Feyerabend

Feyerabend

(Paul, né en 1924.) Épistémologue d'origine autrichienne, professeur à Berkeley. C'est dans son Contre la méthode (1975) qu’il expose une théorie anarchiste de la connaissance, en réaction contre l'épistémologie dominante et le caractère hégémonique du savoir scientifique. Il montre d’abord, à l'instar de Kuhn, que le développement scientifique se fait par de brusques changements qualitatifs, ou passages d'un paradigme à l'autre (il y a par exemple une rupture totale entre le géocentrisme et l’héliocentrisme) : puisque le premier paradigme a pour lui le poids de la tradition, sinon des évidences (selon la perception, la terre ne se déplace évidemment pas I), le second ne peut s'imposer que si le scientifique qui le promeut use de toutes les ruses intellectuelles possibles. À l'encontre des auteurs pour lesquels l'observation des faits est première et autonome, Feyerabend admet, avec Popper, que les faits sont programmés ou sélectionnés en fonction des théories qu'ils doivent illustrer (il peut même arriver que des faits nouveaux surgissent à partir de théories inacceptables). Mais contrairement à Popper, il refuse que la falsifiabilité caractérise la théorie scientifique, qui, loin de devoir être confirmée par des faits, a simplement pour tâche de réfuter d'autres théories. Feyerabend souligne encore fortement l’intervention de facteurs subjectifs dans la genèse du savoir : pour sauver une théorie, il arrive qu'on refuse certains faits ; et derrière chaque élaboration scientifique on décèle des présupposés d’ordre métaphysique, esthétique ou religieux. L'épistémologie ne peut en conséquence plus être normative : qu’elle analyse simplement la réalité complexe du travail scientifique, intégré dans un idéal d'objectivité rationnelle sans doute caractéristique du monde occidental, mais qui se déploie au détriment d'une diversité culturelle bénéfique. Dans cette optique, pourquoi ne pas s'intéresser aussi aux pseudo-sciences comme l'astrologie ?