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Freud: L'inconscient psychique

La découverte fondamentale de la psychanalyse consiste à poser l'existence d'un inconscient psychique et, du même coup, à ne plus considérer que la vie psychique se réduit à la conscience.

Problématique

L'hypothèse de l'inconscient psychique est la base de toute la théorie psychanalytique. La conscience n'est plus, dans un tel contexte, qu'une qualité attachée à certains phénomènes psychiques. L'expérience commune permet d'observer que certaines représentations conscientes à tel moment, ne le sont plus un peu plus tard et peuvent le redevenir, ce qui prouve déjà l'existence d'états psychiques qui échappent à la conscience.

Enjeux

Si la conscience n'est plus qu'une sorte d'épiphénomène de la vie psychique, la notion du sujet censé être maître de ses représentations et de ses actes devient problématique. Et pourtant, le fait même d'entreprendre une analyse est la preuve que le patient désire retrouver une souveraineté perdue, désire par conséquent redevenir un sujet.

L'inconscient psychique

La division du psychique en un psychique conscient et un psychique inconscient constitue la prémisse fondamentale de la psychanalyse, sans laquelle elle serait incapable de comprendre les processus pathologiques, aussi fréquents que graves, de la vie psychique et de les faire rentrer dans le cadre de la science. Encore une fois, en d'autres termes : la psychanalyse se refuse à considérer la conscience comme formant l'essence même de la vie psychique, mais voit dans la conscience une simple qualité de celle-ci, pouvant coexister avec d'autres qualités ou faire défaut. [...] La plupart des gens possédant une culture philosophique sont absolument incapables de comprendre qu'un fait psychique puisse n'être abstraction faite de ce qu'ils peuvent avoir de pathologique, nous imposent la manière de voir que je viens de formuler. En revanche, leur psychologie fondée sur l'omniprésence de la conscience est incapable de résoudre les problèmes en rapport avec l'hypnose et le rêve. "Etre conscient" est avant tout une expression purement descriptive et se rapporte à la perception la plus immédiate et la plus certaine. Mais l'expérience nous montre qu'un élément psychique, une représentation par exemple, n'est jamais conscient d'une façon permanente. Ce qui caractérise plutôt les éléments psychiques, c'est la disparition rapide de leur état conscient. [...] Dans l'intervalle, nous ignorons ce qu'elle est, nous pouvons dire qu'elle est latente, entendant par là qu'elle est capable à tout instant de devenir consciente. En disant qu'une représentation est restée, dans l'intervalle, inconsciente, nous formulons encore une définition correcte, cet état inconscient coïncidant avec l'état latent et l'aptitude à revenir à la conscience.

  1. prémisse : principe fondamental, proposition considérée comme vraie et qui sert de point de départ à une théorie, à un ensemble de raisonnements.
  2. pathologique : qui relève de la maladie, qui manifeste l'existence d'une maladie, ou, en tout cas, d'un trouble anormal.
  3. conscience : sentiment qu'un individu a de ses états intérieurs, psychiques, et de ses actes. La conscience est le siège de cette perception. Elle est constituée de tous les sentiments, pensées, idées que je puis avoir en sachant que je les ai. L'inconscient est au contraire la partie du psychisme qui, sans être consciente, a cependant sa vie propre et agit sur nous.
  4. hypnose: état psychique artificiellement provoqué, intermédiaire entre la veille et le sommeil, dans lequel le sujet n'est plus conscient, mais dans lequel il peut cependant parler ou agir sur les ordres de l'hypnotiseur.
  5. expérience : Freud reproche essentiellement aux philosophes de ne pas observer directement la réalité des phénomènes psychiques, et de se contenter de conceptions traditionnelles. En fait, sa critique est excessive, dans la mesure où Descartes et Leibniz envisageaient déjà l'existence d'une vie inconsciente de l'esprit, mais sans le caractère dynamique que va lui conférer Freud.

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