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fleuri

Ce terme particulièrement imagé désigne une sorte de style, presque toujours dans l’expression (le) style fleuri. Historiquement, on le sait, Quintilien pose l’équivalence, a priori surprenante, entre le style fleuri et le style moyen. On se retrouve alors en pleine question de la hiérarchie des styles selon les niveaux et les genres. Quintilien justifie cette équivalence en précisant que le style moyen est celui qui le plus simplement plaît, grâce à la douce mollesse de son charme conventionnel et modéré, d’où l’idée de la désignation de ce charme par l’évocation de la gentillesse florale. Cette équivalence semble d’ailleurs posée sur la nomenclature du vocabulaire grec. Il est sûr, d’autre part, que les fleurs dont il s’agit sont essentiellement les figures, surtout les microstructurales, et particulièrement les comparaisons et les tropes métaphore-métonymie. Si l’on étend la considération à d’autres déterminations, soit aux autres catégories de figures, soit à l’ensemble des faits de l’élocution et de la composition, on notera que l’on veut parler de l’ensemble des ornements. Il faut donc qu’il y ait des ornements, pour que le style soit fleuri, sans quoi il est sec (ce qui est un vice) ; mais il n’en faut point trop, car on tombe alors dans l’autre vice, l’enflure. L’excès d’ornements rend ceux-ci incommodes, artificiels; quelques-uns même peuvent être tirés de trop loin, mal à propos ou spécieux : on a alors le vice de l’affectation. Dans le courant de la tradition, le terme reste assez neutre. Aux âges classiques, on parle aussi de discours fleuri, c’est-à-dire rempli de fleurs de rhétorique, ou de fleurs d’éloquence, des fleurs de bien dire; ces derniers mots sont communément glosés par les ornements, les embellissements du discours. Un discours doit donc être fleuri, avec toutes les précautions et les modérations que l’on vient d’évoquer, pour être digne du caractère oratoire. Ce qui implique inévitablement que l’on ne saurait admettre qu’un texte à prétention littéraire ne le fût point. Et c’est là qu’il peut se produire un effet de bascule. Le style fleuri s’identifie à une sorte de perfection douce de l’art verbal, à l’intérieur d’un certain univers culturel (ce qui est absolument rhétorique), en fonction d’un code. Une esthétique différente peut se faire jour, qui se déploie en dehors de ce code, voire contre ce code. À partir de là, le style fleuri peut prendre une marque rhétorique péjorative, et représenter le type même de ce que l’on ne veut plus faire. Et c’est sans doute par ce cheminement de la valeur de suranné ressenti à l’égard de cet univers de culture et d’écriture que l’on en est peu à peu arrivé à une sorte de déclassement de ce jardin.

=> Éloquence, oratoire, orateur; style, niveau, genre; élocution, composition ; figure, microstructurale, macrostructurale, comparaison, trope, métaphore, métonymie; ornements; dignité, convenance; moyen; qualités, vices, affecté, enflure, sécheresse; plaire; imitation.

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