galimatias
Ce terme est emprunté à la rhétorique française prescriptive du xviie siècle. Le galimatias s’interprète en relation avec la théorie des niveaux de style. D’après le Dictionnaire de l’Académie (1694), c’est un discours embrouillé & confus, qui semble dire quelque chose et ne dit rien : tout ce qu ’il dit, tout ce qu ’il écrit n ’est que galimatias, un vrai galimatias, du pur galimatias, du plus fin galimatias. Mais il y a un problème du galimatias. Il s’agit donc du qualificatif d’un discours considéré comme tout à fait vicieux par son style. Le commentaire qu’en donne l'Académie [1re éd.] établit une opposition entre l’apparence de sens et le vide de fait. D’où viennent cette contradiction et cette vacuité, qui constituent la source essentielle du reproche ? De la confusion embrouillée, répondra-t-on. Or, c’est ce point qui est intéressant. L’impression est effectivement produite à partir des réalisations du haut ou du grand style, c’est-à-dire du style élevé ou même sublime.
Celui-ci peut donc être raté : on a alors l’enflure, l’affectation, qui sont comme autant de défauts du style abondant et fleuri. Ce qui est notable en l’occurrence, ce n’est pas seulement l’idée d’un symétrique, ou d’un couplage, entre des qualités et des vices, symétrique ou couplage dont la vraie nature n’est pas si facile à penser, en termes de tension ou d’équilibre, d’excès ou de milieu ; c’est surtout l’idée de l’échec possible dans la perfection et la hauteur mêmes. Or, cet échec ne semble pouvoir venir que d’un excès : on n’a pas de terme pour qualifier l’échec du même style par manque, et l’échec par excès répond cependant à une maximalisation du caractère stylistique majeur dans la catégorie. On peut donc être trop beau. Redoutable problème du goût.
=> Élocution, composition; style, niveau; qualités, vices; élevé, sublime; enflure, affecté, abondant, fleuri; clarté.