GALILÉE (Galileo Galilei)
GALILÉE (Galileo Galilei). Savant italien. Né le 15 février 1546 à Pise (Toscane), mort le 8 janvier 1642 à Arcetri (Florence). Vers la moitié du XIVe siècle, la famille Galilée était fort connue dans la République Florentine. Le père de Galilée, Vincenzo, fut un compositeur de musique très apprécié. Il envoya son fils suivre les cours de médecine à l'université de Pise, mais Galilée ne tarda pas à s'adonner à la géométrie, à l'astronomie et à la physique, sans négliger pour autant les études humanistes. Ses communications scientifiques, surtout celles qu'il désirait faire connaître à l'étranger, sont rédigées en latin, langue alors utilisée dans les relations internationales. Mais son italien est fort beau, son style brillant, caustique parfois; il y montre une grande originalité de conception et une force de raisonnement tout à fait exceptionnelle. Après avoir abandonné la médecine et s'être tourné vers l'étude des problèmes de « philosophie naturelle », il saisit rapidement ce qu'il fallait abandonner des dogmes de la vieille philosophie péripatéticienne, et ce qui devait être renouvelé d'après l'observation et l'expérience. Ayant laissé tomber des objets de poids divers du haut de la tour de Pise, et avoir observé le mouvement oscillatoire de la grande lampe suspendue dans la nef principale de la cathédrale, il parvint à une conclusion qui troubla grandement les vieux maîtres de l'école pisane v. Du centre de gravité des corps solides ; du Mouvement ; les Mécaniques ; du Mouvement accéléré. Ostilio Ricci, qui enseignait les mathématiques aux pages du grand-duc de Toscane, et le père jésuite Cristoforo Clavio, du Collège Romain, surnommé « l'Euclide du seizième siècle, » amenèrent Galilée à la connaissance des Eléments d'Euclide et des oeuvres d'Archimède. Il en résulta l'invention de la « balance hydrostatique », qui allait être employée quelques années plus tard par les Académiciens des Essais pour la détermination des poids spécifiques La Petite Balance [La Bilancetta]. L'étudiant de Pise se fit rapidement remarquer, et en 1589 il se vit confier la chaire de mathématiques à l'université de Pise. Mais ses idées révolutionnaires en sciences, jointes à son caractère caustique et moqueur, ne tardèrent pas à lui créer des ennemis, et il fut contraint de changer de résidence. C'est de cette époque que date un petit poème audacieux intitulé Contre le port de la toge, dans lequel Galilée tourne en ridicule le règlement obligeant les professeurs de Pise à porter la toge même au dehors de l'université. L'invitation du doge de Venise fut opportune; adressée à « Monsieur Galilée qui enseigne à Pise avec un grand succès les mathématiques, sciences dans lesquelles il est passé maître », elle le priait de venir enseigner dans la célèbre université de Padoue. Galilée était chargé de la géométrie, de la cosmographie, de la théorie des planètes, enseignement fondé alors sur L'Almageste , c'est-à-dire les fondements de l'astronomie de Ptolémée, les Éléments d'Euclide et la mécanique d'Aristote. Ainsi passèrent dix-sept années tranquilles. En 1597, Galilée déclarait à son maître Jacopo Mazzoni que le système compliqué de Ptolémée correspondait mal aux observations et ne le satisfaisait pas. Le système de Copernic lui paraissait infiniment supérieur. Ecrivant à son collègue et ami Kepler, qui se trouvait alors à Graz, il affirmait de même que, depuis déjà plusieurs années, il s'était converti au système de Copernic. Cela provoqua une grande révolution dans la pensée scientifique et religieuse de l'époque. Selon la coutume du temps, les amis et les disciples de Galilée vivaient dans sa maison de Padoue, non loin de la basilique Saint-Antoine. C'était là également qu'il donnait des leçons privées. En 1604, une nouvelle étoile apparut dans le ciel. Ce n'était pas la première fois qu'un tel phénomène se produisait. L'astronome danois Tycho Brahé en avait observé une beaucoup plus lumineuse en 1572. Comme ces apparitions suscitaient un grand intérêt général et des superstitions, Galilée fut appelé à donner son avis sur la nature du phénomène, et à dire s'il s'agissait