FLETCHER Francis. Chroniqueur anglais

FLETCHER Francis. Chroniqueur anglais de la fin du XVIe siècle, chapelain et historiographe de Francis Drake lors de son voyage autour du monde (1577-1580). Lors-que, après un premier voyage qui l'avait mené sur la côte du Pacifique, par l'isthme de Panama, Drake proposa à la reine Elizabeth une expédition au-delà du détroit que Magellan venait de découvrir, elle voulut bien lui accorder son appui, mais sous condition que le but du voyage resterait secret. Aussi l'équipage fut-il recruté pour une fausse destination : Alexandrie. Pour les cinq navires qui quittèrent Plymouth à l'automne 1577, il n'y avait guère que 150 marins, plus une vingtaine de gentilshommes. Francis Fletcher fut choisi comme aumônier, mais il n'eut pas la tâche facile, car le grand capitaine se considérait aussi comme maître spirituel de l'entreprise, réunissant quotidiennement son équipage pour leur lire quelques versets de la Bible. Après la prise de Valparaiso en décembre, l'expédition s'aventura dans le Pacifique et croisa, à l'automne 1579, dans l'archipel des Philippines à la recherche de la « route des Portugais » (le détroit de Macassar) lorsqu'un soir, la Biche d'or donna sur un bas-fond. La nuit se passa en prières et Fletcher, croyant leur dernière heure arrivée, se rattrapa dans son sermon et fustigea les péchés de tous pour les préparer, par la contrition, à une bonne mort. Mais il alla trop loin, et se permit de dures remontrances à l'adresse de Drake qui, lorsque le navire, délesté, reprit la mer, entra dans une grande colère contre ce chapelain « qui n'avait rien compris aux voies du Seigneur ». Ayant réuni tous les équipages, il prononça l'excommunication du pauvre Fletcher et le fit attacher au pont par la cheville. Il ne lui rendit la liberté qu'après lui avoir mis un brassard où on lisait « Francis Fletcher, le plus perfide coquin du monde ». Celui-ci ne lui en tint pas longtemps rigueur, et lorsque le 26 septembre 1580, il revit le port de Plymouth, près de trois ans après son départ, bouclant la boucle autour du globe, c'est l'admiration qui l'emporta pour le capitaine qu'il allait glorifier dans la chronique des événements et des merveilles qu'il avait pu noter dans tant de pays. Ce récit traduit par François de Louvencourt, sieur de Vau-chelles, parut en 1628 sous le titre : Le Voyage de l'illustre seigneur et chevalier François Drach. Admiral d'Angleterre, à l'entour du monde .