Databac

Focalisation

Focalisation Terme correspondant au « point de vue » et permettant de préciser la façon dont les faits évoqués dans une œuvre littéraire sont perçus et présentés. • Focalisation interne : les événements sont rapportés du point de vue d’un personnage. Nous n’en savons donc pas plus que ce que dit ou pense ce personnage-narrateur. Exemple : L’Étranger de Camus. • Focalisation externe : le narrateur se met dans la situation d’un témoin. Il se contente de décrire des comportements (voir « béhaviorisme »). • Focalisation zéro (ou récit « non focalisé ») : le narrateur est comme une sorte de divinité qui sait tout sur l’ensemble des personnages et sur ce qui se passe dans leur esprit (Balzac, Mauriac). La focalisation interne peut concerner plusieurs personnages dont les points de vue sont juxtaposés (dans La Plaisanterie de Kundera, par exemple). Par ailleurs, ces différents types de focalisation peuvent se trouver mêlés à l’intérieur d’une même œuvre.

focalisation/focalisateur
Angle de vue adopté par Fauteur d'un roman (le focalisateur) dans la mise en scène des personnages et du décor.
Commentaire
La focalisation ne s'applique que pour désigner le regard du narrateur (ou de l'auteur) sur une scène ou un personnage. Lorsqu'une scène est décrite ou racontée à travers le regard d'un personnage, le narrateur n'en reste pas moins l'arbitre de ce qui est présenté au lecteur. On ne parlera donc pas d'un « personnage focalisateur » ou d'un « personnage focalisé ».
Citation
Pour moi, il n'y a pas de personnage focalisant ou focalisé : focalisé ne peut s'appliquer qu'au récit lui-même, et focalisateur, s'il s'appliquait à quelqu’un, ce ne pourrait être qu’à, celui qui focalise le récit, c'est-à-dire le narrateur — ou, si l'on veut sortir des conventions de la fiction, l'auteur lui-même, qui délègue (ou non) au narrateur son pouvoir de focaliser, ou non. Par focalisation, j'entends donc bien une restriction de « champ », c'est-à-dire en fait une sélection de l'information narrative par rapport à ce que la tradition nommait l'omniscience, terme qui, en fiction pure, est, littéralement, absurde (l'auteur n'a rien à « savoir », puisqu'il invente tout) et qu'il vaudrait mieux remplacer par information complète — muni de quoi, c'est le lecteur qui devient « omniscient ». L'instrument de cette (éventuelle) sélection est un foyer situé, c'est-à-dire une sorte de goulot d'information, qui n'en laisse passer que ce qu'autorise sa situation. (Gérard Genette, Nouveau Discours au récit.)