d'une étoile fixe ou d'une planète. En trois leçons, qui furent suivies par une foule d'étudiants et d'auditeurs, Galilée tenta d'expliquer les particularités du nouvel astre, qu'il ne pouvait observer qu'avec des moyens rudimentaires, sans appareil d'optique. Poussé sans doute par le désir d'en savoir davantage sur les astres, Galilée, ayant appris qu'un instrument d'optique permettant de voir de plus près les objets éloignés venait d'être construit en Hollande, chercha à en fabriquer un, et y parvint au cours de l'été 1609. Le sommet de sa pensée scientifique apparaît dans les faits qui suivirent. Galilée avait transformé l'instrument que l'on avait utilisé au-delà des Alpes à des fins pratiques, telles que la navigation et la guerre, en un puissant moyen d'étudier le ciel. Il put ainsi commencer les observations et découvertes qui, depuis son époque, nous ont permis de parvenir à une plus grande connaissance de l'univers qui nous entoure. Enthousiasmé par les découvertes que lui permettait son nouvel instrument, Galilée remercia Dieu qui lui donnait à lui, le premier de tous, la possibilité de contempler des choses si merveilleuses, ignorées pendant des siècles. Cette émotion, il la traduisit dans l'opuscule Le Messager astral , rédigé d'abord en italien et ensuite en latin. Il adressa les premières copies à Belisario Vinta, conseiller et secrétaire du grand-duc, et à ses amis florentins; elles soulevèrent un grand enthousiasme et de vives discussions. Tommaso Campanella, de sa prison de Naples, écrivait : « Après ton message, ô Galilée, toute la science doit se renouveler. » Kepler se montra d'abord défiant, puis s'étant servi lui aussi d'une bonne lunette, il s'enthousiasma à son tour pour les merveilleuses découvertes. En ce qui concerne la question de la nature des taches solaires Histoire et démonstrations concernant les taches solaires et leurs accidents la gloire de Galilée ne fut pas de les avoir découvertes, car d'autres que lui, et lui-même, les avaient déjà observées précédemment, mais provint de sa compréhension rapide et précise du phénomène et de ses diverses manifestations, aucun de ses contemporains n'étant parvenu à saisir sa véritable nature. L'astronome observa également l'étrange aspect de Saturne, qui lui parut composé de « trois corps », c'est-à-dire semblable à un disque accompagné de deux autres corps plus petits, de même forme et de même grandeur. Ses lunettes n'étaient pas assez perfectionnées pour lui permettre de voir qu'il s'agissait d'un anneau entourant le globe de Saturne. Le phénomène des phases de Vénus, qu'il avait déjà discuté avec son disciple le Père Benedetto Castelli, complétait ses découvertes astronomiques, et lui donnait une preuve importante, mais non encore décisive, du mouvement de Vénus autour du Soleil. Galilée conclut en outre que toutes les planètes sont obscures et réfléchissent la lumière solaire. La renommée acquise à Galilée par ses cours, ses travaux et ses découvertes, amenèrent le grand-duc de Toscane à le nommer « premier mathématicien de la cour et de l'université de Pise». Le savant accueillit avec joie l'invitation, car il avait toujours désiré retourner à Florence; il se savait pas qu'il ne jouirait plus de cette liberté et de l'aide qu'il avait toujours reçue de la République Sérénissime. En septembre 1610, il partit pour Florence. A cette époque, Galilée cherchait à établir la loi du mouvement des quatre satellites entourant Jupiter pour pouvoir prédire leurs positions respectives. Cela lui aurait permis de résoudre le problème qui consistait à déterminer la longitude en mer. Les Pays-Bas avaient offert un prix à qui trouverait une solution. Au début de 1611, Galilée se rendit à Rome, où il exposa le résultat de ses travaux devant les autorités ecclésiastiques et les hauts dignitaires de la cour papale. Plusieurs furent persuadés, d'autres pensèrent que ce n'étaient là qu'illusions Réponse aux oppositions de M. Ludovico delle Colombe et de M. Vincenzo di Grazia. Revenu à Florence, Galilée fut l'hôte de son ami, le duc Filippo Salviati immortalisé comme un des interlocuteurs du Dialogue sur les deux grands