Friedrich NIETZSCHE: Mes droits

« - Mes droits : ce sont cette partie de ma puissance que les autres non seulement m'ont reconnue, mais où ils veulent même me maintenir. Comment les autres en sont-ils venus là? Tout d'abord : par leur astuce; leur peur et leur prudence : soit qu'en échange ils attendent de nous quelque chose d'équivalent (la protection de leurs droits), soit qu'ils tiennent pour dangereux et dépourvu de sens un combat avec nous, soit qu'ils voient dans tout affaiblissement de notre force un désavantage pour eux, car nous serions désormais impropres à nous allier avec eux contre une troisième puissance hostile. Ensuite : par présent et cession. Dans ce cas les autres disposent d'une puissance assez abondante et même surabondante pour pouvoir en céder une partie et même en garantir la possession à celui auquel ils l'ont donnée: cas où l'on présuppose un faible sentiment de puissance chez celui qui accepte le présent. Ainsi naissent les droits : degrés de puissance reconnus et garantis. Si les rapports de puissance subissent une modification essentielle, des droits disparaissent et il s'en forme de nouveaux, - ce que prouve le droit international, avec ses disparitions et ses naissances perpétuelles ... Là où règne le droit, on maintient un certain état et degré de puissance, on s'oppose à son accroissement et à sa diminution. Le droit des autres est une concession faite par notre sentiment de puissance au sentiment de puissance de ces autres. »