Databac

FRÉDÉRIC II de Hohenstaufen, duc de Souabe

FRÉDÉRIC II de Hohenstaufen, duc de Souabe. Empereur d'Allemagne. Né le 26 décembre 1194 à Jesi, près d'Ancône, mort le 13 décembre 1250 à Castel Fiorentino, près de Lucera dans les Pouilles. En tant que roi de Sicile et de Jérusalem, et empereur d'Allemagne, il domine un demi-siècle de l'histoire du Moyen Age. Fils d'Henri VI, il perdit son père à l'âge de trois ans, et peu de temps après sa mère, Constance d'Altavilla, héritière du trône de Sicile, qui, avant de mourir, l'avait confié aux soins du pape Innocent III. Après avoir passé le reste de son enfance au château de Castellammare, Frédéric épousa à quinze ans Constance d'Aragon, puis réussit à se faire couronner empereur à Aquisgrana, et sacrer à Rome, le 22 novembre 1220, par Honorius III. Revenu dans son royaume de Sicile, il y instaura un régime fortement centralisé, dont les lois furent rassemblées dans les Constitutions de Melfi. Frédéric privait ainsi les grands féodaux et les cités de leurs privilèges. Quant aux Sarrasins rebelles, il les transféra tous à Lucera, et gagna leur sympathie en adoptant certaines de leurs coutumes, ce qui lui valut d'être traité par ses ennemis de mécréant et d'Antéchrist. Frédéric qui, en souvenir des bons procédés d'Innocent III, avait fait le voeu de combattre les infidèles, fut excommunié par le nouveau pape Grégoire IX parce qu'il n'était pas parti pour la Croisade. Elle eut lieu, cependant, et se termina sans combat par un traité, conclu à prix d'or, avec le sultan (16 décembre 1229) et grâce auquel Frédéric se couronna roi de Jérusalem, titre qu'il tenait déjà de sa seconde femme Yolande, fille du roi Jean Bryenne. Cependant, le libérateur du Saint-Sépulcre affichait un goût des plus vifs pour la culture des Maures et leurs coutumes. Grand ami du sultan, Frédéric avait adopté le faste oriental et, bien qu'il fût sobre et simple de manières, se faisait toujours accompagner d'un harem et d'une multitude d'animaux rares. Frédéric II, à son retour, fit la paix avec le pape, compléta, dans un esprit nettement laïque, l'organisation de son Etat, et fonda l'Université de Naples (1224). Les plus grands esprits, poètes ou savants, fréquentaient sa cour. Frédéric, si jaloux de son autorité, faisait montre en même temps d'une extrême indépendance dans ses jugements, et nul plus que lui n'était sensible aux grands courants de la pensée et à la culture. Nulle science ne lui était étrangère : on le vit même adresser aux étudiants du monde musulman un questionnaire sur des problèmes philosophiques. Musiciens et troubadours recevaient de lui un chaud accueil. Connaissant plusieurs langues, il présida à la traduction de maints traités scientifiques, donna le plus grand essor à l'architecture et à la sculpture. Il était aussi poète, encore que, dans les manuscrits, son nom paraisse seulement en tête de quatre compositions poétiques. Il inspira enfin la fameuse école poétique sicilienne qui, à l'exemple de la Provence, fut la première tentative d'une poésie en langue vulgaire italienne consacrée a la « quaestio de amore ». A cette époque, la cour impériale était devenue, ainsi que Dante l'a écrit dans son Traité de l'éloquence vulgaire , « le centre de la culture poétique en Europe ». Frédéric, toutefois, avait surtout la réputation d'un savant, et l'oeuvre à laquelle il donna tous ses soins est un traité d'ornithologie en latin : De l'Art de la fauconnerie . Le style pompeux auquel recouraient volontiers les fonctionnaires de la chancellerie impériale était bien dans le ton de la politique de Frédéric IL Cependant, il n'exprimait pas la nature véritable de cet homme au poil roux, sans beauté ni prestance, mais dont la volonté était de fer, le talent immense, et qui n'aimait rien tant que la vérité et la précision. L'âpre lutte que mena Frédéric contre l'Eglise se poursuivit sous Grégoire IX et Innocent IV. L'empereur dut faire face également aux cités lombardes révoltées, encourut une fois encore l'excommunication pontificale et, finalement, fut déposé par un concile réuni à Lyon. La conjuration et la trahison gagnèrent jusqu'à sa cour, et il n'échappa que de justesse au poison que voulait lui faire boire son médecin. Très cruel dans la répression, Frédéric, après chacun de ses revers, se releva avec une énergie indomptable jusqu'au jour où une fièvre violente l'emporta, à l'âge de cinquante-six ans. Son corps repose, dans un sarcophage magnifique, à la cathédrale de Palerme.

