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FRANÇOIS Ier

Fils de Charles d'Orléans, comte d'Angoulême, et de Louise de Savoie, il naquit à Cognac en 1494. Roi de France à la mort de Louis XII, son cousin (1515), il prit aussitôt la tête d'une armée afin de faire valoir ses droits sur le Milanais dont il s'empara après la victoire de Marignan (1515). Par le traité de Viterbe, il obtint du pape Parme et Plaisance et signa avec lui le concordat de Bologne, en 1516. À la mort de Maximilien Ier (1519), il tenta vainement de se faire élire empereur contre Charles Quint. C'est alors que commença cette longue et fameuse rivalité entre les maisons de France et d'Autriche, laquelle, par ses possessions allemandes, flamandes et espagnoles, encerclait le royaume. Par l'entrevue du camp de Drap d'or, François rechercha inutilement l'alliance avec le roi d'Angleterre. Après la défaite du maréchal de Lautrec à la Bicoque (1522) et la perte du chevalier Bayard (1524), il fut lui-même fait prisonnier à Pavie (1525) malgré la vaillante conduite des Français, ce qui valut à la reine mère cette lettre où le roi, a-t-on dit, écrivit ces mots devenus célèbres: « Tout est perdu, fors l'honneur. » En 1526 fut signé le traité de Madrid par lequel la France renonçait à Naples, Gênes et Milan et cédait la Bourgogne. Libéré, il garda la Bourgogne et reprit la guerre. Après de nouveaux revers il signa la paix de Cambrai, ou paix des Dames (1529). Veuf de Claude de France - la fille de Louis XII -, il épousa en secondes noces Éléonore de Habsbourg, archiduchesse d'Autriche, fille de Philippe Ier d'Espagne (1530). En 1536, allié d'Henri VIII, des princes protestants d'Allemagne et de Soliman II, il reprit les armes contre Charles Quint (entrée en Provence des Impériaux et victoire française de Cérisoles en 1544). Une trêve définitive fut finalement consentie, accordant au duc d'Orléans, le second fils du roi, le Milanais (paix de Crépy, 1544). François Ier attacha à son nom le splendide épanouissement des lettres et des arts que fut la Renaissance française et mérita le surnom de « Père des lettres ». Il fit venir à Paris de grands artistes italiens tels que Léonard de Vinci et Benvenuto Cellini, fonda l'imprimerie nationale et créa le Collège de France. Par le concordat de Bologne, il s'était vu attribuer la nomination des évêques. Il constitua par ailleurs une armée permanente, créa l'état civil et imposa la langue française (au lieu du latin) dans la formulation des actes judiciaires (ordonnance de Villers-Cotterêts, 1539). A sa mort, en 1547, le pouvoir royal renforcé annonçait déjà la future monarchie absolue.


ÉLÉONORE DE HABSBOURG (* Louvain, 1498, † Talavera, 1558): Reine de France, fille de Philippe le Beau, archiduc d'Autriche, roi de Castille, et de Jeanne la Folle, sœur aînée de Charles Quint. Elle épousa en 1519 Manuel Ier le Grand, roi de Portugal, et devint veuve dès 1521. Par une clause des traités de Madrid (1526) et de Cambrai (1529), elle fut remariée en 1530 au roi de France François Ier, scellant ainsi la réconciliation momentanée entre la France et l'Autriche. Vivant en retrait de la cour de France, elle ne donna pas d'enfants à François Ier. Redevenue veuve en 1547, elle se retira dans les Pays-Bas, puis en Espagne.


François Ier (Cognac 1494-Rambouillet 1547) ; roi de France [1515-1547].

