise du pouvoir par le monarchiste Mac-Mahon, il met au point une tactique plus modérée, plus subtile, se rapproche des fractions du centre et permet ainsi l’institutionnalisation de la République et l’adoption de la Constitution de 1875. Il fait vaincre la cause de la République contre le coup d’État de 1877. Il se débarrasse dès lors de tout radicalisme et devient l’un des dirigeants des « opportunistes ». En tant que président de la Chambre, il exerce une influence importante sur les gouvernements. Longtemps écarté du pouvoir par la méfiance de Ferry et de Grévy, il ne peut former lui-même un cabinet qu’après la victoire écrasante des républicains en novembre 1881 : un cabinet qui n’existera que du 14 novembre 1881 au 27 janvier 1882. G. sera victime d’une coalition d’extrême gauche et d’extrême droite en voulant instituer le scrutin de liste dont il attend une majorité plus solide et un exécutif renforcé. Il meurt prématurément dans le courant de la même année. Mais il avait déjà marqué de façon décisive les fondements intellectuels et politiques de la IIIe République. Dans son célèbre discours de Cherbourg de 1880, par exemple, dans lequel il démontre que l’idée de revanche dépasse le cadre d’un nationalisme borné : il explique que le droit peut venir à bout des grandes iniquités et que la justice immanente triomphera. Cela signifie que la France n’a pas à reconquérir par la guerre les provinces perdues mais qu’elle doit mener une politique qui lui permette de défendre, avec toute la persévérance nécessaire, ce qu’elle considère comme son droit. Cette thèse de G. a déterminé la politique française pendant des décennies.

Bibliographie : P. Chanlaine, Gambetta, père de la République, 1932 ; H. Dutrait-Crozon, Gambetta et la défense nationale, 1934 ; R. Cartier, Léon Gambetta, Lyon, 1946 ; J. Chastenet, Gambetta, 1968.

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