Fort-Da
Fort-Da
Couple d’expressions que Freud isole dans le jeu d’un enfant marquant une symbolisation primordiale dans l’histoire du sujet, et qui introduit à la notion de pulsion de mort. Freud relate cette observation dans Au-delà du principe de plaisir, il s’agit du jeu auquel se livre un enfant lors des absences de sa mère. Ce jeu consistait à envoyer au loin une bobine attachée à une ficelle, accompagné d’un o-o-o-o sonore, ce qui de l’avis de la mère et de l’observateur signifiait fort (qui veut dire parti). Il faisait ensuite revenir la bobine en tirant la ficelle et criait à ce moment-là: da (qui veut dire voilà). Le jeu complet donc consiste en la disparition et le retour de l'objet associés à un couple de signifiants, ce qui constitue une paire minimale signifiante. Or, ce petit garçon était très attaché à sa mère mais ne pleurait pas lorsqu’elle s’absentait. Le jeu témoigne pour Freud d’un renoncement pulsionnel de la part de l’enfant permettant le départ de la mère sans qu’il y ait l’expression d’une souffrance. Il met à la place en scène ce jeu qu’on peut qualifier de jeu disparition-retour. À ce moment-là, Freud se pose la question de la répétition: comment la répétition peut-elle concerner un jeu qui n’est pas l’objet d’un plaisir mais d’un déplaisir? Comment concilier cela avec le principe de plaisir ? Il y a, dit Freud, dans ce jeu pour l’enfant un gain de plaisir d’une autre sorte. Car, dit-il, «les impressions les plus douloureuses [...] peuvent mener à un haut degré de jouissance». Ce jeu introduit quelque chose d’essentiel qui est une symbolisation primordiale, celle des allers et venues, des absences/présences de la mère. Le langage la permet : il s’agit de lier des excitations pulsionnelles à partir de l’activité verbale, c’est-à-dire du processus secondaire. Cet accès au langage, afin de maîtriser une perte, est un moment essentiel car cette perte a directement à voir avec la Chose. Lacan fera de nombreux commentaires du jeu du fort-da et lui donnera une place particulière, en soulignant que la bobine doit être comprise comme quelque chose qui se détache du sujet tout en étant encore à lui et qu’il qualifie d’objet a.
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