FREUD : CONQUÉRIR LA NATURE NE SUFFIT PAS AU BONHEUR
FREUD : CONQUÉRIR LA NATURE NE SUFFIT PAS AU BONHEUR
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Aujourd'hui, même si elle reste tout à fait inachevée, la conquête de la nature est largement engagée. Peut-on en déduire que, servis par des techniques toujours plus performantes, les hommes sont réellement plus heureux ? Freud constate qu'il n'en est rien. L'idéal cartésien, s'il garde un sens à ses yeux, doit donc être repensé.
« Il est encore une autre cause de désillusion. Au cours des dernières générations, l’humanité a fait accomplir des progrès extraordinaires aux sciences physiques et naturelles, et à leurs applications techniques ; elle a assuré sa domination sur la nature d’une manière jusqu’ici inconcevable. Les caractères de ces progrès sont si connus que l’énumération en est superflue. Or les hommes sont fiers de ces conquêtes, et à bon droit. Ils croient toutefois constater que cette récente maîtrise de l’espace et du temps, cet asservissement des forces de la nature, cette réalisation d’aspirations millénaires, n’ont aucunement élevé la somme de jouissances qu’ils attendent de la vie. Ils n’ont pas le sentiment d’être pour cela devenus plus heureux. On devrait se contenter de conclure que la domination de la nature n’est pas la seule condition du bonheur, pas plus qu’elle n’est le but unique de l’oeuvre civilisatrice, et non que les progrès de la technique soient dénués de valeur pour “l’économie” de notre bonheur. »
Freud, Malaise dans la civilisation, p. 106-107.
ordre des idées
1) Un constat : depuis l'apparition des sciences expérimentales, l'humanité a progressé de façon prodigieuse sur deux plans : — celui de la connaissance de la nature ; — celui des applications techniques de cette connaissance.
2) Caractères positifs de ces progrès par rapport à l'histoire passée de l'humanité. Ils sont réellement : — exceptionnels ; — d'une nouveauté radicale (inconcevables autrefois) ; — source d'une légitime fierté.
3) A ce constat, Freud oppose un autre constat : le bonheur des hommes ne paraît nullement accru par les puissants moyens de satisfaction que donnent pourtant ces techniques modernes.
4) Conclusions nuancées portant sur la valeur du progrès technique. Celui-ci : — n'implique pas nécessairement le bonheur ; — n'est pas la seule fin que doit viser la civilisation ; — n'est pourtant pas sans valeur dans la quête du bonheur.
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