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FORMALISME

FORMALISME. n. m. (à partir de formel, voir plus loin).
1° Attitude générale qui consiste à s'attacher scrupuleusement aux formalités, aux aspects officiels des choses. Cette attitude se manifeste dans le domaine juridique par un respect sourcilleux des règles et des conventions. Elle se retrouve aussi dans l'attachement excessif aux formes extérieures de la politesse, de l'étiquette, des usages cérémonieux. Devant tout manquement, la personne «formaliste» se sent choquée, elle «se formalise» (voir ci-dessus).
2° Dans le domaine littéraire et artistique, tendance à privilégier avant tout la forme des oeuvres, leur aspect purement esthétique, au détriment du contenu, des idées, des thèmes. Tendance qui peut aussi bien concerner les créateurs que les critiques.
En particulier, on donne le nom de Formalisme à une école de critique littéraire russe du début du XX° siècle (Moscou, Leningrad, Prague) qui met l'accent sur les aspects proprement formels de toute oeuvre, insiste sur l'autonomie de l'art, et tente d'analyser les lois esthétiques (structurelles, formelles) qui régissent la spécificité des oeuvres (par exemple : les structures narratives du conte). Les formalistes réagissent contre la tendance à expliquer les oeuvres par des éléments selon eux extra-littéraires (la biographie, le contexte socio-historique, les idées ou intentions de l'auteur). Les théoriciens formalistes seront à l'origine de la linguistique moderne et du structuralisme.

Formalisme
Dans le cadre de la philosophie morale de Kant, le formalisme est tout à la fois une caractéristique de cette morale et l'un des principaux reproches qui lui ont été adressés. Le formalisme a en effet un sens fondamental dans la conception kantienne de la morale : il s'agit de distinguer la matière de la forme d'un acte. Ce n'est pas la matière de l'acte (le contenu de l'action) qui permet de le qualifier moralement, mais sa forme, qui doit être celle de l'universalisation (l'une des formules de l'impératif catégorique). Ainsi, « mentir » est immoral parce que la forme de l'acte ne peut pas être universalisée (il faudrait en ce cas accepter que tout le monde puisse mentir en toutes circonstances). Certaines réactions critiques contre cette approche kantienne de la morale ont en revanche considéré que l'impératif catégorique était inapplicable, ou applicable au prix de conséquences inacceptables (cette dernière objection étant « conséquentialiste »), ou encore que la pureté d'intention désignée par Kant comme idéal régulateur de l'acte moral était chimérique. Une formule de Péguy, aussi percutante que simplificatrice, résuma cette objection de formalisme, c'est-à-dire d'abstraction impraticable, à l'égard de la morale kantienne : « Les kantiens ont les mains pures, mais ils n'ont pas de mains. »

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