systèmes du monde dans sa villa des environs de Florence, où l'astronome eut l'occasion de faire d'autres découvertes sur les taches solaires. Un des problèmes de la « philosophie naturelle » alors en discussion, était celui de la condensation et de la raréfaction de l'eau. A la suite de diverses expériences, Galilée publia son Discours sur les corps flottants, puis son Expérimentateur. Le Père Benedetto Castelli, qui enseignait la physique et les mathématiques au jeune prince Laurent de Médicis, était souvent invité à la table grand-ducale et, à ces occasions, on discutait des récentes découvertes de Galilée et de la question du mouvement de la Terre, qui semblait contraire aux Écritures. Ayant entendu parler de ces discussions, Galilée écrivit la lettre bien connue Lettre à Christine de Lorraine , dans laquelle, examinant en particulier « le problème de la Sainte Écriture en relation avec les événements naturels », il traitait à fond la question théologique, et définissait de maniéré admirable les limites entre la Science et la Foi. Cette lettre, la Lettre à don Benedetto Castelli et celle à Monseigneur Piero Dini furent rapidement diffusées, et soulevèrent de nombreuses discussions entre les amis et les opposants de Galilée. Parmi ces derniers, le plus acharné fut le Père dominicain Tommaso Caccini qui, prêchant en l'église de S. Maria Novella de Florence sur le miracle de Josué, se déchaînait contre les personnes qui s'occupaient de sujets scientifiques, spécialement de mathématiques, « art du diable », et en particulier contre Galilée. A la suite de ces contestations, le Saint-Office examina les oeuvres de Galilée, et décida qu'il enseignait des doctrines hétérodoxes en philosophie et en théologie. Pour tenter de se défendre, le savant se rendit à Rome où Grégoire XV le reçut avec bienveillance, mais le Saint-Office lui interdit d'enseigner ou de défendre la doctrine du système héliocentrique. De retour à Florence, Galilée fit néanmoins part à Belisario Vinta de son intention d'écrire un livre sur le système et la construction de l'Univers, oeuvre fondée sur la philosophie, l'astronomie et la géométrie. Il élabora donc son fameux Dialogue sur les grands systèmes du monde. Entre temps, le cardinal Maffeo Barberini, qui lui avait toujours montré de l'estime et de la bienveillance, était monté sur le trône papal sous le nom d'Urbain VIII, et Galilée pensa obtenir facilement l'imprimatur pour son livre. Il le reçut en effet en 1632, mais, semble-t-il, sans le consentement direct du pape. Et Urbain VIII ne tarda pas à déclarer que le Dialogue était une oeuvre abominable, et plus dangereuse pour l'Église que les ouvrages de Luther et de Calvin. La diffusion fut suspendue; Galilée, dénoncé par le Saint-Office, fut appelé à Rome. Après son procès, en 1633, on lui accorda, comme il se trouvait très malade, la permission de retourner dans sa villa des environs de Florence. Un siècle plus tard seulement, en 1728, l'astronome royal de Greenwich, ayant découvert le phénomène de l'éclipse de la Lune et donné ainsi une preuve indiscutable, tant recherchée par Galilée, du mouvement de la Terre autour du Soleil, l'Église retira le Dialogue de la liste des livres mis à l'index. Malgré son âge avancé et sa mauvaise santé, Galilée, dans sa « prison » comme il la nommait, continua ses travaux, assisté de ses fidèles disciples : Vincenzo Viviani, Benedetto Castelli, Evangelista Torricelli. C'est de cette époque que date son oeuvre immortelle sur la résistance des corps et sur la dynamique, intitulée Discours sur les sciences nouvelles . Peu avant sa mort, Galilée inventait, avec l'aide de Viviani, un système de roues (« l'échappement ») réglé par un pendule, première idée de l'horloge à pendule que devait développer plus tard Christian Huyghens. C'est également de cette époque que date l'ouvrage sur les « opérations astronomiques », dans lequel Galilée prévoyait le progrès futur des recherches astronomiques. Dans ses dernières années, devenu aveugle, il regrettait non pas d'avoir perdu la vision des choses terrestres, mais celle de l'univers sidéral. Il a laissé une Correspondance (1604-1642).
