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GADENNE Paul. Romancier français

GADENNE Paul. Romancier français. Né à Armentières (Nord) le 4 avril 1907, mort à Cambo (Pyrénées-Atlantiques) le 1er mai 1956. Enfance à Boulogne-sur-Mer puis études à Paris, au collège de Passy. Il fait sa première supérieure au lycée Janson de Sailly. Agrégation de lettres en 1931. Nommé professeur en 1932 dans un lycée de Rouen. Contracte en 1933 une mauvaise grippe qui dégénère en tuberculose. Cure de près d'une année dans un sanatorium de Haute-Savoie. Reprend le professorat en octobre 1934 à Gap. On l'opère d'une tuberculose rénale en 1935. Il entre de nouveau en sanatorium en 1939 pour une tuberculose pulmonaire contre laquelle on ne pourra rien. Au moment de l'Occupation, Paul Gadenne s'installe à Bayonne, où il se marie et où il demeurera jusqu'en 1951 avant de s'établir à Cambo. Il enseigne de nouveau avant de séjourner à Paris puis à Vence. A la faveur d'un roman posthume, Les Hauts Quartiers (1973), on a redécouvert Paul Gadenne. Dès ses débuts, avec Siloë (1941), un écrivain aussi attentif que Marcel Arland soulignait « la grâce, la plénitude et la force des thèmes ». Siloë est un roman en partie autobiographique, sorte de quête du bon usage de la maladie. La guerre finie, Paul Gadenne se trouva au carrefour du roman traditionnel et des voies nouvelles qui s'ouvraient à ce genre. Il put un moment être considéré comme un tenant du « roman blanc », du « roman de l'errance », termes à quoi devait se substituer plus tard celui de « nouveau roman ». Le Vent noir (1947) est en effet une histoire d'amour qui se dissout dans un Paris volontairement réduit à des décors banalisés. La pâte un peu lourde de Paul Gadenne allait s'épurer dans La Rue profonde (1948), L'Avenue (1949), La Place de Scheveningen (1952) puis dans L'Invitation chez les Stirl (1955). Les Hauts Quartiers (publ. 1973), roman qui appartient sans doute à sa première manière, débouche sur les préoccupations profondes du romancier. Le protagoniste, encore un malade, est plus qu'aucun autre sensible à la fragilité du monde, à la médiocrité des gens qui le peuplent. Et pourtant ce personnage, lentement réduit à la misère, se retranche dans sa solitude d'où il regarde la vaine agitation des autres sans la condamner irrémédiablement. Critique littéraire, Paul Gadenne a donné des chroniques dans lesquelles se dévoilent les recherches qu'il poursuivait à travers le roman. Dans l'une d'elles, parue en 1951 dans Les Cahiers du Sud , il étudie Molloy de Samuel Beckett. Qu'il ait placé en tête de son article deux citations significatives indique déjà ses orientations. L'une d'elles est tirée de La Dialectique existentielle du divin et de l'humain, de Nicolas Berdiaev : « L'homme moderne, en voie de décomposition, se laisse séduire par le non-être... Il n'y a pas de nature humaine invariable... L'homme doit se renouveler sans cesse, c'est-à-dire dévoiler la plénitude de son humanité. » L'autre est d'Antonin Artaud : « C'est l'intervention millénaire de l'homme qui a fini par nous corrompre le divin. » Paul Gadenne refuse la complaisance à soi-même, « à aller vers le bas », qu'il décèle dans Molloy. Tournant par ailleurs le dos aux prétentions « objectâtes » du « nouveau roman », il déclare : « L'homme veut faire croire qu'il n'est pas là, mais ne veut pas pour autant renoncer à ses préférences, et il lui est aussi difficile de s'annuler complètement et de vivre radicalement son désespoir que de croire aux valeurs toutes faites. » Voilà qui éclaire l'ensemble de l'oeuvre et l'orientation que comptait lui donner l'écrivain.

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