« Monarque fertile en caprices » suivant le jugement de L. Febvre, il incarne avec Louis XIV la majesté royale. Fils de Charles de Valois, comte d’Angoulême, et de Louise de Savoie, il a une première chance : celle d’épouser en 1514 Claude de France, la fille de Louis XII. Ce dernier lui abandonne le trône à sa mort en 1515. Il en a une seconde : celle de régner, en une époque d’expansion économique, dans une France riche et peuplée. L’homme a grande prestance, de l’élégance et de la séduction. Il est brave et fougueux, excelle aux sports du jeu de paume et de la chasse. Bien que superficiel, il est intelligent. Brillant causeur, il aime les lettres et les arts : en 1530 il fonde le Collège des lecteurs royaux, appelé plus tard le Collège de France, et introduit la Renaissance italienne dans le royaume. Il attire Léonard de Vinci, Benvenuto Cellini, le Primatice. Grand constructeur, il fait bâtir les châteaux de Chambord, Villers-Cotterêts, Saint-Germain-en-Laye et Madrid (à Neuilly), et fait transformer et décorer ceux de Blois, de Fontainebleau dans l’esprit italien. Homme de plaisir, il aime la galanterie ; il a de nombreuses liaisons dont deux très célèbres : la première avec la comtesse de Chateaubriand de 1516 à 1528 et la seconde avec la duchesse d’Étampes à partir de 1636. Maître du royaume de France, il est au même titre que Louis XII et Henri II l’un des constructeurs de l'État moderne. Il a le souci constant de l’autorité souveraine et veut à l’aide des moyens du temps imposer sa volonté à tous les sujets : il contrôle, autant que faire se peut, le pouvoir des grands, des parlements et des corps intermédiaires. Il domine l’Église grâce au Concordat signé avec la papauté en 1516. En créant une vie de cour, certes dispendieuse mais attractive pour la noblesse, il fait progresser l’absolutisme monarchique. De même, le nombre des agents de l’Etat est multiplié et les autonomies provinciales et municipales sont réduites. Il marque des progrès dans l’unification du royaume en confisquant les biens du connétable de Bourbon (1531) et en imposant le français comme langue nationale par l’édit de Villers-Cotterêts (1539). L’influence de l’érasmisme de sa sœur Marguerite d’Angoulême (ou de Navarre) lui permet d’aborder avec tolérance les divergences religieuses de l’époque. Toutefois l’affaire des Placards (1534) infléchit, contre son gré, sa politique : il marque désormais une plus grande fermeté vis-à-vis des réformateurs, laisse persécuter les Vaudois en 1545 et pendre l’imprimeur humaniste Etienne Dolet pour hérésie et athéisme. Pourtant, en matière de foi, son pragmatisme lui permet d’éviter les pièges de la diversité où tomba le Saint-Empire allemand et de la rigidité orthodoxe qui paralyse l’Espagne. Il a su s’entourer de conseillers, qui au début furent d’excellente qualité : Bonnivet, Chabot, Anne de Montmorency et surtout sa mère, Louise de Savoie, qui a une grande influence jusqu’à sa mort en 1531. Ils compensaient son manque d’obstination et son inaptitude à décider vite. Si l’on cherche le fil conducteur de son règne, c’est à coup sûr dans son désir de reconquérir le Milanais et de contrôler la péninsule italienne qu’on le trouve. En effet, dès le début du règne il prend en charge le mirage italien, qui avait ensorcelé ses prédécesseurs : la victoire de Marignan en 1515 lui ouvre la route du Milanais et l’alliance perpétuelle avec les Suisses. Sa rivalité avec Charles Ier d’Espagne s’accroît avec l’accession de ce dernier, sous le nom de Charles Quint, au trône impérial en 1519, grâce à l’argent des Fug-ger. Les péripéties du conflit sont nombreuses : F. essaie d’abord avec un luxe débordant d’obtenir l’alliance anglaise lors de l’entrevue du camp du Drap d’or en 1520. En vain. Il veut ensuite faire parler les armes. Mais la défection du connétable de Bourbon l’affaiblit et la défaite de La Bicoque, où périt Bayard, lui vaut la perte du Milanais. Les Impériaux envahissent la Provence puis se retirent devant la résistance de Marseille. En revanche la contre-attaque française est un échec. Le roi est défait à Pavie en 1525 et emprisonné à Madrid, où il signe un malencontreux traité dans lequel il abandonne sa suzeraineté sur la Flandre, ses prétentions sur le Milanais et Naples, et cède la Bourgogne. Il est libéré en mars 1526, rentre en France et n’applique pas le traité. Mais il reprend la guerre après avoir mis sur pied la ligue de Cognac en compagnie du pape Clément VII, de Ludovic Sforza et de Venise. Une nouvelle campagne en Italie ne donne aucun résultat et une paix de compromis est signée, la paix des Dames du 3 août 1529 : F. renonce à l’Italie et Charles Quint à la Bourgogne. Puis il se lance dans une politique de nouvelles alliances : au grand scandale de l’Europe catholique, il s’unit aux princes protestants allemands en 1531 et avec les Turcs par les capitulations de 1536. La même année la guerre reprend. Une escadre franco-turque s’empare de Nice en 1543 et la France remporte la victoire de Cérisoles en 1544. Cependant, au traité de Crépy-en-Laonnois de 1544, le monarque abandonne la Savoie et la suzeraineté sur l’Artois et la Flandre. Beaucoup d’argent et de vies humaines ont été perdus pour des objectifs irréalistes, alors que Calais est toujours anglaise et Arras aux Habsbourg ! L’Italie absorbait entièrement F. Pourtant il n’a pas été indifférent à l’expansion maritime : la ville du Havre est créée en 1517, Verrazano reconnaît les rives de l’Amérique du Nord et Jacques Cartier parvient aux bouches du Saint-Laurent en 1535. Au total, ce règne fait de bruits et de passions écrivit sa page la plus glorieuse grâce à la politique du mécénat.