FOCALISATION D’ATTENTION. Nos études électro-encéphalo-graphiques (1961-1965) sur les états de conscience de veille et les niveaux de vigilance effectuées au laboratoire de psychophysiologie de la faculté des sciences de Paris, ont montré que chez les types dits réactifs le rythme alpha (voir vigilance) correspondait soit à un état de relaxation sans contenu manifeste de la conscience, soit à un état de détente psychosensorielle avec surgissement spontané d’images mentales, soit encore à ce même surgissement succédant à une décentration comme dans les états dits d’isolement sensoriel. Par ailleurs il était prouvé que la réaction d’arrêt (dite encore blocage de l’alpha) apparaissait sur le tracé E.E.G., soit dans le cas de stimuli externes (ouvertures des yeux), soit dans le cas de stimuli internes (calcul mental par exemple). La différence des deux tracés ne provient donc pas du fait qu’il existe ou non une activité psychique puisqu’une activité très riche comme l’imagerie mentale peut s’accompagner d’un tracé E.E.G alpha, lorsqu’une autre activité telle que le calcul mental peut bloquer ce rythme alpha au bénéfice d’une réaction d’arrêt. De même que le calcul mental peut s’accompagner de rythme alpha dans le cas où le sujet opère ce calcul avec aisance, sans effort, et dans le cas où, ne pouvant effectuer ce calcul, il accepte l’échec sans éprouver d’émotion, de même l’imagerie mentale peut s’accompagner de réaction d’arrêt dans le cas où le sujet focalise sur elle son attention. Cette focalisation rend certes l’imagerie mentale plus cohérente, mieux organisée, mais au détriment de sa qualité affective et de l’efficacité cathartique requise dans une perspective thérapeutique. L’imagerie mentale de l’onirothérapie d’intégration, analogue (de par sa mise en condition) à l’imagerie mentale des états dits d’isolement sensoriel, est par là donc plus efficace que celle provoquée par des techniques où les inductions fréquentes et directives de l’opérateur bloquent le rythme alpha. Ce qui différencie ces deux activités mentales est ce que nous avons nommé focalisation d'attention, absente dans le surgissement spontané d’images mentales et nécessaire dans le cas d’un calcul mental suffisamment complexe pour le sujet. La focalisation d’attention serait ainsi le critère psychologique permettant de différencier les états E.E.G. subvigile et vigile, cette focalisation de l’attention (sur le monde extérieur comme sur le monde intérieur) déclenchant le passage du rythme alpha à la réaction d’arrêt. A l’état de veille nous avons donc appelé vigilance focale ou vigilance d'alerte, toute vigilance présentant une focalisation d’attention (réaction d’arrêt) chez le sujet (de type réactif) ayant les yeux ouverts ou fermés. La vigilance diffuse, par contre, pourra, selon les cas, s’accompagner soit de rythme alpha chez les sujets ayant les yeux fermés (état non d’attention mais d’attente ou images spontanées dont le déroulement est laissé libre par la conscience du sujet), soit de réaction d’arrêt chez les sujets demeurant les yeux ouverts, mais dont la conscience est pour ainsi dire flottante, passive aux diverses sollicitations du monde extérieur. Ce dernier état peut pourtant, dans certains cas, conduire au rythme alpha. Tout ceci ne concerne que les niveaux subvigile et vigile. Mais il convient de souligner le fait qu’un état d’émotion très intense ou encore l’état psychologique d’un sujet sous dysleptique se traduit aussi en E.E.G. par une réaction d’arrêt. L’état de perturbation de la fonction de conscience est donc, dans ce cas, à l’opposé de la focalisation d’attention. Ce qui oblige à définir par un autre mot ce niveau : c’est ce que nous avons nommé niveau hypervigile. (Voir tableau des niveaux au mot : Vigilance.) De même que l’entraînement par rythme alpha artificiel peut faciliter l’installation d’un rythme alpha naturel (voir Alphagénie), de même l’entraînement par induction d’une < réaction d’arrêt > artificielle, en volées séparées par des silences, semble permettre l’installation plus rapide d’un état de vigilance d’alerte. Cela pourrait peut être trouver une application pratique dans tous les cas où la vigilance devant être exceptionnellement prolongée serait de nécessité vitale (pilotes, aiguilleurs du rail ou du ciel), un contrôle de détecteur E.E.G. déclenchant l’envoi de rythmes rapides en cas de baisse de niveau de vigilance du sujet. Il résulte de telles approches que l’E.E.G. n’est (actuellement du moins) pas en mesure de permettre une définition précise des niveaux objectifs de vigilance en fonction des états de conscience. La polygraphie, avec l’intervention de la R.E.D. (Réponse électro-dermale) et des mouvements oculaires, apporte sans doute déjà une importante contribution à la psychophysiologie de la veille et du sommeil et mérite d’être poursuivie. Mais de telles études objectives ne pourront jamais donner une équivalence de l’introspection pour une appréhension claire des états de conscience qui sous-tendent, dérivent ou accompagnent les manifestations physiologiques périphériques. Il faut en tout cas insister sur le fait, en ce qui concerne la psychothérapie par l’utilisation de l’onirisme de veille (imagerie mentale) et par la connaissance de l’onirisme du sommeil (rêve hypnique), que ce n’est pas tant la nature apparente du contenu de la conscience qui se transcrit par tel ou tel rythme de l’E.E.G., mais la qualité de l’affect qui accompagne cette activité. L’imagerie mentale, par exemple, peut se situer à l’un quelconque des trois niveaux subvigile, vigile ou hypervigile. Ce qu’il était important de constater était qu’une activité mentale intense permanente pouvait non seulement se situer au niveau vigile mais aussi au niveau subvigile transcrit par le rythme alpha. Tel est en effet le cas de l’imagerie mentale et il semble bien que ce niveau alpha soit spécifique de sa meilleure qualité affective, donc de son efficacité, si l’on excepte les phases d’abréactions fortes (niveau hypervigile) qu’elle paraît faciliter. (Voir : Alphaxator, Décentration, Isolement sensoriel.)

FOCALISATION nom fém. - Point de vue où se situe celui qui évoque des événements ou leur contexte dans une œuvre de fiction. Les événements peuvent être rapportés du point de vue de l’un des personnages, le lecteur étant au courant dès le début ou ne l’apprenant qu’à la fin. Ils peuvent être perçus par un témoin qui reste extérieur à l’action ou encore du point de vue d’un dieu omniscient. Différents points de vue peuvent être combinés. A la suite de la critique anglo-saxonne et de Genette, on distingue : - la focalisation zéro (récit non focalisé). Le narrateur en sait plus que n’en sait aucun des personnages ; - la focalisation interne. Le narrateur se met dans la peau d’un personnage et n’en sait donc pas plus que lui ; - la focalisation externe. Le narrateur est dans la situation d’un témoin, et donc extérieur à l’action. Il en sait, de ce fait, moins que le ou les personnages. —► Point de vue — Réalisme — Regard (École du) - Récit