FRÉDÉRIC II de HOHENSTAUFEN (lesi, 1194-château de Fiorentino, 1250). Roi de Sicile (1197-1250) et empereur (1220-1250). Par sa lutte acharnée contre la papauté, il porta à son paroxysme la lutte du Sacerdoce et de l'Empire. Personnage singulier, sa vaste culture et sa curiosité universelle en font le précurseur des princes de la Renaissance. Petit-fils de Frédéric Ier Barberousse, fils d'Henri VI de Hohenstaufen et de Constance de Sicile, orphelin à 4 ans, il fut élevé par le pape Innocent III qui l'opposa comme candidat au Saint Empire à Otton de Brunswick, définitivement vaincu après Bouvines. Elu roi de Germanie par les princes allemands à Mayence (1212), il profita de la faiblesse politique du pape Honorius III pour se faire couronner empereur (1220) et réunit ainsi, à titre personnel, la Sicile et l'Empire germanique. Avant tout roi de Sicile, s'intéressant peu aux affaires allemandes, Frédéric II souhaita étendre son autorité à l'Italie du Nord, rendant inévitable le conflit avec la papauté et les villes lombardes. Excommunié par Grégoire IX (1227), ayant fait voeu de croisade mais différant sans cesse son départ, Frédéric II entreprit cependant la sixième croisade, négociant à prix d'or avec le sultan d'Égypte la restitution de Jérusalem dont il se fit proclamer roi. Rentré en Italie, il trouva une partie du pays soulevée contre lui et soutenue par le pape mais réussit à restaurer son autorité, obligeant Grégoire IX, vaincu, à signer la paix de San Germano (1230). Après avoir écrasé dans l'Empire la rébellion de son fils Henri (1235), l'empereur, voulant soumettre les villes de la plaine de Padoue, écrasa à Cortenuova (1237) les milices lombardes alliées au pape, ce qui lui valut une nouvelle excommunication (1239). En 1241, il arrêta les cardinaux chargés de le condamner en concile et fut déposé par Innocent IV au concile de Lyon (1245). L'empereur mourut cinq ans plus tard sans avoir rien cédé mais laissant l'Empire et l'Italie en proie à l'anarchie. Durant son règne, il avait fait de la Sicile un État moderne et laïque, brisant les libertés citadines et établissant, par les Constitutions de Melfi (1231), une monarchie absolue. Il organisa une administration centralisée (fondation de l'université de Naples afin de former des agents royaux) et créa des monopoles commerciaux. Très cultivé, parlant plusieurs langues, protecteur des arts et des sciences, il réunissait à sa cour de Païenne, d'un faste tout oriental, savants chrétiens, juifs et arabes. Son indifférence en matière religieuse - ses contemporains le surnommaient l'Antéchrist - ne l'empêcha pas de poursuivre les hérétiques mais l'incita à la tolérance à l'égard des autres religions. Voir Grand Interrègne, Guelfes et Gibelins, Saint Empire romain germanique.

Liens utiles