froideur

La froideur est un vice du style. Les lexicographes du xviie siècle présentent à ce sujet un ensemble d’expressions, sans doute assez exhaustives par rapport au stock relativement limité d’emplois réellement possibles, et bien centrées autour d’une valeur particulière. On dit qu ’un esprit est froid, qu ’un style est froid, qu ’un discours est froid, qu’une pointe est froide, qu’un orateur est froid, pour dire qu’ils sont fades, qu’ils n’ont rien qui pique, qui éveille l’esprit, qui émeuve les passions. C’est une platitude, qui apparaît sans agrément, qui ne touche point. On parle donc des ouvrages de l’esprit, en commençant par l’esprit lui-même, en présentant ses œuvres sous la forme de son discours, de son style, plus particulièrement dans les espèces de la pointe. La froideur est donc liée à la fois au caractère de l’orateur, voire à ses mœurs - ce serait un trait éthique -, et à la façon dont ces mêmes traits et caractères sont ressentis par les destinataires au contact de ses productions qui en sont imprégnées. C’est un défaut, un manque, qui a pour conséquence immédiate et essentielle d’empêcher la réalisation des deux fins principales de toute entreprise rhétorique : plaire et toucher. Cette froideur est surtout appréhendée négativement par rapport à des moyens stylistiques sagacement requis : la pointe et la raillerie, qui sont plutôt rendus impossibles en cas de froideur. De la même manière, si les passions des auditeurs ou des lecteurs ne sont point excitées, les propos sont de nul effet. C’est dans la forme de l’expression verbale, on le voit, que s’insémine la qualité dont va dépendre toute la portée du discours. La froideur n’est ainsi que la désignation de la mort du verbe.

=> Orateur, style, élocution; discours; qualités, vices;plaire, toucher, passions, mœurs; pointe, raillerie, sel, emphase.