? « Un très grand homme. » Huyghens. ? « Si Bacon est considéré simplement comme auteur et comme philosophe, quoique très estimable sous ce point de vue, il est fort inférieur à Galilée, son contemporain. Bacon a montré de loin la route de la vraie philosophie; Galilée l'a non seulement montrée, mais il y a marché lui-même à grands pas. » Hume. ? « Que n'avons-nous pas dit du grand Galilée, le restaurateur et la victime de la raison en Italie, que Descartes eut le malheur de ne citer jamais ! » Voltaire. + Newton, dont le génie a surpassé l'esprit humain, a peut-être commis plus d'erreurs que Galilée. Nous devons admirer dans Galilée un philosophe, un géomètre, un mécanicien, et un astronome qui n'avait pas moins de pratique que de théorie; celui qui a dissipé les erreurs de l'ancienne école, l'écrivain le plus solide et le plus élégant qu'ait produit l'Italie; le maître de Torricelli, de Castelli, Aggiunti, Viviani, Borelli et Candide Del Bueno. » Encyclopédie de Diderot. ? « Qui sait jusqu'où il serait parvenu en fait de connaissances sur le système du monde, et combien il aurait enrichi encore toutes les branches de la physique et de la philosophie naturelle, si l'on n'eût pas comprimé l'essor de son génie ! Que d'idées ingénieuses, de germes féconds anéantis avec les écrits de ce grand philosophe ! » Libri. « Galilée était d'un caractère aimable et gai, d'un aspect agréable, surtout dans sa vieillesse, d'une taille moyenne et d'un tempérament assez fort; il aimait à vivre à la campagne, où ses délassements favoris étaient la culture de son jardin et la conversation de ses amis. » Michaud. ? « Galilée... n'est pas précisément l'auteur d'une théorie du mécanisme universel, mais il y conduit, en créant une science physicomathématique de la nature, capable de prévoir les phénomènes. Il ne dit pas ce que sont les choses, mais il montre, par l'épreuve, que les mathématiques, avec leurs triangles, leurs cercles et leur figures géométriques, sont le seul langage capable de déchiffrer le livre de la nature. » Émile Bréhier.
GALILÉE, Galileo Galilei, en fr. (Pise, 1564-Arcetri, 1642). Mathématicien, physicien et astronome italien. Il fut l'un des fondateurs de la mécanique moderne et de la science expérimentale. Il découvrit la loi de la chute des corps dans le vide (contraire à la théorie d'Aristote), énonça une première formulation du principe de l'inertie et établit les lois du pendule. Inventeur d'un des premiers microscopes, il fabriqua la lunette qui porte son nom ( 1609) et observa les reliefs de la lune, les principaux satellites de Jupiter, les anneaux de Saturne et les phases de Vénus. Rallié au système du monde proposé par Copernic affirmant la rotation de la terre autour du soleil - en contradiction avec la conception géocentrique de son époque -, il fut condamné par le tribunal de l'inquisition qui le fit abjurer ( 1633) et aurait prononcé cette affirmation célèbre : « Et pourtant, elle se meut ! »