Freud: La civilisation contraire au bonheur
Dans notre civilisation, la sociabilité exige que chacun s'efforce de limiter ses pulsions, notamment sexuelles et agressives, pour que la sécurité de fous soit garantie. Dans les sociétés primitives au contraire, certains individus, les chefs, jouissaient d'une liberté pulsionnelle sans limites, et par conséquent de moins de sécurité.
Problématique
La vie dans nos sociétés modernes place l'individu dans une situation contradictoire. D'un côté elle lui promet la satisfaction de ses besoins, grâce à la production de biens de consommation, grâce aux techniques, mais de l'autre elle impose des limitations à ses pulsions. Dans cette perspective, exigence de bonheur paraît impossible à satisfaire.
Enjeux
L'homme a-t-il perdu la possibilité de vivre selon ses pulsions primitives en quittant l'état de nature ? La société moderne offre de nombreuses occasions ou de nombreux dérivatifs à la sexualité, à l'agressivité. On peut cependant se demander si la société est bien faite pour l'homme, pour le libre déploiement de l'individu. Freud condamne-t-il alors toutes les utopies ?
La civilisation contraire au bonheur
Si la civilisation impose d'aussi lourds sacrifices, non seulement à la sexualité mais encore à l'agressivité, nous comprenons mieux qu'il soit si difficile à l'homme d'y trouver son bonheur. En ce sens, l'homme primitif avait en fait la part belle puisqu'il ne connaissait aucune restriction à ses instincts. En revanche, sa certitude de jouir longtemps d'un tel bonheur était très minime. L'homme civilisé a fait l'échange d'une part de bonheur possible contre une part de sécurité. [...] Si nous reprochons à juste titre à notre civilisation actuelle de réaliser aussi insuffisamment un ordre vital propre à nous rendre heureux, [...] nous nous familiariserons peut-être avec cette idée que certaines difficultés existantes sont intimement liées à son essence et ne sauraient céder à aucune tentative de réforme.
- civilisation : état de société organisée, par opposition à un état de nature primitif. C'est donc ici le sens ancien du mot, qui opposait la civilisation aux sociétés primitives, conception que l'anthropologie contemporaine a ruinée.
- agressivité : pulsion qui pousse l'individu à en agresser un autre ; cette pulsion fondamentale doit être réprimée pour qu'il y ait vie sociale ; elle peut être sublimée par des dérivatifs comme les sports de combat.
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