FROMENTIN Eugène

1820-1876 Romancier et peintre, né à La Rochelle. L’adolescence de ce provincial, « monté » à Paris trop vite, est assaillie abruptement par un amour passionné, et un bonheur cruellement bref (il voit mourir sa jeune amie). Fromentin sera d’abord un peintre, qui, comme Delacroix - mais bien après -, découvre les chauds décors et les scènes animées, voire brutales, de l’Algérie. De plusieurs séjours en Afrique du Nord, il rapporte peintures et notes de voyage, également hautes en couleur (George Sand va saluer aussitôt ses premiers essais littéraires). Il se risque alors à publier un roman, Dominique (1863). C’est, au surplus, une tout autre tonalité que Fromentin semble chérir désormais : la demi-teinte. Lente confidence, assourdie et comme voilée de pudeur, Dominique relate une passion interrompue avant d’avoir vraiment commencé : Très jeune encore, Dominique de Bray a conçu un amour ardent pour Madeleine, mais elle s’est mariée ; et il s’en va. Quand, bien plus tard, il mourra dans sa campagne natale, il devra reconnaître qu’il part résigné plutôt que vraiment apaisé. À l’arrière-plan de ce poignant récit, les paysages campagnards (et, par exemple, les célèbres « trembles ») surprennent d’abord par leur grisaille, et, pour finir, attachent plus sûrement le lecteur que, naguère, les truculences exotiques du peintre Fromentin. Cette curieuse élégie romanesque est unique en notre littérature.