Bibliographie : J. Jacquart, François Ier, 1981.




FRANÇOIS Ier

(Cognac, 1494-Rambouil-let, 1547). Roi de France (1515-1547). Son long règne marqua profondément le XVIe siècle français. Grand prince de la Renaissance, protecteur des lettres et des arts, François Ier échoua face aux Habsbourg dans les guerres d'Italie, mais donna une impulsion décisive à l'exercice de la monarchie absolue. Fils de Charles d'Orléans, comte d'Angoulême, et de Louise de Savoie, il succéda en 1515 à son cousin Louis XII dont il avait épousé la fille, Claude de France (1514). Il poursuivit l'aventure italienne, léguée par ses prédécesseurs Charles VIII et Louis XII, la victoire de Marignan (1515) le rendant maître du Milanais et entraînant une alliance perpétuelle avec les Suisses. Il sous-estima cependant, et pendant longtemps, la puissance de son rival Charles Quint, considérablement enrichi par l'afflux des métaux précieux d'Amérique. Dès 1519, les crédits des Fugger et des banquiers italiens et espagnols, garantis par les richesses du Nouveau Monde, contribuèrent à l'élection de Charles Quint à la tête du Saint Empire romain germanique - ce qui faisait peser une lourde menace d'encerclement sur la France -, mais aussi à financer les desseins politiques de l'empereur. Face à la menace impériale, François Ier tenta sans succès l'alliance avec l'Angleterre (camp du Drap d'or, 1520) et après la défection du connétable de Bourbon, puis la défaite de La Bicoque (1522), le Milanais fut perdu (1523). L'humiliant échec de Pavie (1525), où le roi fut fait prisonnier, suivi du désastreux traité de Madrid en 1526 (la France perdait le quart de son territoire) aussitôt violé par François Ier libéré, relança la guerre. La pause marquée par la paix de Cambrai (ou paix des Dames, 1529) ne fut qu'un compromis, et François Ier, ayant pris la mesure de son adversaire, chercha l'alliance des princes protestants allemands, et celle des Turcs de Soliman le Magnifique, au grand scandale de la Chrétienté. Les hostilités qui suivirent, confuses et sans gloire, aboutirent au traité de Crépy-en-Laonnois (1544), qui mettait en place un fragile équilibre européen, l'Espagne restant virtuellement très dangereuse. À l'intérieur, François Ier rencontra davantage de succès. L'absolutisme connut un progrès incontestable par le renforcement de la centralisation administrative, le développement de la vie de cour - c'est François Ier qui forgea la formule « Car tel est notre plaisir » et l'expression imposée de « Sa Majesté », ainsi que l'assujettissement de l'épiscopat français (concordat de Bologne, 1516). Sous son règne, les lettres et les arts furent fortement encouragés. François Ier fonda le futur Collège de France, protégea humanistes, poètes et musiciens (Budé, Ronsard, Marot) et attira en France de grands artistes italiens (comme Léonard de Vinci, Cellini, le Primatice) et l'école de Fontainebleau connut un grand prestige. Seuls les problèmes financiers et religieux ne furent pas réglés. Aucun système fiscal cohérent ne fut mis en place et, face aux protestants, le roi adopta d'abord la tolérance - sous l'influence de sa soeur Marguerite de Navarre -puis une répression cruelle après l'affaire des Placards (1534).

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